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Algérie : des entreprises sommées de rompre leurs contrats avec des sociétés étrangères

Des entreprises algériennes ont reçu ordre du président Abdelmadjid Tebboune de rompre leurs contrats avec des sociétés étrangères, notamment marocaines, susceptibles de « porter atteinte » au pays et « à sa sécurité », ont rapporté des médias locaux
Des sociétés sont accusées d’avoir « signé des contrats avec des entreprises d’origine marocaine » (AFP)
Des sociétés sont accusées d’avoir « signé des contrats avec des entreprises d’origine marocaine » (AFP)
Par AFP

« Il a été révélé de graves atteintes à la sécurité nationale du fait d’entreprises publiques et privées qui ont noué des relations contractuelles avec des entités étrangères sans considérations des intérêts économiques et stratégiques du pays », écrit le chef de l’État dans une missive datée du 25 avril mais seulement évoquée ce début de semaine par la presse locale.

Ces contrats, selon la même source, mettent « à la disposition d’entités étrangères » des « données » et « informations sensibles », est-il indiqué. 

Il est ainsi accordé un délai de dix jours à ces entreprises pour se conformer à l’instruction du président Tebboune, faute de quoi des poursuites seront engagées contre les responsables pour « concussion et complicité ».

Dégradation des relations avec le Maroc

Cette instruction présidentielle, initialement révélée par le groupe médiatique privé Ennahar, est adressée au « Premier ministre, aux membres du gouvernement et aux responsables des entreprises du secteur marchand ».

Elle fait suite à « de nombreux rapports » adressés à la présidence, mais également au recensement de transfert de devises vers l’étranger pour des « prestations » qualifiées d’ « à peine moyennes », alors que le pays traverse une crise économique.

Face à cette crise, le président Tebboune a ordonné dès mars 2020 aux entreprises publiques de ne plus avoir recours à des cabinets d’expertise étrangers afin d’économiser jusqu’à sept milliards de dollars par an.

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Quelques sociétés seulement sont nommées dans cette nouvelle instruction présidentielle, dont Djezzy, un opérateur de téléphonie mobile détenu à 51 % par l’État algérien. C’est aussi le cas de deux sociétés publiques d’assurance (la Société nationale d’assurance SAA et la Compagnie algérienne d’assurance et de réassurance CAAR), accusées d’avoir « signé des contrats avec des entreprises d’origine marocaine ».

Traditionnellement difficiles, les relations entre l’Algérie et son voisin marocain ont connu une récente dégradation, notamment sur le dossier du Sahara occidental.

Le Maroc considère cette ancienne colonie espagnole comme faisant partie intégrante de son territoire tandis qu’Alger soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario et la tenue d’un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU.

Ces derniers mois, Alger a aussi fustigé la normalisation des relations de Rabat avec Israël, dénonçant des « manœuvres étrangères » visant à la déstabiliser.

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