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Prières dans des écoles en France : un syndicat dénonce la « stigmatisation » des musulmans

La CGT Éduc’Action 06 a critiqué les propos du maire de Nice, Christian Estrosi, qui, avec son premier adjoint, parle de « dérive de la société », de « séparatisme en marche », et en appelle à « une grande campagne de sensibilisation au phénomène de radicalisation »
Le maire de Nice Christian Estrosi a dénoncé des « faits extrêmement graves » concernant des « enfants scolarisés qui ont fait la prière musulmane dans la cour de leur établissement » (AFP/Christophe Archambault)
Le maire de Nice Christian Estrosi a dénoncé des « faits extrêmement graves » concernant des « enfants scolarisés qui ont fait la prière musulmane dans la cour de leur établissement » (AFP/Christophe Archambault)
Par MEE

Une enquête administrative a été ordonnée vendredi 16 juin par le ministre français de l’Éducation nationale après que des écoliers de Nice (sud-est) ont organisé des prières, musulmanes selon la mairie, dans leur établissement.

« Les faits qui se sont passés dans trois écoles primaires de Nice sont intolérables », a indiqué sur Twitter le ministre Pap Ndiaye, en précisant que les parents avaient été convoqués.

« Quelques élèves ont organisé des temps religieux et de prières pendant la pause » de midi, a ajouté le ministre dans un rare communiqué commun avec le maire de droite de Nice, Christian Estrosi. 

Il a évoqué aussi d’autres faits dans un collège et un lycée de l’académie et assuré prendre « toutes les mesures nécessaires pour faire respecter la laïcité » dans les écoles françaises. 

Dans une lettre adressée à la Première ministre et rendue publique sur Twitter, le maire de Nice a dénoncé des « faits extrêmement graves » concernant des « enfants scolarisés en CM1 et CM2 [respectivement avant-dernière et dernière année de primaire en France] qui ont fait la prière musulmane dans la cour de leur établissement ou ont organisé une minute de silence à la mémoire du prophète Mohammed ».

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Trois écoles sont concernées. Parmi les écoliers impliqués, l’un « a pris l’initiative le 8 juin d’organiser une minute de silence en mémoire du prophète et appelé ses camarades à y participer », selon le maire de Nice. 

« Cet élève a été signalé en préfecture pour suspicion de radicalisation », a précisé à l’AFP la rectrice de l’académie de Nice, Natacha Chicot. 

Le rectorat a indiqué avoir prévenu la mairie de ces faits le 14 juin. 

Les faits ont eu lieu durant le temps où les enfants demi-pensionnaires restent à l’école pour jouer avant et après le déjeuner, un temps de jeu périscolaire placé sous la responsabilité de la mairie.

Le ministre de l’Éducation et le maire de Nice ont annoncé que les enseignants comme les personnels municipaux bénéficieraient d’une formation commune en plus de celles qu’ils reçoivent sur la laïcité et les valeurs de la République.

« Un battage médiatique orchestré par le maire de Nice »

Najat Vallaud-Belkacem, personnalité politique de gauche, ministre de l’Éducation sous François Hollande (2014-2017), a aussi réagi sur Europe 1 en disant qu’il fallait « être assez ferme avec ce genre de provocation ».

Tout en condamnant « tout acte de prosélytisme à l’école et ce, quelle que soit la religion concernée », le syndicat CGT Éduc’Action 06 a néanmoins mis en garde « contre tout dévoiement et toute instrumentalisation de la laïcité visant à stigmatiser les populations de culture musulmane ».

Le même syndicat a dénoncé « un battage médiatique orchestré par le maire de Nice, Christian Estrosi, depuis la publication de son communiqué du jeudi 15 juin 2023, avec le soutien du ministre de l’Éducation Nationale, de la rectrice de l’académie de Nice et de l’inspecteur d’Académie des Alpes-Maritimes ».

La CGT Éduc’Action 06 s’étonne aussi de « la rapidité de ces réactions » et ce, « avant même les résultats de l’enquête de l’Inspection générale ».

Le syndicat a également dénoncé les propos du maire de Nice, qui, avec son premier adjoint, parle de « dérive de la société », de « séparatisme en marche », et en appelle à « une grande campagne de sensibilisation au phénomène de radicalisation ».

L’attitude de ces politiques risque d’« exposer les enfants, leurs parents et l’ensemble des communautés éducatives de ces établissements à un battage médiatique délétère qui les met en danger dans un contexte où les affaires de ce type sont régulièrement montées en épingle », poursuit le syndicat.

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