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En France, des députés de droite demandent à Macron une « indemnisation spéciale » pour les harkis

Selon les parlementaires signataires d’une lettre au président français, « la France doit faire un geste fort envers les descendants de ceux qui ont donné leur vie pour elle »
Des harkis défilent à Alger, le 8 mai 1957 (AFP/Jacques Grévin)
Des harkis défilent à Alger, le 8 mai 1957 (AFP/Jacques Grévin)
Par MEE

Une trentaine de députés français Les Républicains (LR, droite) ont signé, dans les colonnes du Journal du dimanche du 4 juillet, une lettre au président Emmanuel Macron demandant une « une indemnisation spéciale versée à l’occasion du 60e anniversaire des accords d’Évian [18 mars 2021] » pour les harkis, auxiliaires algériens des forces coloniales françaises durant la guerre d’indépendance (1954-1962), et leurs ayants droit.

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Emmenés par Julien Aubert, le député LR du Vaucluse, région où vivent de nombreux descendants de harkis, les pétitionnaires rappellent que, juste après la signature du cessez-le-feu du 19 mars 1962 entre la France et le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), « une grande partie des harkis ont été impitoyablement massacrés parce qu’ils avaient choisi la France ».

Les 33 députés LR avancent que « les historiens estiment ainsi, bien que les chiffres divergent beaucoup, qu’entre 50 000 et 70 000 harkis ont été assassinés après le cessez-le-feu, en représailles de leur engagement. Loin de ramener la paix entre les populations en Algérie comme cela était souhaité, ces accords [d’Évian] ont ainsi au contraire ouvert une période d'une violence extrêmement forte ».

Les chiffres des harkis ayant subis des représailles sont très controversés.

« La France doit faire un geste fort de reconnaissance envers les descendants de ceux qui ont donné leur vie ou qui se sont engagés pour elle », poursuivent les députés.

Le rapport Stora critiqué

Ils disent également regretter une « certaine sélectivité » des thèmes dans le rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie remis, en janvier dernier, par l’historien Benjamin Stora au président Macron.  

« Et Julien Aubert de citer, à titre d’exemple, ‘’les attentats commis par le FLN contre les policiers’’ et ‘’l’unilatéralisme’’ de la repentance ­­— l’Algérie se gardant bien, de son côté, de s’excuser pour les horreurs commises par le FLN au cours du conflit », note le magazine d’extrême droite Valeurs Actuelles.

« L’apaisement entre les différents acteurs de ce conflit ne pourra se faire que si chacun a le sentiment d’avoir été considéré comme il se doit », ajoutent les députés de droite signataires de cet appel.

« Ce qui compte vraiment c’est que la France reconnaisse définitivement le mal qu’elle a fait »

- Mohamed Badi, Comité national de liaison de harkis 

Après la publication du rapport Stora, l’Élysée avait précisé que le président français participerait en 2022 à trois journées de commémoration dans le cadre du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie : la journée nationale des harkis le 25 septembre, la répression d’une manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961 et les accords d’Évian du 18 mars 1962 mettant fin à la guerre.

Dans son rapport, Benjamin Stora avait souhaité la « possibilité de faciliter le déplacement des harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie ».

Cette proposition a été critiquée par le Comité national de liaison de harkis (CNLH). « C’est de la poudre aux yeux », a réagi Mohamed Badi du CNLH auprès de l’AFP, « ça existe depuis longtemps ». « Les personnes qui restent sont dans leur lit de mort ou sont âgées » et ne retourneront pas en Algérie, selon lui. « Quant aux enfants, les jeunes, quand ils y vont, ils sont mal accueillis», assure-t-il.

« Ce qui compte vraiment c’est que la France reconnaisse définitivement le mal qu’elle a fait. En cachant cette partie de l’histoire, elle fausse l’histoire », insiste Mohamed Badi.

En novembre 2020, Abdelmadjid Chikhi, chargé de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, côté algérien, avait affirmé, dans une interview à El Djeich, la revue de l’armée algérienne, que « certains dossiers [étaient] hors de discussion, tels que le sujet des harkis, d’autant que leur départ en France a été un libre choix ».

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