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La Tunisie attend ses vaccins pour février 

Malgré des déclarations discordantes des différents responsables tunisiens et un flou total sur la stratégie de vaccination, plus de 100 000 Tunisiens se sont déjà inscrits pour se faire vacciner
Des médecins d’une unité de soins intensifs à l’hôpital de Gabès, au sud-ouest de la Tunisie, se préparent alors que la région connaît un pic de contaminations, le 26 août 2020 (AFP)
Des médecins d’une unité de soins intensifs à l’hôpital de Gabès, dans le sud-ouest de la Tunisie, se préparent alors que la région connaît un pic de contaminations, le 26 août 2020 (AFP)
Par Ahlem Mimouna à TUNIS, Tunisie

Alors que d’autres pays ont déjà entamé leur campagne de vaccination contre le COVID-19, la Tunisie a annoncé mercredi 20 janvier un premier arrivage de vaccins pour février.

« En février, un premier lot de 50 000 doses arrivera via COVAX [initiative mondiale visant à assurer un accès rapide et équitable aux vaccins contre le COVID-19 pour tous les pays] », a annoncé le ministre de la Santé sortant, Faouzi Mehdi, lors d’une conférence de presse, assurant la conclusion d’accords pour l’obtention de six millions de doses.

La réception de 4 millions d’autres doses est en cours de négociation, selon le ministre.  

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Cette annonce survient après des déclarations discordantes des différents responsables tunisiens et un flou total sur la stratégie de vaccination. 

Le chef du gouvernement Hichem Mechichi avait assuré, début janvier, que « la Tunisie pourrait recevoir le vaccin anti-COVID avant février », alors que des responsables du comité scientifique de protection contre le coronavirus avaient prédit un démarrage de la vaccination en avril. Le ministre de la Santé, lui, avait annoncé un début de vaccination en juin.

Face à l’absence de dates précises et de stratégie claire, certains avaient pointé du doigt le laxisme des autorités, accusées d’avoir déposé en retard le dossier auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’initiative COVAX.

D’après la vice-présidente de la commission de la santé au Parlement, Hayet Amri, la Tunisie n’avait pas parachevé son dossier présenté au mécanisme COVAX. 

Premier pays africain à autoriser Pfizer-BioNtech

Pour ne rien arranger, le ministre des Affaires étrangère Othmane Jarendi avait affirmé : « L’Algérie partagera ses vaccins avec la Tunisie. » Mais son homologue algérien n’avait pas confirmé cette information. 

« La demande de la Tunisie sera étudiée », a déclaré Abderrahmane Ben Bouzid, ministre algérien de la Santé, aux médias. « Nous devrons recevoir 500 000 doses du vaccin et l’objectif est de vacciner 60 % de la population algérienne. » 

Les autorités sanitaires ont autorisé le 11 janvier la commercialisation du vaccin Pfizer-BioNtech sur le marché tunisien. La Tunisie est le premier pays africain à avoir accordé l’autorisation à ce laboratoire, qui lui livrera deux millions de doses initialement, début avril, en achat direct.

« La Tunisie ne va acquérir que les vaccins qui correspondent à toutes les exigences de fiabilité et d’efficacité », assure Faouzi Mehdi.

Dans sa stratégie, la Tunisie vise à vacciner, gratuitement et de manière non obligatoire, 50 % de la population (soit six millions de personnes).

Pour ce faire, un système d’enregistrement a été mis en place, en ligne sur www.evax.tn, par SMS ou via USSD.

« C’est un système d’enregistrement ressemblant à celui de l’Instance supérieure indépendante pour les élections [ISIE] », a annoncé le ministre des Technologies, Mohamed Fadhel Kraiem. « Il a été réalisé en un temps record qui n’a pas dépassé les trois semaines. »

Des employées travaillent sur des échantillons dans un laboratoire à l’Institut Pasteur de Tunis, le 13 janvier 2021 (AFP)
Des employées travaillent sur des échantillons dans un laboratoire de l’Institut Pasteur de Tunis, le 13 janvier 2021 (AFP)

L’Instance nationale de protection des données personnelles (INPDP) a affirmé avoir « été consultée dans cette opération », assurant que « le système était sécurisé et sans faille, et que le respect des données personnelles était certifié ». 

Le personnel de santé, les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques seront prioritaires dans cette campagne de vaccination.

Un confinement partiel prolongé jusqu’au 14 février

Cinq niveaux de priorité figurent dans la stratégie annoncée par le gouvernement : les personnes âgées de plus de 75 ans et les professionnels de santé en charge des circuits COVID-19, les personnes âgées entre 60 et 75 ans et les professionnels de santé restant, les personnes de moins de 60 ans souffrant de maladies chroniques et les travailleurs des secteurs vitaux (forces de l’intérieur, pompiers, militaires, éducation, transport, etc.), les personnes en contact avec les personnes à risque et les personnes de plus de 18 ans et sans comorbidité.

La vaccination va être assurée par 200 équipes formées chacune de douze cadres médicaux et paramédicaux, et qui vont assurer 120 000 injections par jour.

Cette stratégie reste dynamique et la priorisation sera revue selon le calendrier de disponibilité du vaccin.

« Plus de 100 000 Tunisiens ont fait leur inscription sur la plateforme numérique en un jour », s’est félicité Hechemi Louzir, président du comité chargé du pilotage de la vaccination.

Selon les chiffres officiels, la Tunisie compte un peu plus de 195 000 cas de contaminations depuis le début de la pandémie et 6 154 décès déclarés jusqu’au 23 janvier 2021.

Un record de 103 morts a été enregistré le 21 janvier et un record de contaminations de 4 170 cas le 14 janvier.

Depuis le confinement général de mars 2020, la Tunisie n’a décrété que quatre jours de confinement (du 14 au 18 janvier), peinant à concilier contraintes économiques et situation sanitaire.

Samedi, le gouvernement a annoncé la prolongation du confinement partiel jusqu’au 14 février, qualifiant la situation épidémique de « très critique ».

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