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Des Marocains appellent au boycott des dattes algériennes « radioactives »

Sur les réseaux sociaux, des militants affirment que les dattes algériennes contiennent des substances toxiques en raison de la pollution radioactive liée aux essais nucléaires français
Des agriculteurs marocains manifestent dans la ville frontalière de Figuig, le 18 mars 2021, après que les autorités algériennes ont expulsé des producteurs de dattes d’une zone frontalière (AFP)
Des agriculteurs marocains manifestent dans la ville de Figuig, le 18 mars 2021, après que les autorités algériennes ont expulsé des producteurs de dattes d’une zone frontalière (AFP)

Sur les réseaux sociaux, des militants au Maroc appellent au boycott des dattes algériennes, qu’ils soupçonnent de contenir des substances toxiques provenant de la pollution radioactive causée par les essais nucléaires français effectués dans le passé.

D’après cette campagne marocaine, les dattes algériennes ont été contaminées par des produits chimiques susceptibles de provoquer des maladies en raison de leur lieu de culture, près du Sahara algérien, où la France a effectué des essais nucléaires dans les années 1960, lorsque la nation nord-africaine était encore une de ses colonies. 

Traduction : « À l’approche du Ramadan, nous devons tous nous méfier des dattes algériennes. Elles contiennent des restes de radiations nucléaires et sont irriguées avec des eaux usées. C’est un cocktail d’ingrédients qui peut menacer votre vie et celle de votre famille. »

Le premier essai, effectué le 13 février 1960 près de Reggane, dans le désert du Sahara, avait une puissance destructrice de 70 kilotonnes, soit plus de quatre fois celle de la bombe américaine larguée sur Hiroshima à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des milliers d’Algériens souffrent encore aujourd’hui des conséquences de ces essais.

Un des premiers producteurs mondiaux

Les Marocains utilisent le hashtag #Boycott_dattes_algériennes pour demander le retrait des dattes algériennes de leurs magasins avant le mois sacré du Ramadan, qui doit commencer début avril.

Les dattes font partie intégrante de la table du Ramadan pour les musulmans du monde entier et sont appréciées toute l’année. 

Traduction : « Nous devons boycotter les dattes algériennes car nous en avons de meilleures pour le même prix, ou tout au moins consommer des dattes provenant de pays amis comme les Émirats et l’Arabie saoudite. »

L’Algérie est l’un des premiers producteurs mondiaux de dattes : elle produit plus d’un millier de variétés de ce fruit, dont la deglet nour, une datte sucrée surnommée la « reine des dattes » et très recherchée dans le monde entier.

Les dattes algériennes sont principalement cultivées dans le Sahara, entre Biskra et Adrar, à plusieurs centaines de kilomètres de la région de Reggane, où les essais ont été effectués.

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Certains utilisateurs ont appelé les consommateurs à se tourner vers les dattes locales plutôt que vers les produits algériens.

L’an dernier, une initiative similaire sur les réseaux sociaux laissait entendre que les dattes algériennes étaient infestées « d’insectes mortels ».

Cette campagne coïncidait avec l’expulsion de cultivateurs de dattes marocains de la ville frontalière de Figuig par les autorités algériennes, à la suite de tensions à la frontière, fermée depuis 1994. 

La campagne actuelle, qui intervient dans un contexte de tensions diplomatiques permanentes entre Alger et Rabat, a provoqué un tollé parmi les Algériens, qui défendent leurs dattes en soutenant qu’elles sont « exportées vers des pays du monde entier et vendues sur la plupart des marchés mondiaux sans qu’aucun problème d’ordre sanitaire ne se pose ».

Traduction : «  Comment un Marocain peut-il acheter le produit d’un pays qui cherche depuis plus de 46 ans à diviser sa patrie ? Boycotter les dattes algériennes est un devoir national. »

Les relations diplomatiques entre les deux voisins nord-africains se sont détériorées au cours des derniers mois.

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Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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