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Deux vacanciers marocains, dont l’un de nationalité française, tués en mer par des garde-côtes algériens

Si ce drame est susceptible de raviver les vives frictions régionales entre l’Algérie et le Maroc, ni Rabat ni Alger n’ont publiquement réagi dans l’immédiat
Les deux hommes ont été tués alors qu’ils s’étaient égarés en jet-skis dans une zone maritime algérienne à la frontière avec le Maroc (AFP/Mahmud Turkia)
Par AFP

Deux jeunes vacanciers, l’un marocain et l’autre franco-marocain, ont été tués par des garde-côtes algériens alors qu’ils s’étaient égarés en jet-skis dans une zone maritime algérienne à la frontière avec le Maroc, ont rapporté jeudi des médias marocains citant un témoin du drame.

Selon le site d’information Le360, Bilal Kissi et Abdelali Mechouer ont été tués mardi soir par des tirs des garde-côtes algériens dans l’espace maritime algérien après s’être perdus en mer à bord de leurs jet-skis, près de la ville côtière marocaine de Saïdia (nord-est du pays).

Cette station balnéaire très prisée l’été est connue pour sa longue plage et ses activités nautiques. 

Un troisième homme, également franco-marocain, Smaïl Snabé, a été arrêté par les garde-côtes algériens et présenté mercredi devant un procureur algérien, précise Le360 qui s’appuie sur des « sources concordantes ».

Le parquet marocain a ouvert une enquête sur la mort de Bilal Kissi « après la découverte de son cadavre sur la plage de Saïdia », a indiqué le site Al Omk.

Bilal Kissi a été enterré jeudi, en présence de dizaines de proches dans le village de Bni Drar, près de Oujda, une ville limitrophe de l’Algérie, selon des images obtenues par l’AFP.

Les funérailles de Bilal Kissi dans la ville de Saïdia, le 31 août 2023 (AFP)
Les funérailles de Bilal Kissi dans la ville de Saïdia, le 31 août 2023 (AFP)

Le corps d’Abdelali Mechouar, tué aux côtés de Bilal Kissi, se trouve encore côté algérien, selon les médias marocains, qui ont précisé que Smaïl Snabé avait pour sa part été blessé et interpellé par les autorités algériennes.

« On a enterré un frère et on veut récupérer le cadavre d’Abdelali, c’est notre cousin », a déclaré un cousin de Bilal Kissi, dans une vidéo diffusée par Al Omk. Selon lui, « ces jeunes n’avaient ni de la drogue ni n’ont volé quoique ce soit, ils sont en règle. Ils étaient venus passer des vacances en famille ».

Ils travaillaient en France. « Un [des jeunes morts] a laissé deux enfants, l’autre une fille », a-t-il dit.

« Nous nous sommes perdus »

Ce drame est susceptible de raviver les vives frictions régionales entre l’Algérie et le Maroc, exacerbées par leur antagonisme sur le territoire disputé du Sahara occidental.

Toutefois, ni Rabat ni Alger n’ont publiquement réagi dans l’immédiat.

Leurs frontières sont fermées depuis 1994 et l’Algérie a rompu ses liens diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat d’« actes hostiles », une décision « complètement injustifiée » selon Rabat.

La récente reconnaissance par Israël de la « souveraineté marocaine » sur le territoire disputé du Sahara occidental a encore avivé les tensions avec Alger, qui a dénoncé des « manœuvres étrangères » à ses portes.

Les quatre jeunes gens – trois Franco-Marocains et un Marocain – étaient chacun sur un jet-ski.

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« Nous nous sommes perdus mais on a continué jusqu’à ce que nous nous retrouvions en Algérie. Nous avons su que nous étions en Algérie car un zodiac noir algérien est venu vers nous, il a commencé à zigzaguer comme s’ils voulaient nous renverser », a témoigné Mohamed Kissi, le frère aîné de Bilal, auprès du site marocain Al Omk.

Il a dit avoir été récupéré par la marine marocaine qui l’a ramené à la marina de Saïdia.

« Ils [les occupants du zodiac] ont tiré sur nous. Dieu merci, je n’ai pas été touché mais mon frère et mon ami, ils les ont tués. Ils ont arrêté mon autre ami », a-t-il ajouté.

« Nous nous sommes perdus et nous étions en panne d’essence », a-t-il souligné.

Interrogé jeudi par la presse locale, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas, n’a fait aucun commentaire, se bornant à répondre qu’il s’agissait « d’une affaire qui relève de la compétence du pouvoir judiciaire ».

Aucune confirmation n’a pu être obtenue côté algérien dans l’immédiat.

Le ministère français des Affaires étrangères a confirmé le décès d’un ressortissant et n’a pas précisé les circonstances de sa mort. La France a annoncé « l’incarcération d’un autre compatriote en Algérie dans un incident impliquant plusieurs de nos ressortissants ».

« Le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et nos ambassades au Maroc et en Algérie sont en contact étroit avec les familles de nos concitoyens, à qui nous apportons tout notre soutien », précise-t-il dans un communiqué.

« Nous sommes en contact avec les autorités marocaines et algériennes. Le parquet a été avisé », a également indiqué une porte-parole du ministère.

Le Quai d’Orsay n’a pas précisé l’identité de la personne décédée.   

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