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L’enquête sur le vol EgyptAir va se concentrer sur la théorie d’un « engin explosif »

Des spécialistes des crash aériens établissent des parallèles avec l’attentat de Lockerbie et expliquent que la sécurité de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle devrait également être examinée
Photo d’archive d’un Airbus A 320-200 de la compagnie EgyptAir, semblable à celui qui a disparu des écrans radar entre Paris et Le Caire le 19 mai 2016 (AFP)

Des spécialistes des crashs aériens ont expliqué à Middle East Eye jeudi que les enquêtes initiales sur la disparition du vol MS804 d’EgyptAir se concentreront probablement sur la possibilité d’un engin explosif placé à bord ; la sécurité de l’aéroport Charles de Gaulle de Paris sera également certainement passée au crible.

Selon deux experts, les enquêteurs chercheront à déterminer si l’Airbus A320 aurait été déstabilisé par un engin explosif.

Le vol EgyptAir de Paris au Caire est porté disparu et se serait écrasé en Méditerranée après avoir disparu dans la nuit, ont déclaré jeudi des responsables égyptiens.

Phil Giles, un ancien enquêteur auprès de l’Air Accidents Investigation Branch (équivalent britannique du Bureau d'Enquêtes et d'Analyses (BEA) pour la Sécurité de l'Aviation civile), a déclaré que « les avions modernes ne se désagrègent pas comme ça dans le ciel » et que l’Airbus A320 avait un « très bon bilan en matière de sécurité et volait par temps clair ».

Selon lui, « c’est un vrai mystère, mais il semble à ce stade qu’il pourrait y avoir eu une sorte de dispositif, soit placé dans l’avion plus tôt dans un autre aéroport, comme pour Lockerbie, soit placé à bord de l’avion à Paris, bien que la sécurité y soit déjà très stricte. Il se peut que l’accent soit mis sur le personnel aérien, dans les heures et les jours à venir. »

Il a ajouté que l’avion semblait s’être écrasé dans une « zone très fréquentée de l’espace aérien » située dans l’est de la Méditerranée, où il existe une forte couverture radar civile et militaire.

Dans un communiqué, Airbus a déclaré que l’appareil impliqué, immatriculé SU-GCC, était un avion relativement moderne qui a été livré à la compagnie aérienne en novembre 2003 et avait accumulé 48 000 heures de vol. Les rapports météorologiques montrent qu’il n’y avait pas eu de tempêtes ou de conditions météorologiques dangereuses dans la zone déclarée de l’accident.

Tony Cable, un ancien expert en accidents aériens qui a enquêté sur la catastrophe aérienne de Lockerbie en 1988, a confié à Middle East Eye : « Comme toutes les enquêtes, les autorités égyptiennes et internationales vont commencer avec les informations dont elles disposent, et pour l’instant, il s’agit principalement des données radar et des messages de l’appareil. »

Il a ajouté que les enquêteurs se concentreront sur ce qu’on appelle les « sources radar primaires et secondaires » pour tenter de découvrir si l’avion a explosé dans les airs, ce qui pourrait suggérer une défaillance technique catastrophique ou une explosion. De même, il « ne serait pas surpris » si les enquêteurs se concentraient sur l’aéroport Charles de Gaulle, d’où est parti l’avion.

La sécurité de l’aéroport était déjà renforcée, mais avait été resserrée encore davantage ces derniers mois après les attaques du groupe État islamique (EI) en novembre à Paris.

Les soldats patrouillent toujours dans de nombreux aéroports français, mais l’attention se concentrera sans aucun doute maintenant sur l’efficacité des mesures de sécurité et de détection plus discrètes. La sécurité a encore été renforcée en mars à la suite d’attaques revendiquées par l’EI en Belgique et 40 agents de police supplémentaires ont été déployés à Charles de Gaulle.

Ces derniers mois, les analystes de sécurité ont constaté qu’une grande partie du personnel au sol des aéroports de Paris vient de zones à forte immigration dans les banlieues. L’an dernier, plus de 60 membres du personnel au sol ont vu leur autorisation de sécurité retirée en raison de craintes de radicalisation après un passage en revue de plus de 86 000 membres du personnel de l’aéroport.

L’incident de ce jeudi intervient sept mois après qu’un engin explosif a causé le crash d’un avion russe sur la péninsule du Sinaï en Égypte dans une attaque revendiquée par l’EI.

Au lendemain de cette catastrophe, le groupe militant avait déclaré qu’il continuerait à cibler l’État égyptien et les occidentaux en visite, mais le ministre de l’Aviation civile égyptienne Sherif Fathy a demandé au public de ne pas « tirer de conclusions prématurées » concernant la cause de la disparition du vol d’Egyptair.

S’exprimant sur la chaîne de télévision officielle égyptienne, Channel One TV, Fathy a déclaré : « Jusqu’à présent, il s’agit d’une disparition. Pour certains accidents d’avion, il a fallu des années pour connaître la raison de ces incidents. »

 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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