Tensions Ukraine-Russie : la piste du gaz algérien
L’OTAN étudierait une alternative à l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe, alors que la crise entre l’Ukraine et la Russie s’enlise sans trouver, encore, d’issue.
Selon le quotidien espagnol La Vanguardia, qui cite des responsables gouvernementaux, l’idée discutée au sein de l’Alliance atlantique serait de contrebalancer le poids des fournitures en gaz russe, dont dépend l’Europe et particulièrement l’Allemagne, grâce au gaz algérien.
L’Algérie est le troisième fournisseur de gaz de l’Union européenne (13 %) derrière la Norvège (18 %) et la Russie (50 %).
Le projet à l’étude consiste à transformer l’Espagne en plateforme de distribution du gaz algérien vers l’Allemagne, grand consommateur de cette matière, via la France en réactivant le projet de gazoduc Midcat qui devait relier la Catalogne à la France, mis entre parenthèses il y a trois ans.
Le projet avait été enterré par Madrid et Paris qui avaient estimé, à l’époque, que ce gazoduc ne serait pas rentable dans un contexte de remplacement rapide du gaz par des énergies renouvelables.
Mais il pourrait renaître de ses cendres si le plan de l’OTAN se concrétise. Selon La Vanguardia, Berlin serait « très intéressé » par cette projection, au moment où la Commission européenne vient d’inclure le gaz dans la liste des énergies vertes.
« La forte dépendance de l’Allemagne au gaz russe [50 % de la consommation du pays] apparaît désormais comme l’une des principales faiblesses géostratégiques de l’Union européenne dans le bras de force colossal avec la Russie sur le statut de l’Ukraine », rappelle le quotidien espagnol.
Cette option épouse les désirs de Washington, qui cherche des alternatives au gaz russe pour l’Europe, en tentant de créer une coalition d’exportateurs de gaz liquéfié pour renforcer les expéditions vers le Vieux Continent.
Le délicat positionnement d’Alger
« Le gaz liquéfié nécessite des stations de regazéification et la péninsule Ibérique en compte huit : sept en Espagne et une au Portugal. 30 % de la capacité de stockage de gaz liquéfié en Europe se trouve en Espagne », explique La Vanguardia. Seul souci : il n’y a pas (encore) de « tube » pour le transport de l’Espagne au reste de l’Europe, sauf si le Midcat est relancé.
En plus de l’intérêt pour l’Allemagne, locomotive économique européenne, d’avoir une nouvelle source d’approvisionnement en gaz, elle peut profiter des nouveaux pipelines pour récupérer l’hydrogène vert qu’elle projette de produire en Algérie et au Maroc.
Washington a même sondé, selon Reuters, des compagnies étrangères opérant en Algérie pour s’assurer que des quantités supérieures de gaz pouvaient être garanties pour les acheminer en Europe.
La pression mondiale sur le marché du gaz pourrait être une aubaine pour l’Algérie qui bénéficie de deux gazoducs (l’un vers l’Italie et le second vers l’Espagne) et qui vient d’augmenter de 5 %, en 2021, sa production d’hydrocarbures (gaz et pétrole).
Reste à savoir comment Alger, dont les relations avec Moscou sont très fortes sur le plan diplomatique et en raison de contrats d’armement, pourrait profiter de cette conjoncture sans froisser l’ami russe.
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