Aller au contenu principal

L’homme qui parlait hébreu à Dubaï

MEE a rencontré celui qui a provoqué de vives réactions en se filmant en train de parler hébreu alors qu’il se trouvait aux Émirats arabes unis, un pays qui ne reconnaît pas officiellement Israël
Les Émirats arabes unis n’ont pas de relations diplomatiques officielles avec Israël et ne le reconnaissent pas officiellement (AFP)
Eli Beer, fondateur d’Hatzolah, un système israélien d’ambulanciers bénévoles, est passé soudainement à la notoriété la semaine dernière quand une vidéo le montrant en train de parler hébreu à Dubaï s’est propagée rapidement sur les réseaux sociaux en Israël et à travers le monde arabe. 
 
Les Émirats arabes unis (EAU) ne reconnaissent pas Israël. Les deux pays n’ont pas de relations diplomatiques officielles, bien que des reportages d’investigation aient révélé l’existence de relations commerciales de haut niveau entre les deux pays, incluant notamment un système de surveillance  installé par les Israéliens pour protéger les installations pétrolières de Dubaï.
 
De nombreuses personnes se sont demandé comment Eli Beer avait réussi à se rendre aux EAU. Certains ont émis la supposition que son déplacement, organisé dans le cadre d’une conférence portant sur la possibilité d’exporter le modèle Hatzolah, avait pour objectif de discuter de la coopération militaire entre les EAU et Israël. 
 
Ce citoyen américano-israélien a raconté à Middle East Eye son voyage aux EAU, où il a pu entrer en utilisant son passeport américain, et a fait part de ses espoirs de voir une coopération renforcée entre Israël et les pays du Golfe.
 
Pourquoi avez-vous réalisé cette vidéo ?
 
Parce que quelqu’un m’a mis au défi de le faire. Il voulait que je m’habille comme un cheikh et que je marche dans les rues de Dubaï en parlant hébreu. Il m’a dit que, si je le faisais, il ferait un don de deux motos [à Hatzolah, dont les volontaires utilisent des motos pour raccourcir le délai d’intervention]. J’ai posté la vidéo sur mon compte Facebook ; j’ignorais alors qu’elle serait autant reprise. On la voyait partout en Israël.
 
Je ne pensais pas que ce serait un problème de parler hébreu à Dubaï, même si la dernière fois qu’un Israélien s’est trouvé ici, c’était il y a très longtemps. 

 
Traduction : « Bonjour les amis, me voici à Dubaï. Je vous souhaite une bonne semaine. Non, ce n’est pas Pourim [une fête religieuse juive durant laquelle les gens portent des déguisements excentriques]. Un de mes amis ici à Dubaï m’a convaincu de faire ce selfie en échange de deux motos [pour Hatzolah]. Ça en vaut la peine. Je suis ici à Dubaï – je voulais ressembler aux habitants du pays pour que personne ne puisse me reconnaître. Je crois que la police vient me poser des questions, alors je dois filer. »
 
Quelle réception avez-vous eu ?
 
Je n’ai eu aucun problème. C’était drôle.
 
J’aime beaucoup Dubaï – il y a un esprit d’efficacité et d’initiative ici qui est très israélien. Nous sommes allés [en Israël] il y a 75 ans, après l’Holocauste, et de rien nous avons construit un beau pays, entièrement. Dubaï a aussi construit beaucoup de choses très intéressantes.
 
Dubaï n’est pas impliqué dans la politique au Moyen-Orient en ce qui concerne Israël. Les EAU n’ont pas une position politique envers nous. C’est l’argent qui compte ; ils ne cherchent pas les problèmes. Je ne pense pas qu’il y ait des personnes qui détestent Dubaï en Israël, et je ne pense pas qu’il y ait des personnes qui détestent Israël à Dubaï.
 
Les EAU n’ont aucune raison de ne pas avoir de relations avec Israël.
 
Les EAU sont vus comme étant contraints d’afficher leur solidarité avec les Palestiniens. Cette pression est probablement la raison pour laquelle il n’y a pas de relations.
 
Prenez un pays comme la Jordanie par exemple. La solidarité des Jordaniens avec les Palestiniens est grande et pourtant ils ont aussi des relations avec Israël, bien qu’ils soient critiques envers la politique israélienne. Vu que nous vivons dans un si petit endroit, il vaut mieux que nous travaillions ensemble sans conflits majeurs. Il n’y aucune raison que des pays comme l’Arabie saoudite et les EAU n’aient pas de bonnes relations avec Israël.
 
En fait, le Moyen-Orient a vraiment besoin d’Israël. Certains pays ne comprennent pas à quel point Israël est important pour le Moyen-Orient, en matière de stabilité.
 
Israël a-t-il déjà des liens avec le Golfe ?
 
Ils partagent déjà beaucoup – mais ce n’est pas officiel. Tout comme Israël, beaucoup de ces pays ont peur de l’Iran. Beaucoup de pays de la région ont le même problème qu’Israël [avec l’Iran].
 
Au vu de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, pensez-vous qu’il y aura un rapprochement public entre Israël et le Golfe ?
 
J’en suis sûr à 100 %. Personne en Israël ne croit que l’Iran va arrêter de développer des armes nucléaires. Tout le monde sait que les Iraniens sont les plus grands sponsors du terrorisme à travers le monde. Israël, les EAU, l’Arabie saoudite, Bahreïn, tous ont le même problème.
 
Espérez-vous réussir à exporter le modèle Hatzolah au Moyen-Orient ?
 
Beaucoup de pays sont intéressés. Le modèle existe déjà aux États-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, en Belgique, en Afrique du Sud, en Australie, au Mexique, en Argentine, au Panama, au Brésil et en Lituanie.
 
J’ai rencontré la reine de Jordanie à ce sujet. C’était une rencontre merveilleuse, elle l’a vraiment aimé [le système Hatzolah]. Elle a soutenu ce que nous faisons.
J’adorerais que cela se reproduise dans d’autres pays du Moyen-Orient.
 
 
Traduction de l’anglais (original).
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].