Des musulmanes condamnent la décision de la justice européenne sur le port du hijab au travail
Des milliers de musulmanes ont fustigé une décision de justice rendue jeudi par l’Union européenne (UE), selon laquelle les employeurs peuvent en principe interdire à leur personnel de porter le hijab sur leur lieu de travail.
Une interdiction de symboles religieux tels que le foulard « peut être justifiée par le besoin de l’employeur de se présenter de manière neutre à l’égard des clients ou de prévenir des conflits sociaux », a déclaré la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans un communiqué.
L’employeur doit néanmoins démontrer qu’il ne pratique aucune discrimination entre les différentes croyances et religions, a déclaré l’institution.
Cette décision permet aux entreprises de licencier des femmes qui portent le hijab si elles travaillent en contact direct avec les clients ou si le port d’un symbole religieux est source de conflits.
Sur internet, de nombreuses femmes ont déclaré que la décision de justice illustrait le renforcement du contrôle des choix vestimentaires des femmes, tandis que certaines ont exprimé des craintes quant à l’impact de cette décision sur leurs libertés individuelles et religieuses.
Traduction : « Les choses qui m’écœurent : l’islamophobie ; les législateurs qui essaient de faire disparaître un morceau de tissu de la société et les femmes musulmanes avec ; les gens qui ne portent pas le foulard et qui en parlent constamment ; le fait que les femmes portant le foulard soient une fois de plus effacées de toutes les conversations. »
Traduction : « Ce n’est pas mon hijab qui vous met mal à l’aise, ce sont votre racisme et votre xénophobie qui vous mettent mal à l’aise face à mon hijab. »
Un certain nombre de personnes ont également exprimé leur solidarité avec les femmes qui choisissent de porter le hijab et ont critiqué cette décision.
Selon la Muslim Association of Britain, une organisation cadre qui représente et soutient les musulmans, les écoles et les mosquées dans la réalisation de projets communautaires au Royaume-Uni, ce jugement illustre une discrimination ininterrompue.
« Encore un exemple de cette pratique consistant à dire aux femmes musulmanes ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas porter. Cette fois-ci, c’est la plus haute juridiction de l’UE qui décide d’autoriser les entreprises à adopter des pratiques d’embauche islamophobes et c’est écœurant. Nous en avons assez de cette discrimination ininterrompue et de ce contrôle exercé sur les femmes musulmanes », a déclaré l’organisation dans un tweet.
Traduction : « Vraiment décevant. En accordant une protection juridique aux employeurs privés pour qu’ils puissent donner une image “neutre”, on préfère servir les préjugés pour engranger des profits et on néglige le droit des individus de ne pas subir de discrimination. Cela renforce l’islamophobie dans une UE déjà hostile. »
De nombreux internautes se demandent en quoi les symboles ou les vêtements religieux affectent le travail d’une personne et dénoncent un exemple de « discrimination légalisée ».
Traduction : « J’ai travaillé avec des femmes portant le hijab et je n’ai jamais constaté le moindre impact sur leur travail. Cela pourrait causer un conflit uniquement si les personnes qu’elles ont le malheur de rencontrer ont des préjugés à leur égard, ce qui serait la faute du fanatique et non celle de la femme en hijab. »
Des universitaires et des décideurs européens ont lancé en 2018 un « kit de lutte contre l’islamophobie », après que des recherches effectuées dans huit pays, dont le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, ont révélé une aggravation du climat d’islamophobie.
Traduction : « Au lieu de s’attaquer à l’islamophobie croissante et à la menace grandissante du terrorisme d’extrême droite, la Cour de justice de l’UE a choisi de légaliser la discrimination et les pratiques d’embauche racistes pour les entreprises privées qui veulent “se présenter de manière neutre à l’égard des clients”. »
Les activistes et organisations de défense des droits de l’homme s’inquiètent depuis longtemps du fait que l’attention portée au hijab – souvent sous le couvert de politiques interdisant les « symboles religieux ostentatoires » – dans toute l’Europe soit symptomatique de la normalisation du sentiment antimusulman dans certains pays du continent.
En 2019, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a estimé que l’interdiction du niqab en France constituait une violation des droits de l’homme.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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