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COVID-19 : comment le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord préparent la vaccination

MEE passe en revue les achats de vaccins et les annonces des différents gouvernements de la région
Étant donné que deux doses sont requises pour la plupart des vaccins, une commande importante peut ne suffire qu’à une petite partie de la population (AFP)
Par MEE

Ce mois-ci, les premiers vaccins contre le COVID-19 devraient commencer à être administrés à des patients du monde entier.

Certains pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont déjà commandé des doses à des fabricants comme Pfizer/BioNTech et Moderna. D’autres ne disposent pas des ressources nécessaires pour acheter ou stocker les vaccins contre le coronavirus.

Middle East Eye passe en revue les efforts déployés par les pays de la région pour obtenir le vaccin tant attendu.

carte vaccins

Algérie

Plus tôt ce mois-ci, le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid a déclaré à la radio algérienne qu’Alger avait entamé des négociations avec plusieurs laboratoires internationaux qui développent des vaccins.

Kamel Senhadji, directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a lui aussi déclaré à la radio algérienne : « En ce moment, nous étudions tous les vaccins sur le plan scientifique, et s’ils sont approuvés, nous commencerons les opérations de vaccination [en janvier] par groupes. »

L’Algérie n’a pas annoncé le moindre achat de doses.

Bahreïn

Depuis le 4 décembre, Bahreïn est le deuxième pays après la Grande-Bretagne à accorder en urgence une autorisation de mise sur le marché du vaccin de Pfizer/BioNTech. 

Le pays n’a pas révélé le nombre de doses achetées ni la date de début de la campagne de vaccination. 

En novembre, le vaccin chinois Sinopharm avait été approuvé uniquement pour les travailleurs essentiels en première ligne. Jusqu’à présent, environ 6 000 personnes ont reçu ce vaccin.

Le prince héritier de Bahreïn Salmane ben Hamad s’est porté volontaire pour les essais de phase trois d’un vaccin développé localement en septembre.

Égypte

Les ministres égyptiens des Finances et de la Santé sont en pourparlers pour obtenir 20 millions de doses du vaccin par l’intermédiaire de COVAX, une initiative internationale visant à mettre les vaccins à disposition des pays aux ressources limitées.

Le pays cherche également à acquérir des millions de doses du vaccin Oxford-AstraZeneca.

Le fonds souverain russe (RDIF) a annoncé fin novembre avoir accepté de fournir à l’Égypte 25 millions de doses de son vaccin Spoutnik V.

Ces commandes fourniraient au total 45 millions de doses. Deux doses étant nécessaires pour chaque patient, l’Égypte sera en mesure de couvrir un peu moins d’un quart de sa population (100 millions d’habitants).

Iran

Lundi, le chef de la banque centrale iranienne a déclaré que les États-Unis tentaient de bloquer les efforts du pays pour obtenir des vaccins par le biais de COVAX.

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L’Iran, le pays du Moyen-Orient le plus durement touché par la pandémie avec plus de 50 000 décès enregistrés, a indiqué prévoir d’utiliser des vaccins étrangers pendant qu’il développe son propre vaccin.

Le ministre de la Santé Saeed Namaki a laissé entendre que quatre entreprises iraniennes développaient des vaccins.

Le 3 décembre, le pays a atteint le cap du million de cas de COVID-19.

Irak

L’Irak a eu beaucoup de mal à endiguer la pandémie de coronavirus. Environ 570 000 cas et 12 500 décès y ont été officiellement enregistrés.

Aucune information n’a été rendue publique sur les efforts déployés pour obtenir un vaccin.

Israël

Israël a obtenu l’accès à six millions de doses du vaccin ARNm-1273 de Moderna.

Cette quantité couvrirait un tiers de la population israélienne.

Jordanie

Le ministre de la Santé Nathir Obeidat a déclaré que les premières doses du vaccin Pfizer seraient disponibles fin janvier.

On ne sait pas si ces doses ont déjà été commandées par le gouvernement jordanien.

Koweït

Le Koweït a conclu des accords en vue d’importer 1 million de doses du vaccin de Pfizer, 1,7 million de doses du vaccin de Moderna et 3 millions de doses du vaccin d’Oxford-AstraZeneca. 

Comme chaque individu devra recevoir deux doses du vaccin, cette quantité couvrira environ 2,5 millions de personnes, soit environ 60 % de la population koweïtienne.

Liban

Le chef de la commission parlementaire pour la santé du Liban, Assem Araji, a déclaré mardi que le pays avait acheté deux millions de doses à Pfizer.

Elles seront distribuées gratuitement et selon un ordre de priorité, a-t-il précisé.

Le ministre de la Santé par intérim Hamad Hassan avait annoncé que le Liban avait signé des accords avec Pfizer et COVAX pour recevoir des doses qui couvriront environ 2 millions des 6,8 millions d’habitants du Liban.

Libye 

Le Gouvernement d’union nationale (GNA), qui contrôle l’ouest de la Libye, a révélé avoir conclu des contrats pour l’achat de 2,7 millions de doses du vaccin par le biais de COVAX. 

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L’agence de presse étatique LANA, basée à Tripoli, a rapporté que le Bureau libyen d’audit avait approuvé l’achat de doses pour un montant de 9,6 millions de dollars.

Avec une population de six millions d’habitants, le vaccin ne protégera qu’un tiers des Libyens.

Aucune information n’a été divulguée par l’administration rivale du commandant Khalifa Haftar dans l’est de la Libye sur ses efforts visant à obtenir un vaccin.

Mauritanie 

La Mauritanie a enregistré 10 105 cas de COVID-19 et 202 décès. Aucune information n’est disponible sur les efforts déployés pour obtenir des vaccins.

Maroc

Le Maroc se prépare à vacciner 80 % de sa population adulte, en lançant sa campagne dès ce mois-ci. Le chinois Sinopharm, ainsi qu’Oxford-AstraZeneca, fourniront les vaccins. 

Selon le Premier ministre, le pays est également en discussion avec d’autres laboratoires. 

Oman

Le ministre omanais de la Santé, Ahmed ben Mohammed al-Saeedi, affirme que le sultanat a réservé 1 million de doses de vaccin via COVAX.

Avec une population de près de 5 millions d’habitants, ce serait suffisant pour 20 % de la population du pays.

Saeedi a laissé entendre que le pays avait également contacté Pfizer et commandé 370 000 doses de vaccin supplémentaires. Environ 20 000 doses seront livrées en décembre et le reste au début de l’année prochaine. 

Palestine

Le Centre médical Hadassah d’Israël est actuellement en pourparlers avec les Émirats arabes unis au sujet de la vente de 1,5 million de doses du vaccin russe Spoutnik V pour les Palestiniens de Cisjordanie occupée.

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Israël n’envisagerait toutefois pas d’utiliser de sitôt le vaccin russe sur sa propre population, et n’est pas susceptible de l’approuver dans un avenir proche.

Par ailleurs, on ne sait pas si des efforts ont été entrepris pour obtenir le vaccin pour la bande de Gaza assiégée.

Qatar

En octobre, le Qatar a signé un accord avec Moderna pour l’achat de son vaccin dès qu’il sera approuvé et commercialisé à l’échelle internationale.

Au même moment, Doha a signé un accord avec Pfizer pour recevoir une quantité tenue secrète de vaccins.

Abdullatif al-Khal, président d’un groupe national de santé sur le COVID-19, a déclaré : « Négocier tôt et conclure un certain nombre d’accords augmentent nos chances d’obtenir tôt des quantités suffisantes de vaccin. »

Il n’a pas mentionné le nombre de vaccins demandés.

Arabie saoudite

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), Riyad mettra en place un système d’inscription pour que les gens puissent recevoir le vaccin une fois qu’il sera disponible.

Un porte-parole du ministère de la Santé a laissé entendre que l’Arabie saoudite serait parmi les premiers pays à recevoir des vaccins contre le COVID-19.

On ne sait pas si Riyad a déjà commandé des doses.

Soudan

Le Soudan, qui a enregistré environ 20 000 cas et 1 300 décès, a été frappé par la pandémie de coronavirus à un moment de crise économique et d’incertitude.

Aucune information n’a filtré sur les efforts déployés pour obtenir un vaccin.

Syrie

Après dix ans de guerre, la Syrie est divisée entre le gouvernement, les forces d’opposition et une administration kurde. Le virus se serait largement propagé partout, atteignant un niveau inquiétant.

Les différentes autorités n’ont fourni aucune information sur les efforts déployés pour obtenir des vaccins.

Toutefois, en octobre, le président Bachar al-Assad a déclaré aux médias publics russes : « Tout le monde en Syrie se renseigne sur le vaccin russe [Spoutnik V] et sur le moment où il sera disponible. »

Tunisie

En octobre, le ministre de la Santé Faouzi Mehdi a affirmé que la Tunisie serait l’un des premiers pays à recevoir un vaccin.

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Lors d’une conférence de presse, il a déclaré : « La Tunisie s’est coordonnée avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les bailleurs de fonds, et a mobilisé les fonds nécessaires pour recevoir le vaccin contre le coronavirus dès sa mise sur le marché. » 

On ne sait pas si des doses ont déjà été commandées, ni combien.

Turquie

Selon le développeur du vaccin Pfizer-BioNTech, la Turquie sera l’un des premiers pays à recevoir son vaccin.

Uğur Şahin a déclaré que la société expédierait un lot en Turquie dans les trois premiers mois de 2021.

Le 25 novembre, la Turquie a signé un contrat d’achat de 50 millions de doses d’un vaccin auprès de la société chinoise Sinovac Biotech, selon le ministre de la Santé Fahrettin Koca.

Il a laissé entendre que « la campagne de vaccination pourrait commencer le 11 décembre ».

Comme deux doses sont nécessaires, cet accord n’assure la vaccination que de 25 millions de personnes en Turquie (sur une population de 82 millions d’habitants).  

Émirats arabes unis

Jusqu’à présent, des dizaines de responsables émiratis, dont le Premier ministre Mohammed ben Rachid al-Maktoum, ainsi que les soignants en première ligne, ont reçu un vaccin mis au point par le chinois Sinopharm.

Le nombre exact de vaccins achetés par les Émirats arabes unis n’a pas été divulgué.

Yémen

Le système de santé yéménite a été dévasté par cinq années de guerre et l’ONU qualifie la situation là-bas de plus grande crise humanitaire au monde.

Le coronavirus aurait durement frappé le pays en mai, mais les médecins présents au Yémen disent n’avoir testé personne de positif récemment. L’Organisation mondiale de la santé s’attend toutefois à ce qu’une deuxième vague frappe le Yémen.

On ne s’attend pas de sitôt à ce que des efforts soient déployés pour lancer une campagne vaccinale dans un pays aux prises avec la faim et diverses autres maladies mortelles, et où 21 millions de personnes ont déjà besoin d’aide.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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