Aller au contenu principal

Valls : la plupart des Français pensent que l’islam est incompatible avec les valeurs de la nation

Le Premier ministre français Manuel Valls a également relancé le sujet controversé du voile islamique, demandant l’interdiction du foulard dans les universités françaises
Le Premier ministre Manuel Valls lors d’une réunion ministérielle sur l’égalité et la citoyenneté, le 13 avril (AFP)
Par MEE

La plupart des Français pensent que l’islam est incompatible avec les valeurs de la société française, a déclaré mercredi le Premier ministre.

« La laïcité, c’est notre ADN », a affirmé Manuel Valls au quotidien Libération, ajoutant qu’il croyait en les « valeurs universelles » de la France.

« La République s’est construite en opposition au pouvoir de l’Église catholique », a-t-il rappelé. « Aujourd’hui, la laïcité est confrontée à la montée de l’islam radical, mais aussi à la place de l’islam dans nos sociétés. »

« J’aimerais que nous soyons capables de faire la démonstration que l’islam, grande religion dans le monde et deuxième religion de France, est fondamentalement compatible avec la République, la démocratie, nos valeurs, l’égalité entre les hommes et les femmes. […] Une majorité de nos concitoyens en doutent », a-t-il ajouté.

Au cours de ce long entretien, Manuel Valls a également demandé l’interdiction du foulard islamique dans les universités françaises.

Interrogé pour savoir s’il était favorable à une interdiction du foulard – pas uniquement le voile intégral – porté par certaines musulmanes à l’université, Valls a répondu qu’« il faudrait le faire ».

Cependant, notant les difficultés constitutionnelles qu’implique la mise en œuvre d’une telle loi, il a appelé les autorités à être « intraitable[s] sur l’application des règles de la laïcité dans l’enseignement supérieur ».

La tenue religieuse des femmes est depuis longtemps une question controversée dans le pays. En 2004, la France est devenue l’un des premiers États européens à interdire le foulard et d’autres vêtements religieux dans les écoles publiques.

En 2011, Nicolas Sarkozy avait mis en place l’interdiction totale et controversée du voile intégral dans tous les espaces publics. Bien que cette interdiction couvre également les cagoules et capuches, elle a été critiquée, accusée de cibler les musulmans.

Une étude du Pew Forum, publiée en janvier 2011, a estimé qu’il y avait 4,7 millions de musulmans en France en 2010, sur une population d’environ 65 millions d’habitants, précisant que ce nombre pourrait s’élever à 6,9 millions en 2030. La population musulmane vient majoritairement des anciennes colonies françaises comme le Maroc et la Tunisie.

Réaction violente du parti socialiste

La suggestion de Valls d’étendre l’interdiction du voile à l’école aux universités semble susciter des fractures au sein de son propre parti.

Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur, a déclaré qu’il n’y avait « pas besoin de ce texte ».

Les étudiantes françaises « ont tout à fait, parce qu’elles sont adultes, le droit de garder un foulard, le foulard n’est pas interdit dans la société française », a-t-il précisé.

La ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a également signalé son opposition à cette proposition, expliquant que cela pourrait s’apparenter à interdire l’accès des étudiants étrangers en provenance des pays à majorité musulmane.

Cette bataille croissante sur les tenues islamiques – et la place de l’islam en France en général – survient dans un contexte de légère hausse du soutien aux groupes d’extrême droite à la suite des attaques terroristes dévastatrices ciblant Paris et Bruxelles.

Le 5 avril, Manuel Valls a averti qu’un « sursaut » était nécessaire pour lutter contre ce qu’il a appelé une « minorité » salafiste en France, « sinon c’est une réponse autoritaire qui s’imposera ».

 

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].