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Trois autres villes en France vont à leur tour interdire le burkini

Les maires de trois stations balnéaires envisagent de prendre des arrêtés municipaux interdisant le port du burkini
Le mannequin australien Mecca Laalaa portant un maillot de bain « burkini » de la designer spécialisée dans la mode musulmane Aheda Zanetti dans la boutique Islamic Sport & Swimwear à Sydney (AFP)
Par AFP

Trois villes balnéaires françaises prévoient d’interdire le burkini, le maillot de bain islamique qui a suscité bien des inquiétudes à propos de l’extrémisme religieux.

Dans le sud-ouest, le maire de la ville balnéaire de Leucate, Michel Py, devait signer ce mardi un décret municipal interdisant le port du burkini sur les plages publiques, a indiqué la mairie de Leucate.

Le décret, qui sera en vigueur jusqu’au 31 août, interdira l’accès aux plages publiques à « toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité, respectant les règles d’hygiène et de sécurité des baignades ».

Dans la ville d’Oye-Plage, le maire a annoncé mardi qu’il allait également interdire le burkini après avoir vu une femme portant « une cape intégrale et des gants, couvrant son visage et ses yeux » tandis qu’elle se dirigeait vers la plage dimanche.

À proximité, dans la station balnéaire huppée du Touquet, le député-maire Daniel Fasquelle a annoncé qu’il allait également interdire le port du burkini dans les prochains jours « pour lutter contre le prosélytisme religieux ».

« Il n’y a pas de burkini pour le moment au Touquet, mais je ne veux pas que mes services soient pris au dépourvu si jamais nous étions touchés par ce phénomène », a-t-il déclaré à l’AFP.

Le Premier ministre Manuel Valls s’est également invité dans le débat, dénonçant le port du burkini comme n’étant « pas compatible avec les valeurs de la France et de la République » et ajoutant qu’il soutenait les maires qui l’ont interdit s’ils sont motivés par le bien public.

Le 14 juillet, Nice a été la cible d’une attaque revendiquée par le groupe État islamique (EI) au cours de laquelle un Tunisien a foncé dans la foule célébrant la fête nationale avec un camion, tuant 85 personnes.

En outre, le 26 juillet, un prêtre a été tué dans son église par deux assaillants qui avaient proclamé leur allégeance à l’EI.

Le lendemain, la ville de Cannes sur la Côte d’Azur a interdit le burkini et la station voisine de Villeneuve-Loubet lui a emboîté le pas début août.

Rixe sur une plage corse

Sisco, située en Corse, a également introduit une interdiction après une rixe entre des habitants et des familles d’origine maghrébine qui a fait cinq blessés.

Selon un témoin, les violences ont éclaté lorsque des touristes ont pris des photos des femmes qui nageaient en burkini sur l’île de beauté. L’enquête sur cet événement est toujours en cours.

La première interdiction du burkini a été décidée à Mandelieu-la-Napoule, près de Cannes, où il a été discrètement interdit en juillet 2013.

Cependant, le maire de Villeneuve-Loubet Lionnel Luca a avancé un autre argument, affirmant que nager « tout habillé… [était] inacceptable pour des raisons d’hygiène ».

Islamophobie

Pendant ce temps, certains s’opposent à ces interdictions, affirmant qu’il s’agit d’un stratagème populiste, qui constitue une atteinte aux droits de l’homme et est susceptible d’attiser les tensions.

Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a déposé sans succès un recours devant la justice contre l’interdiction du burkini à Cannes.

Il a déposé un recours devant le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative française.

La France a été frappée par une série d’attaques au cours des 19 derniers mois qui ont laissé le pays sur les nerfs et inquiet concernant l’extrémisme religieux dans le pays.

En partie à cause de cela, le burkini s’est retrouvé entraîné dans un vif débat sur les symboles religieux perçus et leur place dans un pays fortement laïc. Pour ses détracteurs, ce vêtement est associé à une frange intolérante et sectaire de l’islam.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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