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L'Arabie saoudite « bloque la voie d’Allah » pour les pèlerins iraniens, selon Téhéran

Les responsables iraniens accusent l'Arabie saoudite de créer des « obstacles » à la participation iranienne au Hadj de cette année
Autour de son cercueil, les membres de sa famille pleurent l'ancien ambassadeur d'Iran au Liban, Ghazanfar Roknabadi, tué l’année dernière lors de la bousculade à la Mecque qui a fait plus de 2000 morts (AFP)
Par MEE

L'Iran a affirmé dimanche que ses pèlerins ne vont pas participer au pèlerinage cette année parce que l'Arabie Saoudite, dépositaire des sites les plus sacrés de l'islam, crée des difficultés à ses fidèles et « bloque la voie d’Allah ».

L’organisation iranienne du Hadj a déclaré : « L'Arabie saoudite s’oppose au droit absolu des Iraniens à faire le pèlerinage à la Mecque et elle bloque le sentier d’Allah. »

L’organisation a accusé les Saoudiens de ne pas avoir répondu aux exigences iraniennes quant à « la sécurité et le respect à La Mecque » de ses pèlerins ; dont 60 000 ont participé au Hadj l'an dernier.

Une bousculade lors du Hadj en septembre dernier a provoqué la mort de 2 300 pèlerins étrangers, dont 464 Iraniens. L’Iran accuse les organisateurs saoudiens d’être responsables de ces morts.

Un récent différend a opposé Téhéran et Riyad, rivaux régionaux : « après deux séries de négociations qui ont échoué à cause des obstacles posés par les Saoudiens, les pèlerins iraniens ne seront malheureusement pas en mesure de prendre part au Hadj » a déploré en septembre le ministre iranien de la Culture, Ali Jannati.

Les responsables saoudiens ont déclaré qu’une délégation iranienne avait conclu une visite au royaume vendredi dernier sans parvenir à un accord définitif sur les dispositions concernant les pèlerins de la république islamique.

Le ministère saoudien du Hadj a assuré avoir offert « plein de solutions » pour répondre aux nombreuses exigences formulées par les Iraniens lors des deux jours de pourparlers.

Un accord avait été atteint dans certains domaines, notamment le recours aux visas électroniques, que les pèlerins iraniens pourraient ensuite imprimer, puisque les missions diplomatiques saoudiennes restent fermées en Iran, a-t-il rappelé.

Ce serait la première fois en près de 30 ans que le Hadj se déroulerait sans la participation de pèlerins en provenance d'Iran.

Les relations Riyad-Téhéran avaient été rompues pendant quatre ans, suite à la mort de 400 personnes à la Mecque en 1987,  lors d'affrontements entre pèlerins iraniens et forces de sécurité saoudiennes.

En janvier, les relations ont été à nouveau suspendues, après l’incendie de l'ambassade d'Arabie Saoudite et d’un consulat par des manifestants iraniens, suite à l'exécution par le royaume d'un religieux chiite de premier plan.

L'Iran et l'Arabie Saoudite sont en désaccord sur une série de questions régionales, notamment les conflits en Syrie et au Yémen, où ils soutiennent des camps opposés.

« Sabotage » du Hadj

Début mai, l'Iran avait accusé son rival régional de chercher à « saboter » le Hadj, l'un des piliers de l'islam, que tout musulman pieux doit effectuer au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens.

Téhéran accuse Riyad d’avoir insisté pour que les visas pour les Iraniens soient émis dans un pays tiers et d’interdire aux pèlerins d’emprunter des avions iraniens.

Mais le ministère saoudien du Hadj a déclaré vendredi que Riyad avait accepté d'autoriser les Iraniens à obtenir leurs visas par l'intermédiaire de l’ambassade de Suisse à Téhéran, car elle s’occupe des intérêts saoudiens depuis la rupture des relations en janvier.

Riyad a également accepté de permettre à certains transporteurs iraniens d’acheminer des pèlerins dans le royaume, en dépit d'une interdiction imposée aux compagnies aériennes iraniennes, suite à la crise diplomatique entre les deux pays, a insisté le ministère.

Les discussions de la semaine dernière constituaient la deuxième tentative de parvenir à un accord entre les deux pays quant à l'organisation du pèlerinage pour les Iraniens, suite à une première série de rencontres infructueuses, organisées en avril en Arabie Saoudite.

Le ministère saoudien avait à l’époque prévenu l’Organisation iranienne du Hadj qu’elle serait tenue responsable « devant Dieu et le peuple d’avoir mis ses pèlerins dans l'impossibilité d’accomplir le Hadj cette année ».

Une autre question controversée porte sur la sécurité, suite à une bousculade pendant le Hadj de septembre dernier, où trouvèrent la mort environ 2 300 pèlerins étrangers, dont 464 Iraniens.

Traduit de l’anglais (original) par Dominique Macabies.

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