Un ordre d’exécution « horrible » met en lumière la peine de mort en Arabie saoudite
Un ordre d’exécution saoudien publié sur les réseaux sociaux ce mardi donne un rare aperçu de la façon dont la peine de mort est mise en œuvre dans les sphères secrètes du royaume.
Posté sur Twitter, celui-ci a ordonné l’exécution d’un prisonnier anonyme à 9 heures (8 heures, heure française) sur la « place du châtiment », dans la ville septentrionale de Qurayyat.
Traduction : « L’Arabie Saoudite revient aux exécutions en public ce mardi à 9 heures selon une lettre (top-secrète/urgente et importante) pour un accusé dans une affaire de stupéfiants, après que celles-ci [les exécutions] ont été effectuées en prison. »
L’ordre a été signé par le chef de la police locale, Mufdhi ben Abdallah al-Khamees, et a chargé l’hôpital général de Qurayyat d’« effectuer la procédure nécessaire à la réception du corps du prisonnier » après l’exécution.
Un médecin a également été chargé d’assister à l’exécution, qui, en Arabie saoudite, prend typiquement la forme d’une décapitation publique – effectuée par un bourreau masqué - d’un coup porté à la nuque avec une épée longue et courbée en argent.
Le médecin a été sommé d’assister à la décapitation pour confirmer la mort du prisonnier.
Le groupe britannique de défense des droits de l’homme Reprieve a affirmé avoir été informé de la tenue de l’exécution, qui aurait eu lieu ce mardi, comme cela avait été ordonné.
Reprieve a indiqué que la publication de l’ordre d’exécution a révélé la nature des violations des droits de l’homme commises dans le royaume.
« Mise à nu, la procédure d’exécution en Arabie saoudite fait froid dans le dos », a déclaré dans un communiqué Maya Foa, directrice de Reprieve. « Les détails horribles contenus dans cet ordre d’exécution ne servent qu’à mettre en évidence les violations choquantes qui se poursuivent dans le royaume. »
Avant les dernières exécutions, Human Rights Watch a rapporté le 19 octobre que les autorités saoudiennes avaient exécuté à cette date 134 prisonniers en 2016.
Un grand nombre de personnes exécutées en Arabie Saoudite sont reconnues coupables d’infractions liées à la drogue, tandis que les autres crimes passibles de la peine de mort incluent le meurtre et, plus rarement, l’apostasie, l’adultère et l’homosexualité.
Plus tôt ce mois-ci, les autorités saoudiennes ont exécuté un prince pour la première fois en plus de quarante ans, après que ce membre de la famille royale a été reconnu coupable d’avoir tué un autre homme au cours d’une rixe.
L’exécution du prince Turki ben Saoud al-Kabir a été saluée dans certains milieux au sein du royaume, des partisans du gouvernement ayant affirmé que la sentence a permis de montrer que personne n’est au-dessus des lois en Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite a fait l’objet de critiques de plus en plus nombreuses pour des abus alors que le royaume se porte candidat pour être réélu au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
En plus de mettre en évidence un déficit de droits des femmes, Human Rights Watch a déclaré lundi que l’Arabie saoudite ne devait pas être autorisée à siéger au conseil en raison de la guerre qu’elle continue de mener au Yémen, où son armée a été accusée d’avoir commis une série de crimes de guerre.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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