Les mésaventures de Boris Johnson au Moyen-Orient – et autres coups verbaux
La nomination de Boris Johnson au poste de ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni par la nouvelle Première ministre britannique Theresa May a provoqué une certaine surprise au niveau international.
Éditorialiste, député, ancien maire de Londres, doué dans l’art de l’autopromotion, Johnson n’est pas réputé pour sa diplomatie ou son tact.
Middle East Eye a dressé une liste de ses opinions les plus truculentes et controversées au sujet du Moyen-Orient et du reste du monde.
« Bravo à Assad »
Le président syrien Bachar al-Assad a été accusé de perpétrer des crimes de guerre et condamné par une grande partie de la communauté internationale.
Mais Boris Johnson ne s’est pas montré avare de compliments quand les forces gouvernementales syriennes ont repris la ville antique de Palmyre des mains de l’État islamique (EI) au début de l’année.
Bien qu’il ait décrit Assad comme un « ignoble tyran » dans un éditorial pour le Daily Telegraph, il a salué la reprise de Palmyre comme une « victoire pour l’archéologie » :
« Les ruines sont peut-être piégées, mais les terroristes ont finalement pris la fuite. Et moi je dis hourra. Bravo – et continuez. Oui je sais. Assad est un monstre, un dictateur. Il envoie des bombes barils sur son propre peuple. Ses prisons sont pleines d’opposants torturés… [Mais] la victoire d’Assad est une victoire pour l’archéologie, une victoire pour tous ceux qui s’intéressent aux monuments antiques de l’un des sites culturels les plus extraordinaires du monde. »
Le mouvement BDS est soutenu par « des gauchistes édentés »
Un récent voyage de Boris Johnson en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, alors qu’il était encore maire de Londres, a dû être écourté quand il a décrit les supporters britanniques du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) comme « complètement cinglés » et soutenus par « une poignée d’universitaires de gauche ». Suite à ces propos, l’organisation de la jeunesse palestinienne Sharek Youth a fait une déclaration pour indiquer qu’elle ne se sentait pas à même de l’inviter « en toute bonne conscience ».
Un poème insultant pour Erdoğan
En mai dernier, Boris Johnson a gagné le concours de « poésie insultante à l’égard du président Erdoğan » lancé par le magazine britannique The Spectator, en réponse à la répression exercée par le président turc contre ses détracteurs. Johnson avait rédigé un limerick suggérant qu’Erdoğan avait eu des relations sexuelles avec une chèvre. Voici le poème primé dans sa totalité :
« Il était une fois un jeune homme originaire d’Ankara,
Qui était un incroyable br**leur
Il finit par faire les quatre cents coups
Avec une chèvre
Mais il n’a même pas pris le temps de la remercier. »
Les kamikazes de l’EI sont de « sérieux masturbateurs »
Au cours d’une visite au Kurdistan, dans le nord de l’Irak, Boris Johnson a pris pour cible les militants de l’EI, en suggérant que les combattants étrangers ayant rejoint l’organisation étaient sexuellement frustrés :
« Si vous regardez le profil psychologique des kamikazes, typiquement, ils regardent de la pornographie. Ce sont littéralement des br**leurs. De sérieux masturbateurs.
« Ils sont torturés. Ils ne parviennent pas à avoir de relations équilibrées avec les femmes, et c’est un symptôme du sentiment d’échec qu’ils éprouvent, de l’impression que le monde entier est contre eux.
« Ils ne réussissent pas avec les filles, alors ils se tournent vers d’autres formes de réconfort spirituel – ce qui n’a évidemment rien de réconfortant. »
Une note de bar impayée en Irak
Traduction : « Félicitations à Boris Johnson pour sa nomination comme ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni. Nous espérons que vous reviendrez bientôt au Kurdistan, Boris. »
À la suite du même voyage, au cours duquel il s’était fait photographier posant avec un AK-47 lors d’une visite aux troupes britanniques collaborant avec les peshmerga kurdes, une fuite de correspondance diplomatique a laissé entendre que le personnel des Affaires étrangères avait réglé la note de bar du maire de Londres.
Ces mêmes fonctionnaires avaient dû l’empêcher de visiter la ligne de front avec l’EI, et d’annoncer prématurément un accord commercial.
Des attitudes coloniales
En 2002, dans un éditorial du Daily Telegraph, Johnson a décrit les noirs comme « des négrillons agitant des drapeaux », aux « sourires de pastèques ». La même année, il a écrit dans The Spectator à propos de l’Afrique :
« Le continent est peut-être une tache, mais ce n’est pas une tache sur notre conscience. Le problème ne vient pas du fait que nous étions autrefois au pouvoir, mais du fait que nous ne sommes plus au pouvoir. »
Londres, le « huitième émirat du monde »
S’adressant en 2015 au Middle East Congress (conférence sur le Moyen-Orient) du Daily Telegraph, Boris Johnson a déclaré que « d’énormes vaisseaux spatiaux pleins de lingots d’or » étaient prêts à se poser dans la capitale britannique, qui bénéficiait de « l’État de droit » et procurait aux riches de ce monde « un environnement sûr » pour leur argent :
« Il y aura des fluctuations du prix du pétrole, mais aucune autre capitale au monde ne pourra remettre en cause la place de Londres en tant que huitième émirat. »
Hillary Clinton, une « infirmière sadique »
En 2007, Boris Johnson a dépeint Hillary Clinton, candidate démocrate à l’élection présidentielle des États-Unis et femme de l’ex-président Bill Clinton, comme l’incarnation de tout ce « qu’il avait décidé de combattre quand il s’est lancé dans la politique ». Il a écrit qu’elle s’était comportée à l’époque où elle était première dame « comme un mélange de Cherie Blair et de Lady Macbeth, tapant du pied, beuglant avec ses subordonnés et lançant des cendriers sur son mari volage » :
« Elle a des cheveux teints en blond, des lèvres boudeuses et un regard bleu d’acier, comme une infirmière sadique dans un hôpital psychiatrique. »
Éviter Trump
Mais les remarques faites l’année dernière par Boris Johnson à propos de Donald Trump, l’adversaire républicain présumé d’Hillary Clinton pour les élections présidentielles de novembre, ont été au moins aussi cinglantes. En réponse à la suggestion de Trump d’empêcher les musulmans d’entrer aux États-Unis, Johnson a décrit ses propos comme « mal informés » et « d’une absurdité totale » :
« La seule raison que j’ai d’éviter certains quartiers de New York, c’est que j’y courrais trop le risque de rencontrer Donal Trump. »
Traduit de l’anglais (original) par Maït Foulkes.
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