Libye : le grand mufti fustige « l’argent sale » des Saoudiens et des Émiratis
Dans une longue diatribe emprunte de versets et de références religieuses, Sadiq al-Ghariani, le très controversé grand mufti (la plus haute autorité religieuse du pays) de Libye, s’est violement attaqué aux Émirats arabes unis (EAU) et à l’Arabie saoudite dans une publication sur le site de Dar al-Iftaa, le centre libyen des fatwas.
Traduction : « Un nouvel article de son excellence le Cheikh grand mufti de Libye, Sadiq al-Ghariani. Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, ''Ô notre Seigneur, anéantis leurs biens et endurcis leurs cœurs'' »
« L'argent sale saoudien et émirati a financé le coup d’État contre le pouvoir légal en Égypte et a donné le pouvoir à l’injustice. Il a sécurisé les maisons de l’ennemi [Israël] », écrit le mufti, soupçonné notamment d’être l’un des inspirateurs des Brigades de défense de Benghazi, groupes armés islamistes ennemis jurés du maréchal Khalifa Haftar.
« Les Yéménites se font assassiner par l’argent saoudien et émirati dans une terrible guerre depuis déjà trois ans. Et ceux qui ne sont pas morts sous les bombes sont tués par la famine, les épidémies et le blocus », poursuit Sadiq al-Ghariani, 76 ans, qui s’est illustré en appelant les Libyens à combattre Kadhafi durant les premiers temps de la révolution du 17 février 2011.
Haftar, l'ennemi juré
L’imam a également accusé le royaume saoudien et son voisin émirati de favoriser les achats d’armes « non pour combattre l’ennemi mais pour tuer les Libyens et les Yéménites, et pour réprimer les révolutions arabes ».
Dans sa longue missive, le vieux mufti n’oublie pas son adversaire : Khalifa Haftar. « Il a assassiné plus de 15 000 personnes à Benghazi avec des financements émiratis, laissant derrière lui 20 000 handicapés et plus de 1 000 exilés ».
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Sadiq al-Ghariani, dont les autorités libyennes ainsi que la Commission libyenne des droits de l’homme, ont demandé son éviction du poste de grand mufti pour ses « appels à la violence », poursuit ses attaques contre les deux pays du Golfe, les accablant comme étant ceux qui « préfèrent financer les services secrets répressifs plutôt que financer les plus précaires dans ces deux pays, où ailleurs dans le monde comme les Rohingyas ou encore les Gazaouis ».
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