MBS aurait proposé 10 milliards de dollars à Abbas pour qu’il accepte « l’accord du siècle »
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (MBS) a proposé 10 milliards de dollars au dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas pour qu’il accepte un plan de paix controversé soutenu par les États-Unis, a rapporté le journal libanais Al-Akhbar.
Abbas a décliné l’offre, affirmant qu’un soutien à l’« accord du siècle » du président américain Donald Trump signifierait « la fin de sa vie politique », a indiqué ce mardi le journal, citant des rapports diplomatiques fondés sur des conversations entre les deux dirigeants.
D’après Al-Akhbar, les rapports divulgués auraient été rédigés par l’envoyé jordanien à Ramallah, Khaled al-Shawabkeh, à la suite de discussions avec des responsables palestiniens à Ramallah.
Les rapports remontent à décembre 2017 et janvier 2018, suite à la déclaration controversée de Trump selon laquelle les États-Unis considéraient Jérusalem comme la capitale d’Israël et prévoyaient d’y transférer leur ambassade.
Ivanka Trump, son mari Jared Kushner, le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son épouse assistent à la cérémonie officielle d’ouverture de l’ambassade américaine à Jérusalem
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Dans un rapport du 4 janvier 2018 cité par Al-Akhbar, Shawabkeh écrit au ministère jordanien des Affaires étrangères qu’Abbas est « contrarié » par plusieurs offres qu’il a reçues lors d’une visite en Arabie saoudite le mois précédent, mais qu’il a refusé d’en discuter avec d’autres responsables palestiniens.
L’une des offres saoudiennes, selon le rapport du responsable jordanien, consiste à échanger la reconnaissance palestinienne de l’accord de Trump contre 10 milliards de dollars pour assister les autorités cisjordaniennes et aider à la réinstallation des réfugiés, ainsi qu’un « soutien financier et politique illimité ».
Selon Al-Akhbar, Mohammed ben Salmane a demandé à Abbas quel était le budget annuel de son entourage. « Je ne suis pas un prince, je n’ai pas d’entourage », aurait répondu Abbas.
« De combien l’AP et ses ministres ont-ils besoin ? », a ensuite demandé MBS.
« D’un milliard de dollars américains », a répliqué Abbas, ce à quoi MBS aurait répondu : « Je vous donnerai 10 milliards de dollars sur dix ans si vous acceptez l’accord. »
Les États arabes invités à apporter un soutien financier
Dans un précédent rapport daté du 26 décembre 2017, Khaled al-Shawabkeh écrit que MBS a déclaré à Abbas lors de sa visite en Arabie saoudite que « les Américains sont prêts à offrir aux Palestiniens la terre sur laquelle ils vivent ».
Le prince héritier aurait ajouté que les Américains ont demandé à l’Arabie saoudite ainsi qu’aux autres pays arabes d’apporter aux Palestiniens un soutien financier pour le lancement en Cisjordanie de projets propices à la prospérité économique.
Les projets comprendraient également l’extension de la zone B de la Cisjordanie, où l’Autorité palestinienne et Israël exercent un contrôle administratif et militaire conjoint, ainsi que de la zone C, qui représente 60 % du territoire et est exclusivement soumise à l’autorité militaire israélienne, a-t-il précisé.
« L’Arabie saoudite soutiendra l’AP avec plus de quatre milliards en principe », a écrit l’envoyé, citant des conversations entre Abbas et MBS.
Shawabkeh mentionne dans son rapport qu’Abbas a indiqué à MBS qu’il ne pouvait accepter aucune concession en ce qui concerne les colonies, la solution à deux États et Jérusalem. Abbas pensait cependant que les Américains ne fourniraient aucune proposition écrite, mais adopteraient une « tactique à la Balfour ».
Selon l’envoyé jordanien, Abbas a déclaré que l’Autorité palestinienne se démantèlerait si elle subissait des pressions de quelque côté que ce soit et qu’elle « tiendrait Israël pour responsable de la gestion des affaires des territoires occupés ».
L’accord sera annoncé en juin, selon Kushner
Le gendre et conseiller de haut rang de Donald Trump, Jared Kushner, a déclaré le mois dernier que l’administration américaine allait dévoiler son plan en juin, après la formation par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou d’un gouvernement de coalition, qui devrait être finalisé dans les prochaines semaines.
Les dirigeants palestiniens ont dénoncé avec véhémence des points clés du plan qui ont été divulgués, notamment la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, la proposition de désigner Abu Dis, banlieue de Jérusalem-Est, comme capitale d’un futur État palestinien, le retrait du droit au retour des réfugiés de la table des négociations et la réduction drastique du nombre de réfugiés enregistrés.
Le négociateur palestinien Saeb Erekat a déclaré à MEE en juin dernier que l’accord du siècle n’était pas un accord et était déjà mis en œuvre sur le terrain.
« S’il existe un plan, celui-ci est mis en œuvre sur le terrain avec le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem occupée, le retrait du soutien à la solution à deux États, la réduction des fonds alloués à l’UNRWA et, enfin, les tentatives de normalisation de l’apartheid israélien en Palestine », a déploré Erekat.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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