« Ceux qui le défendaient au Maroc ont jeté l'éponge » : Saad Lamjarred de plus en plus isolé
MARRAKECH – « Mais qu'est-il donc parti faire à Saint-Tropez ? », s'énerve un proche Saad Lamjarred contacté par Middle East Eye.
Arrêté dans la nuit de samedi à dimanche dans la célèbre station balnéaire de la côte d'Azur, le chanteur marocain a vu sa garde à vue prolongée de 24 heures ce lundi matin, selon l'AFP, qui cite des sources judiciaires.
Le parquet de la ville de Draguignan, dans le sud-est de la France, évoque « une affaire complexe » qui s'est déroulée « dans le cadre de rencontres dans des établissements de nuit » avec « deux versions diamétralement opposées (qui) s'entrechoquent », nécessitant « la poursuite des investigations et l'audition de tout témoin utile », rapporte encore l'AFP.
« S'il s'avère que Saad Lamjarred a enfreint les obligations de son contrôle judiciaire, il y a peu de chances qu'il puisse, cette fois-ci, sortir de prison »
- Une source de l’entourage du chanteur
Saad Lamjarred a été interpellé dimanche matin à la suite de la plainte d'une jeune femme, née en 1989, pour des « faits caractérisés de viol », selon la justice. L'enquête a été confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Gassin-Saint-Tropez, où le chanteur, âgé de 33 ans, est actuellement entendu.
« S'il s'avère que Saad Lamjarred a enfreint les obligations de son contrôle judiciaire, il y a peu de chances qu'il puisse, cette fois-ci, sortir de prison. Ce sera considéré comme une circonstance aggravante », ajoute une source de l'entourage du chanteur à MEE.
Notre contact, qui ne cache pas son exaspération, met en lumière la désolidarisation croissante des anciens défenseurs de l'artiste. « L'affaire est désormais entre les mains de ses avocats français. Ceux qui le défendaient au Maroc ont jeté l'éponge, faute de reconnaissance. Lorsque les avocats marocains de l'artiste bataillaient pour sa libération, ses parents ont remercié sa défense en France [Éric Dupond-Moretti] et non pas les Marocains. »
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« Les avocats marocains de l’artiste n’ont pas touché un seul centime d’honoraires. Ils ne défendaient pas l'artiste ou une cause, mais l'image du Maroc. Le ‘’complexe du colonisé’’ de la famille de Lamjarred, la mauvaise éducation de l’artiste, et l'attitude de sa mère ont eu raison de leur motivation », relève une autre source de l'entourage de l'artiste.
Désolidarisation
La désolidarisation envers l’artiste se vérifie également sur les réseaux sociaux, où ses défenseurs sont de moins en moins nombreux. Alors que pour l’affaire de viol, en octobre 2016, dans laquelle il est toujours mis en examen, ses fans avaient crié au complot ou au coup monté, son arrestation à Saint Tropez a été suivie d’une condamnation quasi unanime sur les réseaux sociaux.
Sur Twitter, les réactions à l'affaire sont nombreuses.
La star marocaine, dont les clips ont été visionnés des millions de fois sur Internet, avait été mise en examen en octobre 2016 à Paris pour « viol aggravé » et « violences volontaires aggravées » et écrouée.
À la veille d'un concert qu'il devait donner, une jeune femme de 20 ans avait porté plainte, affirmant avoir été agressée par le chanteur dans la chambre d'hôtel de ce dernier. Saad Lamjarred avait été remis en liberté en avril 2017, sous bracelet électronique, à la suite d'une décision de la cour d'appel de Paris. Le roi du Maroc Mohammed VI avait annoncé qu'il prenait en charge les frais d'avocats du chanteur.
Saad Lamjarred a par ailleurs été mis en examen pour viol dans une enquête ouverte après la plainte d'une jeune Franco-Marocaine affirmant avoir été agressée et frappée par le chanteur, à Casablanca en 2015.
Il avait également été mis en cause aux États-Unis dans une affaire de viol présumé datant de 2010, mais les poursuites ont été abandonnées.
Enfin, selon le site d'information marocain Hespress, Saad Lamjarred ferait l'objet d'une autre plainte pour viol, déposée contre lui en avril dernier.
Son dernier tube « Casablanca » a fait 53 millions de vues sur YouTube en trois semaines, et « Ghazali », 120 millions
En mars dernier, autorisé par la justice française à voyager au Maroc, Saad Lamjarred, célèbre dans le monde arabe pour son titre « Enty » (91 millions de vues sur YouTube), avait lancé la promotion de son dernier single, « Ghazali ».
Malgré ses démêlés judiciaires, il est resté très populaire au Maroc où les médias suivent de près ses succès. Son dernier tube « Casablanca » a fait 53 millions de vues sur YouTube en trois semaines, et « Ghazali », 120 millions.
Il a été invité à participer au clip « Happy birthday, Sidna » (sa majesté) produit par RedOne, un producteur marocain, avec une palette d'artistes locaux, et diffusé le 21 août pour l'anniversaire de Mohammed VI.
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