« Poutine a gagné en Syrie » : Trump met fin au soutien de la CIA aux rebelles syriens
Le président Donald Trump va mettre un terme au programme d’armement et de formation fourni par la CIA aux rebelles syriens qui se battent contre le gouvernement de Bachar al-Assad, ont annoncé mercredi des responsables américains.
Selon le Washington Post, les responsables, non identifiés, ont déclaré qu’une telle décision était préconisée par la Russie et que la décision témoignait de la volonté du président Trump de coopérer avec le Kremlin concernant la Syrie.
Les sources ont déclaré au Washington Post que Trump avait promis de mettre fin au programme lors d'une réunion avec le directeur de la CIA, Mike Pompeo, et le conseiller à la sécurité nationale, H. R. McMaster, un mois avant que le président américain ne rencontre le président russe Vladimir Poutine lors du sommet du G20 à Hambourg en Allemagne.
Responsables et analystes affirment que la décision est une concession importante des Etats-Unis en faveur de la Russie.
Un officiel américain a déclaré au Washington Post qu’il s’agissait d’une « décision capitale », ajoutant : « Poutine a gagné en Syrie ».
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Pour Charles Lister, chercheur au Middle East Institute, les États-Unis « tombent dans un piège russe ».
« Nous vulnérabilisons de plus en plus la résistance modérée. […] Nous leur coupons vraiment l’herbe sous le pied », a-t-il ajouté.
La CIA a commencé à fournir des armes et une formation aux rebelles modérés opposés au gouvernement syrien en 2013, sous la présidence de Barack Obama.
Ilan Goldenberg, ancien responsable de l'administration Obama et directeur du Programme de sécurité au Moyen-Orient du Centre pour une nouvelle sécurité américaine, a déclaré au Washington Post que les États-Unis ne pouvaient pas abandonner complètement les rebelles.
« C'est une force que nous ne pouvons pas nous permettre d'abandonner totalement. Mettre entièrement fin à l'aide fournie aux rebelles est une énorme erreur stratégique », a-t-il prévenu.
L'administration Trump est entachée par des accusations de collusion avec la Russie lors de la campagne présidentielle de 2016, conduisant à la nomination d'un procureur spécial chargé d’enquêter sur les liens possibles avec le Kremlin.
Malgré ces allégations, Trump et Poutine se sont trouvés en désaccord sur le dossier syrien. Les États-Unis ont soutenu des rebelles modérés qui combattent le gouvernement alors que la Russie soutient Assad.
Le 6 avril dernier, suite à une attaque chimique dans la province d'Idleb dont les puissances occidentales ont accusé le gouvernement syrien, Washington avait effectué 59 frappes contre une base aérienne syrienne. Les responsables américains ont par la suite indiqué que les États-Unis pourraient mener d’autres frappes si des armes chimiques étaient à nouveau utilisées.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov avait dénoncé l'attaque des États-Unis contre l'armée syrienne, la qualifiant de « violation flagrante » du droit international et ajoutant que Washington se cherchait des « excuses pour [obtenir] un changement de régime » en Syrie.
« Ces tentatives ne réussiront pas, cela n’aura pas lieu », avait-il annoncé.
Traduit de l’anglais (original).
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