EN IMAGES : À Monastir, des retrouvailles avec Habib Bourguiba
Le 6 avril 2000, après treize ans « d’assignation à domicile » à la suite du coup d’État de Zine el-Abidine Ben Ali en 1987, l’ex-président Habib Bourguiba rend son dernier souffle. Il rejoint alors le mausolée où reposent déjà ses parents et sa première épouse, également mère de son fils unique, Moufida Bourguiba, née Mathilde Lorrain. Sa seconde épouse, Wassila, dont il avait divorcé en 1986, n’y est pas.
Car c’est lui qui a voulu ce mausolée, dont les travaux ont démarré en 1963 et ont duré plus de dix ans. Il a été conçu par l’architecte juif tunisien Olivier Clément Cacoub, conseiller de l’État à qui l’on doit aussi le palais présidentiel de Carthage, l’hôtel Africa, l’acropole du stade El Menzah et le palais des festivals à Cannes.
L’entrée du mausolée est publique et gratuite. (MEE/Ahlem Mimouna)
Le premier président tunisien avait choisi de bâtir son mausolée dans le cimetière Sidi el-Méziri de Monastir, ville côtière où il est né située dans le centre-est du pays, sur une presqu’île. Le cimetière est entouré par la mer, le fort al-Ribat (la plus ancienne forteresse du Maghreb) et la muraille de la ville.
Depuis la révolution de 2011 en Tunisie, de nombreux leaders tunisiens et étrangers ont pris coutume de se recueillir sur sa tombe chaque 6 avril, date de sa disparition. Après son élection, le président tunisien Kais Saied s’y est rendu et y a déclaré que Habib Bourguiba avait « fait partie de l’histoire de la Tunisie et [avait] mené une révolution au cœur de la société tunisienne, dans les domaines de l’éducation, de la santé, ainsi que dans la sphère du statut personnel ». (MEE/Ahlem Mimouna)
Une allée de 200 mètres de long et 30 mètres de large, bordée de palmiers, sépare le mausolée de la route principale, avec des tombeaux à gauche et à droite. Elle est aujourd’hui un lieu de rencontre et de divertissement pour les habitants. Deux carrés ornent l’allée. L’un, baptisé le « carré des martyrs », abrite les dépouilles de sept martyrs de la colonisation. L’autre sert à la présentation des condoléances.
C’est ici que l’ex-président Béji Caid Essebsi, premier président tunisien élu au suffrage universel, décédé le 25 juillet 2019, avait ouvert sa campagne électorale en novembre 2014. Lui qui avait travaillé près de 35 ans auprès de Bourguiba (il fut notamment son ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères) considérait « que ceux qui avaient collaboré avec Bourguiba avaient pour rôle de préparer la nouvelle génération à garantir la continuité de l’État et son progrès ». (MEE/Ahlem Mimouna)
De style arabo-musulman moderne, l’édifice comprend deux minarets en marbre de 25 mètres, un dôme d’or et deux petites coupoles vertes. Des poèmes écrits en l’honneur de l’ex-président sont gravés sur les minarets. Des couloirs en arcade encadrent la construction.
Dans son aspect général, l’œuvre est souvent comparée au Taj Mahal, mausolée de marbre blanc construit par l’empereur moghol musulman Shâh Jahân en l’honneur de sa femme à Agra, en Inde. Néanmoins, l’ornement en stucs, la céramique de Qallaline sur les arcades, le bois de cèdre sculpté rappellent l’artisanat tunisien traditionnel. (MEE/Ahlem Mimouna)
Sous la coupole dorée se tient un lustre de 3,5 tonnes, composé de 365 perles en verre, symbolisant le nombre de jours de l’année.
La touche tunisienne de la décoration se perçoit aussi dans l’esthétique de la porte principale et les niches murales. Ornées de motifs géométriques, d’une arcade en noir et blanc et soutenues par des colonnes en marbre de part et d’autre, elles renvoient aux portes traditionnelles tunisiennes, qu’on retrouve aujourd’hui souvent dans les médinas. (MEE/Ahlem Mimouna)
Sur la porte principale du mausolée est inscrit en l’honneur de Bourguiba : « Le combattant suprême, bâtisseur de la nouvelle Tunisie, émancipateur de la femme ».
Avec ce monument, l’ex-président souhaitait perpétuer son nom et son souvenir pour les générations à venir.
En octobre 2013, une tentative d’attaque dans les lieux a été déjouée. Un jeune homme en possession d’explosifs a été arrêté. Depuis, la sécurité a été renforcée par la garde présidentielle. (MEE/Ahlem Mimouna)
Dans une salle qui abrite un petit musée, sont exposées les affaires personnelles du président, dont son bureau, ses livres favoris, ses portraits, son stylo, ses lunettes et son emblématique carte d’identité portant le n° 0000001. C’est Habib Bourguiba lui-même qui a sélectionné les objets à exposer. (MEE/Ahlem Mimouna)
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