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Les raids israéliens se poursuivent sur Gaza, un quatrième chef du Jihad islamique tué

L’opération « Bouclier et flèche » menée par l’armée israélienne sur la bande de Gaza s’est poursuivie cette nuit. Depuis mardi, les frappes ont tué au moins 25 personnes
Des Palestiniens en deuil assistent aux funérailles du commandant du Jihad islamique Ali Ghali et de son frère Mahmoud, tués lors d’une frappe israélienne, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 mai 2023 (Said Khatib)
Des Palestiniens en deuil assistent aux funérailles du commandant du Jihad islamique Ali Ghali et de son frère Mahmoud, tués lors d’une frappe israélienne, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 mai 2023 (Said Khatib)
Par MEE

Israël a éliminé jeudi 11 mai avant l’aube un autre chef militaire du Jihad islamique palestinien et une fillette de 10 ans dans une nouvelle frappe sur la bande de Gaza, où l’opération « Bouclier et flèche » a fait 25 morts depuis mardi, selon les autorités locales.

Le Jihad islamique, qui a tiré depuis mercredi après-midi plusieurs centaines de roquettes n’ayant fait à ce stade aucun blessé en Israël, a affirmé que « les assassinats israéliens ne [resteraient] pas impunis et [que] toutes les options [étaient] sur la table pour la résistance ».

Dans un communiqué, les Brigades al-Qods, branche armée du Jihad islamique, ont annoncé qu’« Ali Ghali, commandant [son] unité de lancement de roquettes [avait] été assassiné dans le sud de la bande de Gaza avec d’autres martyrs ».

Traduction : « Le commandant de l’unité de lancement de roquettes du Jihad islamique, Ali Gahli, a été tué dans la dernière frappe israélienne sur Khan Younès, au sud de Gaza. Les Brigades al-Qods ont publié un communiqué pour pleurer sa mort. »

Les combats se sont intensifiés mercredi, avec des frappes aériennes israéliennes sur Gaza et des roquettes tirées sur le sud et le centre d’Israël.

Selon des témoins, le haut d’un immeuble a été détruit par la frappe israélienne, à Khan Younès, et, selon des sources médicales palestiniennes, deux autres personnes ont été tuées avec lui.

Il s’agit a priori de membres du Jihad islamique, a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué confirmant que « des avions de combat [avaient] visé » Ghali alors qu’il « se cachait dans un appartement à Khan Younès ».

« L’explosion m’a projeté contre l’armoire. Mon frère de 17 ans, Abdul Karim, dormait quand le mur s’est effondré sur lui »

- Abdallah Nakhala, un habitant de Khan Younès

« À 1 h 30, je me suis levé pour aller aux toilettes quand l’appartement a été bombardé », raconte à Middle East Eye Abdallah Nakhala, qui habite la maison voisine.

« L’explosion m’a projeté contre l’armoire. Mon frère de 17 ans, Abdul Karim, dormait quand le mur s’est effondré sur lui », poursuit-il.

« Je ne pouvais pas bouger car je ne réalisais pas ce qui était en train d’arriver et la fumée remplissait la pièce. Mes voisins se sont précipités pour enlever les décombres et pour sortir mes frères », a-t-il ajouté.

Abdallah et Abdul Karim ont tous les deux été légèrement blessés lors de l’attaque.

« Il y avait douze personnes dans l’appartement, dont trois enfants. Lorsque le bombardement s’est produit, ils ont commencé à crier et ont éclaté en sanglots de terreur. »

Traduction : « Des Palestiniens inspectent les décombres d’un bâtiment, à la suite d’une frappe aérienne israélienne, à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza. »

Mohammad al-Masri, un propriétaire de la ville de Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza, a réussi à évacuer sa maison avec sa famille quelques minutes avant qu’elle ne soit rasée.

« En attaquant les maisons des civils, l’occupant prouve qu’il n’a aucune morale. Ils [les Israéliens] prétendent que ces bâtiments abritent des combattants ou sont utilisés pour stocker des armes, mais rien de tout cela n’est vrai », témoigne-t-il à MEE.

« Hier, ils ont frappé une zone dégagée en prétendant qu’ils visaient des combattants et plus tard, il s’est avéré qu’il s’agissait d’agriculteurs qui ramassaient leurs récoltes. Ils inventent ces explications juste pour justifier leurs actions auprès de leur peuple. »

Mohammad raconte qu’après une frappe d’avertissement sur la maison, il est sorti précipitamment avec sa famille au milieu de la nuit, pieds nus et sans endroit où aller.

« J’ai passé quinze ans de ma vie à économiser pour construire cette maison. En un instant, elle est partie. Où est-ce que nous allons aller maintenant ? Nous allons dormir dans la rue ? »

« Ce tour n’est pas terminé »

Selon un décompte de l’armée israélienne arrêté dans la soirée de mercredi, avant plusieurs dizaines d’autres tirs, 469 roquettes ont été lancées de la bande de Gaza, sur lesquelles 333 sont entrée dans l’espace israélien. Plus de la moitié a été interceptée par la défense antimissiles.

Dans un discours diffusé à la télé, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a affirmé qu’Israël avait porté un coup dur aux groupes de Gaza. Mais il a averti : « Ce tour n’est pas terminé. »

« Nous disons aux terroristes et à ceux qui les envoient : vous ne pouvez pas vous cacher et c'est nous qui choisissons le lieu où nous vous portons atteinte », a-t-il précisé en ajoutant qu’Israël choisirait quand rétablir le calme.

Traduction : « Une fillette traumatisée par la perte d’un de ses parents à la suite du bombardement israélien à l’aube [ce jeudi] sur Gaza. »

L’Iran, qui soutient le Jihad islamique, a dénoncé les « atrocités des sionistes ».

« La Palestine et ses groupes de résistance sont unis, déterminés et équipés. Comme par le passé, le régime occupant » n’obtiendra « rien d’autre, en commettant des crimes, que la défaite », a déclaré sur son compte Twitter le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani.

L’Égypte a annoncé dans la soirée qu’elle avait négocié un cessez-le-feu, mais d’intenses combats se sont poursuivis dans la nuit de mercredi à jeudi jusqu’à l’aube.

L’Égypte, le Qatar et l’ONU continuent ce jeudi les efforts de médiation pour parvenir à une trêve entre Israël et les groupes armés palestiniens.

Des médias arabes ont suggéré que des groupes palestiniens avaient demandé à Israël, dans le cadre du cessez-le-feu, de mettre fin à la politique d’assassinat de dirigeants dans leurs maisons.

Ils auraient également demandé à Israël de transférer le corps de Khader Adnan, un Palestinien décédé après une grève de la faim alors qu’il était détenu par Israël au début du mois, à sa famille pour qu’il soit enterré.

Une Palestinienne regarde les décombres d’un immeuble après une frappe aérienne israélienne, à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 11 mai 2023 (AFP/Mohammed Abed)
Une Palestinienne regarde les décombres d’un immeuble après une frappe aérienne israélienne, à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 11 mai 2023 (AFP/Mohammed Abed)

De hauts responsables israéliens ont démenti les informations suggérant qu’ils avaient accepté de mettre fin à la politique d’assassinat des dirigeants palestiniens dans le cadre des pourparlers de cessez-le-feu en cours.

Un responsable du gouvernement a par ailleurs déclaré au journal Haaretz que « la politique d’assassinats ciblés ne sera[it] pas retirée de la table ».

Les ministres des Affaires étrangères allemand, français, égyptien et jordanien ont appelé jeudi à la désescalade après plusieurs jours d’échanges de tir entre des groupes armés de la bande de Gaza et Israël.

« L’effusion de sang doit s’arrêter maintenant », a déclaré la chef de la diplomatie allemande Annalena Baerbock lors d’une rencontre avec ses trois homologues à Berlin. « Nous devons nous opposer ensemble aux opérations militaires, la violence doit cesser », a ajouté le ministre jordanien Ayman Safadi lors d’une conférence de presse.

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