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Un journaliste palestinien entré en Israël pendant l’attaque du Hamas témoigne

Sans soldat israélien en vue, Omar est sorti de Gaza et a pénétré sur ses terres perdues. Une expérience qu’il n’oubliera jamais
Des Palestiniens brandissent leur drapeau national et se réjouissent sur un tank israélien détruit à la barrière avec la bande de Gaza, à l’est de Khan Younès, le 7 octobre 2023 (AP)
Des Palestiniens brandissent leur drapeau national et se réjouissent sur un tank israélien détruit à la barrière avec la bande de Gaza, à l’est de Khan Younès, le 7 octobre 2023 (AP)

À 6 h samedi matin, Omar a entendu le bruit d’une attaque, s’est levé et s’est dirigé vers la frontière de Gaza avec Israël.

Omar, dont Middle East Eye taira le nom par mesure de sécurité, est journaliste depuis 2005. Pour lui, le bruit des roquettes du Hamas est familier. Il a même été gravement blessé en couvrant la guerre d’Israël contre Gaza en 2006.

Pourtant, quelque chose de différent était à l’œuvre cette fois.

Les troupes israéliennes prennent position à la frontière avec Gaza, le 9 octobre 2023 (AFP/Jack Guez)
Les troupes israéliennes prennent position à la frontière avec Gaza, le 9 octobre 2023 (AFP/Jack Guez)

« Avec un ami journaliste, nous nous sommes dirigés vers la frontière et vers le poste-frontière d’Erez. Ce dernier était ouvert et une foule de gens traversaient à pied, en voiture et à moto », raconte Omar à MEE.

Au loin, des combattants palestiniens couraient vers des localités israéliennes.

Erez est le principal poste-frontière entre l’enclave assiégée de Gaza et Israël. Comme le reste de la barrière qui les sépare, il est fortement militarisé et regorge de matériel de surveillance.

« Aucune défense israélienne »

Pour beaucoup de Palestiniens qui ont eu un jour la chance d’être autorisés à quitter Gaza, Erez est un endroit familier. C’est également le point de passage vers Israël pour les travailleurs journaliers.

Pourtant, il n’y avait pas un soldat en vue. « Il n’y avait aucune défense israélienne. »

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On a dit à Omar qu’il n’y avait pas d’Israéliens à moins de 3 kilomètres de la barrière et qu’il était possible de quitter Gaza en toute sécurité et de flâner sur les terres désertes d’Israël devant eux.

« Alors des gens ont continué à marcher et nous avec. Vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui ont passé la barrière », raconte-t-il.

« Alors que nous étions sur le point de traverser la route qui menait à Erez, nous avons été visés par des frappes aériennes. Les Israéliens tentaient de couper la voie sur le poste-frontière. Un groupe de civils et de journalistes, parmi lesquels Nidal al-Wahidi [le fondateur de News Press], se trouvaient sur la zone touchée. Jusqu’à présent, on ne sait pas ce qu’il est advenu de [Nidal] et du jeune homme avec lui », poursuit Omar.

« J’étais un peu derrière, marchant avec des confrères et c’est ce qui nous a sauvés. »

Des avions de chasse israéliens tentaient de disperser la foule se dirigeant vers Erez. « Mais les gens s’en fichaient et ont continué à courir vers la frontière. Ils ne se souciaient de rien. »

Quand Omar a pénétré en Israël, sur les terres historiques de la Palestine, l’émotion l’a submergé.

« J’ai ressenti de la joie et je me suis mis à sangloter. Certains se sont mis à pleurer et se sont prostrés parce qu’ils marchaient sur la terre dont ils avaient été déplacés en 1948 »

- Omar

« J’ai ressenti de la joie et je me suis mis à sangloter. Certains se sont mis à pleurer et se sont prostrés parce qu’ils marchaient sur la terre dont ils avaient été déplacés en 1948. Nous étions éberlués en évoluant, librement, sur nos terres, à l’extérieur de la prison qu’est Gaza. »

Alors qu’Omar avançait, il est passé à côté de nombreux combattants décédés. « Je les ai photographiés. »

Puis il a commencé à voir des otages israéliens ramenés à Gaza à l’arrière de motos et dans des voitures. Des dizaines d’Israéliens sont désormais présumés détenus dans la bande de Gaza.

Omar et sa famille ont été déplacés deux fois par les bombardements ces dernières 24 heures.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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