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Guerre à Gaza : les forces israéliennes tuent un Palestinien après lui avoir demandé d’avertir les déplacés d’évacuer l’hôpital

Un journaliste témoin de la scène à l’hôpital al-Nasser affirme que l’homme a prévenu les déplacés avant d’être abattu par un sniper
L’homme palestinien, envoyé à l’intérieur de l’hôpital pour avertir les déplacés d’évacuer, aurait été abattu de trois balles (X/Capture d’écran)
L’homme palestinien, envoyé à l’intérieur de l’hôpital pour avertir les déplacés d’évacuer, aurait été abattu de trois balles (X/Capture d’écran)

Les forces israéliennes ont abattu un Palestinien mardi 13 février après l’avoir envoyé à l’hôpital al-Nasser de Khan Younès (sud) pour avertir les déplacés qui s’y trouvaient d’évacuer, selon les médias locaux.

Sur des images diffusées en ligne, on voit l’homme, vêtu d’une combinaison de protection et les mains liées, parler à des Palestiniens à l’intérieur de l’hôpital.

Selon le témoignage vidéo du journaliste palestinien Mohammed Akram al-Helo, relayé par les médias locaux, l’homme a été arrêté à l’hôpital et détenu par les forces israéliennes, avant d’y être renvoyé pour avertir les personnes présentes à l’hôpital qu’elles devaient quitter le bâtiment.

Traduction : « Couverture médiatique : sur l’exécution d’un détenu par les forces d’occupation israéliennes au sein du complexe médical al-Nasser à Khan Younès »

« Il a raconté que les forces israéliennes l’avaient harcelé et maltraité, et que s’il ne faisait pas ce qu’on lui demandait, elles prendraient d’assaut l’hôpital, blesseraient les gens et le tueraient », explique Mohammed Akram al-Helo.

« Lorsqu’il a finalement quitté l’hôpital après avoir fait ce qu’on lui a demandé, les soldats israéliens lui ont tiré dessus, à trois reprises, de sang-froid, à proximité de l’hôpital », ajoute-t-il. « Sa mère a essayé de le convaincre de ne pas sortir de l’hôpital, mais il devait sortir parce qu’il était gravement menacé. »

Haut-parleurs montés sur un drone

Un chirurgien de l’hôpital al-Nasser confirme à Middle East Eye que des civils ont été tués, mais on ignore s’ils comptaient parmi eux l’homme qui avait été envoyé par les Israéliens.

Le Dr Khaled Alserr, l’un des derniers chirurgiens de l’hôpital, décrit une scène « horrible » pendant les attaques contre l’établissement et ses environs dans des notes vocales envoyées à MEE via un service de messagerie instantanée.

« Aujourd’hui, l’armée israélienne a annoncé à tout le monde qu’elle allait bombarder l’hôpital et a ordonné d’évacuer l’hôpital dans la demi-heure qui suivait », rapporte le Dr Khaled Alserr.

« Bien qu’ils aient demandé aux gens d’évacuer l’hôpital par un ‘’chemin sécurisé’’, ils ont tiré sur trois civils devant les portes de l’hôpital »

- Khaled Alserr, médecin

« Ils [les Israéliens] ont crié sur les gens avec des haut-parleurs montés sur un drone et ont envoyé des messages par l’intermédiaire de personnes qu’ils avaient détenues jusque-là, en les envoyantauprès de l’administration de l’hôpital, pour informer les gens qu’il fallait évacuer. »

Le témoignage du Dr Khaled Alserr confirme que des Palestiniens ont été tués à l’entrée de l’hôpital.

« Bien qu’ils aient demandé aux gens d’évacuer l’hôpital par un ‘’chemin sécurisé’’, ils ont tiré sur trois civils devant les portes de l’hôpital », ajoute-t-il.

Le ministère palestinien de la Santé a indiqué mardi 13 février que trois personnes avaient été tuées par des tirs de snipers israéliens à l’hôpital, et que dix autres personnes avaient été blessées.

Le ministère a prévenu que la situation devenait de plus en plus dangereuse pour les civils à mesure que les forces israéliennes intensifiaient leur offensive dans la région.

Un entrepôt de fournitures médicales a pris feu lors de l’attaque. Le ministère a déclaré qu’environ 80 % du contenu de l’entrepôt avait été complètement détruit.

« Les soldats tirent sur tout ce qui bouge »

Mercredi 14 février, le journaliste d’Al Jazeera Hani Mahmoud a déclaré que la situation devenait « de plus en plus risquée » pour le personnel médical et les centaines de personnes déplacées qui s’y sont réfugiées.

L’entrée nord de l’hôpital a été détruite et est désormais bloquée par un amas de débris et de sable, a indiqué Hani Mahmoud, ajoutant que l’hôpital avait été transformé en « zone de combat ».

« Les soldats tirent sur tout ce qui bouge, y compris sur un médecin et une infirmière. Il y a des corps dans la cour », explique-t-il.

« Ces personnes ont été tuées après avoir reçu l’ordre d’évacuer. La situation est extrêmement accablante pour les personnes qui se trouvent à l’intérieur de l’établissement en ce moment. »

Les attaques israéliennes contre les hôpitaux peuvent constituer une violation des conventions de Genève, qui exigent la protection des installations médicales.

« Il est interdit de faire des hôpitaux civils reconnus une zone de conflit. Il est également interdit d’utiliser les populations civiles, les malades ou les blessés comme boucliers humains. C’est un crime de guerre, tout comme le fait de combattre à l’intérieur d’un hôpital », a déclaré au Guardian Mathilde Philip-Gay, experte en droit international.

L’article 8 du Statut de Rome, qui a institué la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, interdit également : « Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments consacrés à la religion, à l’enseignement, à l’art, à la science ou à l’action caritative, des monuments historiques, des hôpitaux et des lieux où des malades ou des blessés sont rassemblés. »

Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.

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