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Guerre à Gaza : Israël va restreindre l’accès des Palestiniens à la mosquée al-Aqsa pendant le Ramadan

Malgré les objections du Shin-Bet, qui redoute des « troubles majeurs », Benny Gantz, membre de cabinet de guerre israélien, a confirmé que des mesures seraient prises pour limiter l’accès des Palestiniens au troisième site le plus sacré de l’islam
Des soldats israéliens montent la garde pendant que des musulmans palestiniens accomplissent la prière du vendredi midi près d’une rue bloquée par les forces de sécurité israéliennes, alors que des restrictions d’âge ont été imposées pour accéder à la mosquée Aqsa, le 26 janvier 2024 (AFP/Ahmed Gharabli)
Par MEE

Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyaou, a confirmé dimanche 18 février au soir l’information donnée par plusieurs chaînes de télévision israéliennes : l’entrée des Palestiniens au complexe de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem-Est occupée sera soumise à des restrictions pendant toute la durée du Ramadan, qui doit débuter autour du 10 mars.

Cette mesure vise à contrecarrer les manifestations de sympathie à l’égard du Hamas (notamment via la présence de drapeaux du mouvement).

La police a notamment recommandé de soumettre l’accès au complexe de la mosquée, le troisième site le plus sacré de l’islam, à des restrictions d’âge et de limiter le nombre de fidèles palestiniens autorisés à entrer.

Traduction : « N’oubliez pas que le Ramadan commence le 10 mars. Un accès bloqué à la mosquée al-Aqsa pendant cette période constituerait une telle provocation envers la communauté musulmane palestinienne qu’elle déclencherait de très vives réactions. »

« Malgré les avertissements du Shin Bet [l’agence de sécurité intérieure] quant aux troubles potentiels entre les Palestiniens et la police israélienne, Netanyahou a accepté une recommandation du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir », a rapporté la télévision Channel 13.

En effet, le Shin Bet se serait opposé à cette proposition et aurait recommandé un accès sans restriction aux fidèles palestiniens, craignant « des troubles majeurs ».

L’agence de sécurité estime même que les perturbations pourraient être plus « dangereuses » que l’éruption de tensions à Jérusalem, en Cisjordanie et dans les territoires environnants en 1948, lorsque l’État d’Israël a été proclamé.

Lors de discussions entre plusieurs agences gouvernementales sur la question, les responsables sécuritaires ont fait part de leurs inquiétudes au sujet des décisions du ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, susceptibles d’aggraver les tensions en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.

Interdite aux moins de 70 ans

Les restrictions d’accès au complexe prévues pour Ramadan ne sont pas encore connues. Mais Ben-Gvir aurait demandé que les citoyens palestiniens d’Israël âgés de moins de 70 ans soient interdits d’entrer dans le lieu saint.

Depuis le début de la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza, la police israélienne a déjà restreint l’accès des musulmans palestiniens à la mosquée al-Aqsa, en particulier le vendredi.

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Malgré ces restrictions, et pour la première fois depuis le début de la guerre, quelque 25 000 fidèles palestiniens ont pu entrer dans la mosquée al-Aqsa à Jérusalem-Est, vendredi 16 février pour y accomplir la prière du vendredi.

Il s’agit de la plus longue série de vendredis consécutifs au cours desquels les autorités israéliennes ont empêché les Palestiniens de prier dans la mosquée, depuis le 7 octobre, a déclaré à l’agence de presse Anadolu un responsable du département des dotations islamiques de Jérusalem, qui a requis l’anonymat.

Dimanche, en Cisjordanie occupée, trois Palestiniens ont aussi été tués, dont deux Palestiniens à Tulkarem et un membre des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP) à Naplouse.

Outre le risque que les restrictions imposées à al-Aqsa ne déclenchent des troubles en Cisjordanie occupée – où Israël a intensifié ses raids quasi quotidiens depuis le début de la guerre le 7 octobre – une offensive sur Rafah à l’approche du Ramadan pourrait aggraver encore la situation.

Ultimatum

Or Israël a averti que son armée attaquerait Rafah si les otages israéliens détenus à Gaza n’étaient pas libérés d’ici au début du Ramadan.

« Le Hamas a le choix. Ils peuvent se rendre, libérer les otages et les civils de Gaza pourront ainsi célébrer la fête du Ramadan », a ajouté l’ex-chef d’état-major dans un discours devant la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines.

Les pression internationales se sont accentuées face à la perspective d’une offensive contre Rafah, où se sont réfugiés 1,4 million de Palestiniens, que Benyamin Netanyahou se montre déterminé à lancer. Le président français Emmanuel Macron et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont notamment exprimé dimanche « leur ferme opposition » à une offensive ainsi « qu’à tout déplacement forcé de populations » vers l’Égypte.

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Ce lundi 19 février à La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction des Nations unies, doit commencer à examiner les conséquences juridiques de l’occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967.

Principal allié d’Israël, les États-Unis menacent pour leur part de bloquer un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU exigeant « un cessez-le-feu humanitaire immédiat ».

Washington menace de mettre son veto au texte présenté par l’Algérie au motif qu’un vote pourrait « aller à l’encontre » des négociations impliquant les médiateurs égyptien, américain et qatari en vue d’une trêve et d’une libération d’otages.

Le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani a cependant affirmé samedi que ces pourparlers n’étaient « pas très prometteurs ».

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