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Maroc : Hakim Benchamach, le nouveau patron consensuel du PAM

En élisant Hakim Benchamach, le Parti authenticité et modernité (PAM), principal parti d'opposition au Maroc, souhaite conjurer son isolement au sein du champ politique marocain
Avec Ilyas El Omari, Hakim Benchamach, nouveau secrétaire général du PAM, représente « l’aile rifaine » du parti (Facebook)
Par Reda Zaireg à RABAT, Maroc

Porté par 439 des 529 voix exprimées par le Conseil national du parti, Hakim Benchamach peut se targuer d'être le candidat du consensus. 

À la suite d'une longue course qui a vu s'opposer (publiquement au départ, mais plus discrètement par la suite) les candidats possibles à la succession d'Ilyas El Omari à la tête du Parti authenticité et modernité (PAM), a finalement été choisi le président de la Chambre des conseillers, la chambre haute du Parlement marocain.

Sa candidature au poste, annoncée sur le tard, a été motivée selon lui par les « grosses pressions » qu'il dit avoir subi de la part des différents clans du parti. Elle a, dès le départ, recueilli l'inclination des militants du PAM et de la presse. Dans le contexte de la crise de succession au PAM, Hakim Benchamach est apparu comme un rassembleur dont le leadership serait accepté par les différentes tendances.

En 2015, Hakim Benchamach a été élu à la tête de la Chambre des conseillers, devenant ainsi la quatrième personnalité protocolaire du Maroc après le roi

Né en 1963 à Beni Bouayach, une ville de la province d'Al Hoceima, Benchamach représente avec El Omari « l’aile rifaine » du parti. 

Jusqu'à peu considéré comme homme de confiance de l'ex-secrétaire général du PAM – duquel il s'est relativement distancié dans le sillage de la crise de succession au parti – il a occupé les postes de secrétaire général adjoint du PAM de février 2009 à février 2012, et de président du groupe parlementaire de son parti entre 2009-2015. 

En 2015, Hakim Benchamach a été élu à la tête de la Chambre des conseillers, devenant ainsi la quatrième personnalité protocolaire du Maroc après le roi, le chef du gouvernement et le président de la Chambre des représentants.

Ilyas El Omari, secrétaire général du PAM depuis 2016, avait démissionné en août 2017 (AFP)

Ouahbi lui-même souhaitait se présenter comme candidat : cet avocat gouailleur du parti est célèbre pour ses sorties décapantes, parfois à contre-courant de la ligne politique du PAM. Mais sa bienveillance avec le Parti de la justice et du développement (PJD), adversaire ontologique du PAM, lui vaut les soupçons de certains membres de son parti, qui voient en lui un « agent dormant » du PJD.

À mesure que la réunion du Conseil national approchait, Ouahbi a décidé de faire preuve de pragmatisme en soutenant Benchamach, qui a également bénéficié du soutien de Fatima-Zahra Mansouri, patronne des instances électorales du parti et, en coulisses... de celui d'Ilyas El Omari.

Panne de projet

Créé en 2008 par Fouad Ali el-Himma, conseiller et ami du roi Mohammed VI pour contrer les islamistes du PJD et proposer un agenda progressiste, le PAM est depuis peu en panne de projet : il a échoué à enrayer la montée du PJD, et n'a pas vraiment pu remédier au déficit d'image dont il souffre. 

La personnalité d'Ilyas El Omari, personnage clivant, ainsi que les disgrâces qu'il aurait recueillies en raison du rôle peu constructif qu'il a joué pour éteindre la crise du Rif – dont il est originaire et dont il préside le Conseil régional (la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima) – l'auraient désavoué aux yeux du palais, et quelque peu froidi avec ses partenaires politiques.

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En élisant Hakim Benchamach, le parti choisit avant tout une personnalité qui puisse l'inscrire dans un nouveau cap, sans pour autant l’engager sur la voie d'une rupture radicale vis-à-vis du projet (et du fonctionnement) du PAM, comme l'ont réclamé certaines figures du parti. Car « s'il s'agit de faire table rase avec le leadership d'El Omari, ce ne sera pas possible avec Hakim Benchamach », avait souligné à Middle East Eye un ex-cadre du parti.

Hakim Benchamach permettrait aussi de normaliser les relations du parti avec le reste du champ politique, et d'assainir graduellement, mais sans trop forcer, l'héritage conflictuel d'Ilyas El Omari.

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