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Maroc, Tunisie, Algérie : ce que les gouvernements ont prévu en matière de vaccination

Alors que le Maroc devrait être le premier pays d’Afrique du Nord à lancer la vaccination avant la fin de l’année, la Tunisie mise sur le printemps et l’Algérie n’a pas encore avancé de date
Le Maroc se prépare à vacciner 80 % de sa population adulte, en lançant sa campagne dès ce mois-ci. Le Chinois Sinopharm, ainsi qu’Oxford-AstraZeneca, fourniront les vaccins (AFP)
Le Maroc se prépare à vacciner 80 % de sa population adulte, en lançant sa campagne dès ce mois-ci. Le Chinois Sinopharm, ainsi qu’Oxford-AstraZeneca, fourniront les vaccins (AFP)
Par Mathieu Galtier à TUNIS, RABAT, ALGER et Tiphaine Ruppert-Abbadi et Adlene Meddi

Le coup d’envoi de la campagne de vaccination contre le COVID-19, dont la gratuité a été prononcée par le roi Mohammed VI, est imminent.

Elle se déroulera sur douze semaines, à raison de 150 à 200 vaccinations en moyenne par jour pour les personnels de santé, avec la mise en place d’un système de permanence afin d’assurer le fonctionnement normal des autres services de santé.

« Tous ceux qui sont en première ligne, au contact des patients infectés », résume Tarik Hanich, président du Conseil régional de l’Ordre des médecins de la région Marrakech-Safi (CROM-MS). 

Les personnes de plus de 45 ans ou vulnérables seront aussi prioritaires.

« Des espaces et points de de vaccination ont été aménagés, sous forme d’unités relevant de centres de santé, qui dispenseront des prestations à travers deux modes : le premier verra les bénéficiaires se déplacer eux-mêmes vers les stations de vaccination. Dans le deuxième mode, ce sont des unités mobiles qui se déplaceront vers des hôpitaux, usines, administrations, cités universitaires ou prisons », rapporte lesiteinfo qui précise que l’inscription et la prise de rendez-vous se feront en ligne, et que l’inscription sera sautomatique pour les porteurs de la carte d’identité nationale ou du titre de résidence.

Contacté, le ministère de la Santé n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Nos confrères de Médias 24 ont toutefois révélé qu’une plateforme commune aux ministères de la Santé et de l’Intérieur, tout juste créée, servira à prioriser, gérer la traçabilité ou encore générer les attestations. Un service SMS sur le vaccin va également voir le jour.

Dans la région de Marrakech, le CROM-MS travaille en collaboration avec la Direction régionale de la Santé et l’Intérieur. « La semaine dernière, nous avons [également] participé à une réunion du Conseil national de l’Ordre afin d’unifier nos façons d’agir entre régions », indique le président marrakchi à Middle East Eye.

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La structure régionale accueillera la station pour le privé, soit environ 2 000 médecins essentiellement basés dans la ville rouge. « Nous allons essayer de vacciner tout le monde dès la première semaine, avec un rappel à 21 jours. C’est un challenge mais tout devrait bien se passer : les locaux sont en train d’être réaménagés, les listes sont établies et nous avons dépêché une commission de six membres chargés de l’organisation et du suivi de la vaccination », détaille-t-il.

Les médecins excentrés seront pris en charge dans les délégations du travail de leur province.

« Le Conseil nous a demandé de fournir une liste des personnels de cabinets et cliniques privés concernés par la vaccination. Les médecins qui le souhaitent peuvent aussi se porter volontaires [pour aider à la station] », explique de son côté une généraliste de Meknès, interrogée par MEE.

Elle note cependant que, pour la vaccination de la population, « il va falloir jouer sur la médiatisation. Quand je discute avec mes patients, il y a de la méfiance, imputable en général au manque d’information. J’essaye de leur dire que le vaccin n’est pas la seule chose à avoir des effets indésirables ».

D’ici à mars 2021, 25 millions de Marocains, sur la base du volontariat, devraient avoir reçu gratuitement le vaccin.

En Tunisie, une vaccination à partir du second trimestre 2021

La Tunisie espère commencer sa campagne de vaccin anti-COVID 19 à partir du second trimestre 2021.

La stratégie de vaccination est encore en cours d’élaboration mais quatre catégories de population ont été ciblées comme prioritaires.

Elles représentent environ un quart des Tunisiens : les personnes âgées (âge minimum encore à définir), les personnes ayant des facteurs de comorbidité (diabète, insuffisance respiratoire, etc.), le personnel de santé et les travailleurs œuvrant dans les secteurs stratégiques (transport, énergie, etc.).

Les injections des deux doses se feront dans les quelque 2 200 centres de vaccination qui seront jugés aptes à gérer l’afflux de personnes : les centres antirabiques (250) et les centres dépendant de l’Office national de la famille et de la population (25).

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Ensuite, les vaccins seront proposés à l’ensemble de la population. Ils seront gratuits et sur la base du volontariat. Les autorités tablent sur une vaccination de 40 % des Tunisiens pour atteindre le seuil d’immunité collective. 

Le comité scientifique de lutte contre le coronavirus estime à 50 millions de dollars le coût pour faire vacciner environ 20 % de la population.

La Tunisie est membre du dispositif COVAX, mis sur pied par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’alliance pour les vaccins Gavi afin de permettre aux pays les moins riches de se voir attribuer le précieux produit. COVAX n’a pas encore choisi quel vaccin serait utilisé.

« Le pays est également [engagé dans des] discussions bilatérales pour obtenir six millions de doses [pour 11 millions d’habitants] avec des laboratoires dont les vaccins à base d’ARN messager ont déjà montré leur efficacité et leur innocuité », précise le professeur Hechmi Louzir, directeur de l’Institut Pasteur de Tunis et membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus.  

Ces critères correspondent aux vaccins des laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna.

En Algérie, la Russie se dit « prête à coopérer » pour une production locale

L’Algérie n’a pas encore précisé de date pour le lancement de la vaccination contre le COVID-19, ni le choix du vaccin à adopter.

Selon le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, « l’hypothèse d’un seul vaccin est écartée », puisque, d’après ce responsable, aucun pays ne peut se contenter d’un seul vaccin, citant la France qui a opté pour trois laboratoires différents pour ses précommandes de 45 millions de doses.

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Le vaccin « n’est pas obligatoire, mais il sera accessible à tout Algérien qui souhaite se faire vacciner », a expliqué le ministre. Il a déclaré aujourd’hui que le vaccin serait gratuit.

L’Algérie suit les développements des recherches cliniques dans le cadre du groupe COVAX qui compte 172 pays et est codirigé par l’OMS.

« L’acquisition du vaccin prendra le temps qu’il faudra et ce, au même titre que les autres pays. Il y a des pays qui avancent des dates avant d’en donner d’autres. Nous sommes dans une démarche très prudentielle face à la multitude des vaccins annoncés », a annoncé le ministère de la Santé fin novembre.

Mais d’autres voix au sein du comité scientifique officiel de suivi de la pandémie avancent la date de janvier 2021 pour le démarrage de la campagne de vaccination.

Début décembre, la Russie « a proposé lors d’une conférence à 55 pays, dont l’Algérie, de produire localement le vaccin [Sputnik V] développé par le centre de recherche Gamaleïa, basé dans la région de Moscou ». 

« La Russie est prête à coopérer avec l’Algérie pour lancer la production au niveau local », a déclaré à Sputnik l’ambassadeur russe à Alger, Igor Beliaev, précisant que le Fonds russe d’investissements directs avait mis en avant plusieurs possibilités pour lancer un programme commun.

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