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« J’ai eu un entretien téléphonique avec MBZ », Macron interrompt Biden avec de sombres nouvelles pétrolières

Dans un épisode en marge du sommet, le président français annonce à son homologue américain que les États du Golfe ne peuvent accroître leur production de pétrole
La Première ministre du Danemark Mette Frederiksen, le président américain Joe Biden et le président français Emmanuel Macron discutent à leur arrivée au dîner de gala au palais royal de Madrid dans le cadre du sommet de l’OTAN, le 28 juin 2022 (AFP)
Par MEE

Le président français Emmanuel Macron s’est frayé un chemin dans la foule lors du sommet du G7 cette semaine en Bavière (Allemagne) pour annoncer au président américain Joe Biden que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ne pourraient accroître leur production de pétrole.

« Excusez-moi, désolé de vous interrompre », interpelle Macron en s’approchant de Biden qui avançait devant son homologue français et était en pleine conversation avec son conseiller à la sécurité nationale, Jack Sullivan.

« J’ai eu un entretien téléphonique avec MBZ », indique Macron à Biden, en référence au dirigeant des Émirats arabes unis, le cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane.

« Il m’a dit deux choses. Un, je suis au maximum, maximum [des capacités de production]. C’est ce qu’il affirme. Deuxièmement, selon MBZ, les Saoudiens peuvent augmenter de 150 [mille barils par jour]. Peut-être un peu plus, mais ils n’auront pas d’énormes capacités avant au moins six mois. »

Traduction : « Imaginez ce qui se passera s’il n’y a pas de capacités supplémentaires ! Voilà Macron excité d’annoncer son scoop erroné à Biden qui ne semble pas comprendre ce qui se passe. #OOTT »

Un Jack Sullivan confus intervient et appelle à la prudence. « Attention », prévient-il. « Peut-être devrions-nous rentrer… à cause des caméras. »

Cet échange intervient alors que Joe Biden s’apprête à faire sa première visite au Moyen-Orient depuis sa prise de fonction. Les liens entre les États-Unis et l’Arabie saoudite se sont tendus notamment à cause du refus de Riyad d’accroître la production de pétrole pour maîtriser l’explosion des cours exacerbée par l’intervention russe en Ukraine.

Les remarques d’Emmanuel Macron laissent entendre que les États du Golfe ne pourraient pas faire grand-chose pour aider les pays occidentaux à infléchir les prix élevés de l’essence même s’ils le voulaient.

Peu après cet échange surpris par Reuters TV, le ministre émirati de l’Énergie Suhail al-Mazrouei a voulu clarifier les remarques du président français en précisant que la production d’Abou Dabi s’approchait du plafond autorisé dans son accord avec l’OPEP+.

L’Arabie saoudite produit actuellement 10,5 millions de barils par jour, mais les données de l’Agence internationale de l’énergie basée à Paris suggèrent qu’elle a une capacité de 12 à 12,5 millions de barils par jour. Les Émirats produisent quant à eux environ 3 millions de barils par jour, pour des capacités estimées à 3,4 millions de barils par jour.

Les prix du pétrole ont augmenté de près de 60 % par rapport à la même époque l’année dernière. Le secteur avait déjà du mal à faire face à la hausse de la demande à la suite de la reprise post-pandémie.

Les États européens et les États-Unis ont également interdit les importations de pétrole russe en raison de l’invasion de l’Ukraine, ne faisant qu’alimenter la flambée des cours.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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