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Guerre au Soudan : les conséquences d’une année de conflit en chiffres

Alors que des milliers de Soudanais ont perdu la vie à cause des combats et que des millions d’autres sont menacés de famine, l’ONU appelle à une aide d’urgence
Les forces de sécurité soudanaises patrouillent dans un quartier commercial de la ville de Gedaref, dans l’est du Soudan, pendant la guerre civile en cours, le 3 avril 2024 (AFP)
Par MEE

Un an après le début de la guerre civile au Soudan, une grande partie du pays est en ruine et le bilan des victimes ne cesse de s’alourdir.

La guerre entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de Hemetti, et les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, a débuté le 15 avril 2023.

Derrière les images de guerre et les témoignages, les statistiques sont terribles.

Selon l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), cité par les Nations unies, plus de 15 550 décès ont été signalés au Soudan au cours de cette année de guerre. Ce chiffre pourrait toutefois être bien inférieur au nombre réel de morts.

La plupart des violences, selon l’ACLED, ont été enregistrées à Khartoum. « Les violences ciblées au Darfour étaient deux fois plus susceptibles d’être meurtrières pour les civils que les violences ciblées dans d’autres États du Soudan », a précisé l’organisation, ajoutant que 32 % de tous les décès de civils signalés avaient été enregistrés dans la région occidentale du pays.

De fait, des experts de l’ONU ont déclaré en janvier que 10 000 à 15 000 personnes avaient été tuées rien qu’à el-Geneina, la capitale de l’État du Darfour occidental. En juin et novembre, Middle East Eye a fait état de massacres dans la ville lorsque les FSR et des milices arabes alliées ont pris pour cible des membres de la communauté noire africaine massalit.

La guerre a par ailleurs entraîné le déplacement de 10,7 millions de personnes, selon le Conseil norvégien pour les réfugiés, soit le deuxième plus grand nombre recensé au XXIe siècle après la guerre en Syrie. Environ 1,7 million d’entre eux se trouvent dans les pays voisins, notamment au Tchad et en Égypte.

En outre, à cause des combats, 25 millions de Soudanais souffrent de faim ou de malnutrition, tandis que des enfants meurent de faim dans tout le pays.

« Catastrophe » pour les enfants

Ce lundi, l’UNICEF, l’agence des Nations Unies pour l’enfance, a publié une série de statistiques sur l’ampleur de la catastrophe au Soudan, en particulier son impact sur les enfants.

L’organisation onusienne a déclaré qu’environ 8,9 millions d’enfants faisaient actuellement face à une insécurité alimentaire aiguë et que 4,9 millions d’entre eux avaient désormais atteint un niveau d’urgence.

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Selon les estimations, près de quatre millions d’enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition aiguë cette année.

Environ 730 000 enfants devraient souffrir de malnutrition aiguë sévère potentiellement mortelle, tandis que plus de 90 % des 19 millions d’enfants d’âge scolaire du pays n’ont pas accès à l’éducation formelle.

« Cette guerre brutale et cette famine potentielle créent un environnement menaçant propice à une perte catastrophique de vies d’enfants », a déclaré lundi le directeur exécutif adjoint de l’UNICEF, Ted Chaiban.

« Près de la moitié des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère se trouvent dans des zones difficiles d’accès, où les combats se poursuivent, ce qui rend leurs conditions encore plus désastreuses. »

L’UNICEF a également déclaré qu’elle demandait de toute urgence 240 millions de dollars pour les six prochains mois afin de prévenir la famine dans les 93 endroits les plus vulnérables du Soudan, qui abritent 3,5 millions d’enfants de moins de cinq ans.

Selon Médecins sans frontières (MSF), au moins un enfant meurt toutes les deux heures rien que dans le camp de déplacés de Zamzam, dans le Darfour du Nord.

L’ONU a prévenu que « 222 000 enfants pourraient mourir de faim d’ici quelques semaines ou quelques mois » et « plus de 700 000 cette année ».

Besoin d’aide

D’après l’ONU, 2,7 milliards de dollars sont nécessaires pour fournir de l’aide à l’intérieur du pays, et 1,4 milliard supplémentaire pour venir en aide aux pays voisins qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés.

Une conférence humanitaire consacrée au conflit au Soudan s’est tenue à Paris ce 15 avril afin de lever des fonds pour alimenter le plan de réponse des Nations unies, qui n’était financé qu’à hauteur de 5 % jusqu’à présent.

Plus de 2 milliards d’euros de promesses ont finalement été recueillis, soit la moitié des 4 milliards nécessaires demandés par l’ONU.

Traduit de l’anglais (original) et actualisé.

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