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France : un maire démissionne et quitte sa ville sur fond de pressions de l’extrême droite

La maison de Yannick Morez a été incendiée en mars dans un contexte d’opposition de riverains et de l’extrême droite au déménagement d’un centre d’accueil pour réfugiés
Manifestation contre le projet de nouveau centre d’accueil pour réfugiés devant la mairie de Saint-Brévin-les-Pins, dans l’ouest de la France, le 29 avril 2023 (AFP/Fred Tanneau)
Manifestation contre le projet de nouveau centre d’accueil pour réfugiés devant la mairie de Saint-Brévin-les-Pins, dans l’ouest de la France, le 29 avril 2023 (AFP/Fred Tanneau)
Par MEE

Un maire en France a décidé de démissionner à la suite, notamment, de l’incendie de son domicile. En toile de fond : une polémique à propos de l’installation, dans sa commune, d’un centre d’accueil pour réfugiés.

Yannick Morez, maire Divers droite (DVD) de Saint-Brévin-les-Pins, commune de quelque 15 000 habitants dans l’ouest de France, a annoncé sa démission sur la page Facebook de sa mairie, le 10 mai : « J’ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile [en mars] et au manque de soutien de l’État. »

Le maire a également décidé de quitter la commune où il vivait avec sa famille depuis 32 ans.

L’incendie qui a détruit une partie de sa maison aurait un lien avec les tensions que connaît Saint-Brévin-les-Pins au sujet du projet de centre d’accueil pour les réfugiés.

Il s’agit de déplacer près d’une école élémentaire le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) qui avait ouvert en 2016 après le démantèlement de la « jungle  » de Calais.

Plusieurs manifestations, à l’appel du parti Reconquête d’Éric Zemmour, ont été organisées pour s’opposer à ce projet.  

Le maire confiait à l’époque à l’AFP se retrouver « au milieu d’une bataille qui [le] dépasse », entre un centre voulu par l’État et une opposition « politique » pilotée « de l’extérieur » (comprendre par l’extrême droite) qui a fait gonfler les rangs des protestataires locaux.

Une onde de choc dans le monde politique

La démission du maire a créé une onde de choc dans le monde politique français. C’est « très choquant », a réagi Élisabeth Borne, la Première ministre, qui a promis de « mieux protéger » les élus. Matignon a annoncé qu’elle recevrait  Yannick Morez « dans le courant de la semaine prochaine ».

Parallèlement, Dominique Faure, la ministre chargée des Collectivités, a affirmé qu’elle dévoilerait, également la semaine prochaine, « de nouveaux moyens pour prévenir et lutter contre les atteintes aux élus ». 

Emmanuel Macron, de son côté, a réaffirmé « [sa] solidarité et celle de la nation » à « cet élu de la République, à son épouse et ses enfants », dénonçant des attaques « indignes ».

De nombreux responsables, de gauche notamment, ont exprimé leur émoi quant à la décision du maire de Saint-Brévin-les-Pins. 

« L’Assemblée nationale se lève en hommage à Yannick Morez, qui vient de démissionner après l’incendie de son domicile et des menaces de l’extrême droite », a notamment écrit Manuel Bompard, député La France insoumise (extrême gauche), mercredi soir sur Twitter à l’heure où les députés se penchaient sur la création d’une commission d’enquête sur les groupuscules violents.

Mais les députés du Front National restent assis. La honte. https://t.co/ct6YjSZPl6

« Mais les députés du Front national restent assis. La honte », a-t-il également relevé, comme plusieurs de ses collègues à gauche, critiquant le mutisme des élus sur les bancs de l’extrême droite.

Sur Twitter, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place publique) a dénoncé un « désastre, un triomphe de la haine », tandis que la députée La France insoumise Clémentine Autain regrettait que ces élus soient « abandonnés à leur sort » par le pouvoir.

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