EN IMAGES : L’homme qui a planté une forêt en Turquie
À la fin des années 90, Şeyhmus Erginoğlu, âgé aujourd’hui de 71 ans, a décidé de s’occuper d’un terrain vague situé dans sa ville natale, Mardin, dans le sud de la Turquie. Il a commencé par enlever les déchets, puis a installé des conduites d’eau et a planté de jeunes arbres. Aujourd’hui, le site abrite une petite forêt d’environ 11 000 arbres, tandis que des milliers d’autres ont été plantés par ses soins dans les zones avoisinantes. (Photos : MEE/Murat Bayram)
Erginoğlu s’occupe des arbres pendant son temps libre et de manière bénévole. Il jardine tous les jours sauf quand il pleut. Au fil des ans, il a également creusé une cinquantaine de puits prélevant l’eau des sources naturelles de la région. Il les utilise pour arroser la forêt qu’il a créée. « Je ne gagne pas d’argent avec ce travail, mais il me procure du bonheur. Quand les arbres donnent des fruits, les gens viennent. Ils mangent les fruits, s’assoient sous les arbres et cela les rend heureux », raconte-t-il.
Şeyhmus Erginoğlu affirme avoir planté 20 000 arbres à Mardin, dont 11 000 formant une même forêt et d’autres regroupés autour de différentes zones de la ville. Il a également planté des arbres dans les villages voisins et estime avoir cultivé au total plus de 30 000 arbres. S’il confie préférer la compagnie des arbres à celle des gens, Erginoğlu aime apporter de la joie aux autres. « Quand les gens meurent, ils ne peuvent pas emporter leur argent dans l’au-delà, mais le bien qu’ils font les accompagne. »
Jeune homme, Erginoğlu travaillait comme camionneur, voyageant à travers la Turquie et au-delà, en Irak, en Arabie saoudite et d’autres pays du Moyen-Orient. Il s’occupe des arbres grâce à l’argent qu’il a économisé et a également reçu une aide des autorités turques, qui lui ont fourni des pousses de pins.
Les militants écologistes ont mis en garde contre les effets négatifs de l’industrialisation et de l’urbanisation, qui entraînent la disparition des espaces verts. Le gouvernement turc a lancé des projets environnementaux tels que la Journée nationale des forêts le 11 novembre de chaque année dans le but d’accroître leur nombre dans le pays, mais les militants ont protesté en parallèle contre la déforestation soutenue par le gouvernement dans des régions comme le mont Ida, dans le nord-ouest de la Turquie. Les autorités y ont délivré des licences aux géants miniers internationaux pour prospecter l’or et le cuivre malgré les objections des habitants et des écologistes.
L’ancien château de Mardin veille sur la ville en contrebas. Située à proximité de la frontière turque avec la Syrie, Mardin connaît des étés très chauds avec des pics de température à 38 °C et des hivers doux ponctués de fréquentes averses de pluie et de neige.
Şeyhmus Erginoğlu a toujours été célibataire, ne voulant pas que quelqu’un d’autre « entre dans sa vie » après le décès de ses parents. Il a six frères et sœurs qui sont tous mariés avec des enfants, et tandis qu’ils transmettront leur richesse à leur progéniture, lui préfère laisser un héritage à tous à travers les arbres qu’il plante, explique-t-il. « Des milliers de personnes viennent manger les fruits des arbres en été », dit-il. « Bien sûr, nous mourrons tous un jour. Mais en attendant, je veux être heureux, rendre les autres heureux et laisser quelque chose de permanent derrière moi. »
Traduit de l’anglais (original).
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