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France : une nouvelle mosquée prise pour cible avec une tête de sanglier

Depuis le début du Ramadan, plusieurs mosquées françaises ont été victimes d’actes islamophobes de ce type ou ont reçu des courriers de menaces
Avant le Ramadan, Gérald Darmanin a réclamé « une présence renforcée des forces de sécurité aux heures d’arrivée et de départ des fidèles lors des rassemblements et offices » (Kenzo Tribouillard/AFP)
Avant le Ramadan, Gérald Darmanin a réclamé « une présence renforcée des forces de sécurité aux heures d’arrivée et de départ des fidèles lors des rassemblements et offices » (Kenzo Tribouillard/AFP)
Par MEE

Une enquête pour « provocation à la haine raciale » a été ouverte par le procureur de la République d’Épinal (Vosges, dans l’est de la France) après la découverte par les fidèles de la mosquée Attawba, dans le nord de Contrexéville, vendredi 29 mars, d’une tête de sanglier devant leur lieu de culte.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a réagi sur X pour « condamner ces actes inacceptables », tout comme la Grande Mosquée de Paris, qui a précisé que deux autres mosquées avaient également été ciblées : à Fresnes-sur-Escaut (Hauts-de-Seine) et à Valenciennes (Hauts-de-France).

Depuis le début du Ramadan le 11 mars et dans le contexte de la guerre à Gaza, c’est même la quatrième fois qu’un tel incident est enregistré puisqu’une tête de cochon a également été découverte par des fidèles devant la mosquée de Saint-Omer (Pas-de-Calais, nord).

Le ministre de l’intérieur avait annoncé début mars qu’il demanderait aux préfets de renforcer la sécurisation des lieux de culte musulmans pendant la période du Ramadan.

Dans une note envoyée aux préfets, Gérald Darmanin a réclamé « une présence renforcée des forces de sécurité aux heures d’arrivée et de départ des fidèles lors des rassemblements et offices » avec une attention particulière sur « les lieux et édifices les plus sensibles et emblématiques en coordination avec les forces de l’opération Sentinelle ».

Il a aussi appelé à accroître la vigilance des forces de sécurité pour l’Aïd al-Fitr le 9 ou 10 avril et pour la Nuit du destin, qui coïncide avec l’une des dix dernières nuits impaires du mois de Ramadan.

Graisse de porc

Toujours depuis le début du Ramadan, cinq mosquées d’Orléans (Loiret) et ses alentours, dans le centre de la France, ont reçu des courriers de menaces islamophobes, signés d’une étoile de David, a révélé le 21 mars un responsable musulman local, qui a porté plainte.

Le parquet d’Orléans a indiqué à l’AFP avoir ouvert une enquête, « du chef d’injure non publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ».

« Israël va vous niquez », peut-on lire sur l’une des missives, dont l’AFP a pu obtenir une copie. Le message précise que le papier est imbibé de « graisse 100 % pur porc » et est signé d’une étoile de David, dessinée au feutre bleu.

« C’est un acte affligeant, un acte grave, ciblé », a réagi auprès de l’AFP Mustapha Ettaouzani, président du Conseil départemental du culte musulman (CRCM) du Loiret. 

La préfète du département, Sophie Brocas, a condamné ces actes « avec la plus grande fermeté » sur X.

Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre, la France a connu une augmentation des actes anti-musulmans, selon des responsables de la communauté de confession ou de tradition musulmane du pays, la plus importante en Europe.

France : forte hausse des actes anti-musulmans en 2023, dont plus de la moitié depuis le 7 octobre
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Sur l’année 2023, le ministère de l’Intérieur a noté une progression des actes antimusulmans de 30 % par rapport à 2022. Parmi les 242 faits recensés, plus de la moitié ont été commis au cours des trois derniers mois de l’année, ce qui indique clairement un lien avec l’offensive israélienne.

Reconnaissant que les actes antimusulmans dans le pays sont « manifestement encore sous-estimés », Gérald Darmanin a annoncé la création, « avec le soutien de l’État », d’une nouvelle organisation à but non lucratif, l’Association de défense contre les discriminations et actes antimusulmans (ADDAM), dont l’objectif sera d’assurer une « meilleure remontée auprès des autorités » de ces violences.

Le Ramadan, « le baromètre de l’islamisation de la société française »

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, s’est alarmé début novembre de « la libération progressive » d’une « parole essentialiste, stigmatisante, raciste et haineuse contre les musulmans de France ».

Après l’incident à Contrexéville, la Grande Mosquée a d’ailleurs condamné « l’impact néfaste des discours médiatiques haineux, qui attisent les flammes de la division et de l’intolérance », en évoquant sans les citer les discours de l’extrême droite.

Invitée de l’émission « Touche pas à mon poste » vendredi 15 mars, Marion Maréchal, vice-présidente du parti d’extrême droite Reconquête !, a regretté « l’omniprésence » du Ramadan en France, selon elle « le baromètre de l’islamisation de la société française ».

« Je ne souhaite pas que le Ramadan devienne une fête française aujourd’hui au même titre que la fête de Noël ou la fête de Pâques », a-t-elle déclaré.

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