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Guerre Israël-Palestine : un civil affirme que des soldats l’ont utilisé comme bouclier humain dans un tunnel du Hamas

Un Palestinien de Gaza se présentant comme l’un des hommes arrêtés et photographiés en sous-vêtements par Israël la semaine dernière dit avoir été forcé par les soldats à pénétrer dans un tunnel du Hamas avec une ceinture d’explosifs attachée à la taille
Un jeune Palestinien marche dans un tunnel utilisé pour les exercices militaires du Hamas dans la ville de Gaza en 2016 (photo d’archives/AP)

Un civil palestinien arrêté par les forces israéliennes dans la bande de Gaza la semaine dernière affirme que les soldats lui ont fait porter une ceinture d’explosifs avant de le forcer à pénétrer dans un tunnel soupçonné d’être utilisé par le Hamas.

Hakim, 30 ans, déclare à Middle East Eye que les soldats israéliens l’ont utilisé comme bouclier humain dans leur recherche de combattants du Hamas sous terre.

Le Palestinien, qui n’a souhaité donner que son prénom et a été libéré il y a deux jours, dit être l’un des hommes vus ligotés et en sous-vêtements après leur arrestation par des soldats israéliens sur des photographies et vidéos la semaine dernière.

Un soldat, se souvient-il, lui a dit qu’il voulait l’envoyer vers son Dieu, avant de l’emmener dans un tunnel du Hamas.

« Il m’a fait porter une ceinture remplie d’explosifs et m’a placé une caméra GoPro sur la tête ainsi qu’une corde autour de la taille », explique Hakim à MEE.

Il raconte avoir ensuite été poussé dans le tunnel et avoir reçu l’ordre de l’explorer à la recherche de combattants.

« Ils étaient prêts à faire exploser le tunnel en utilisant mon corps si la caméra sur ma tête montrait des combattants à l’intérieur »

- Hakim, un civil palestinien arrêté à Gaza

« Ils étaient prêts à faire exploser le tunnel en utilisant mon corps si la caméra sur ma tête montrait des combattants à l’intérieur », estime-t-il.

« J’étais sûr à 100 % que j’allais être tué à ce moment-là, mais ensuite ils m’ont tiré hors du tunnel quand ils n’ont rien trouvé à l’intérieur. »

Selon Hakim, un enfant de 15 ans aurait subi le même traitement. L’adolescent, qui était détenu avec Hakim, a survécu et a été libéré trois jours plus tard, selon lui.

Middle East Eye a sollicité un commentaire de l’armée israélienne à ce sujet.

Le Hamas disposerait d’un vaste réseau de tunnels à travers la bande de Gaza, où, selon Israël, des milliers de combattants du groupe se cachent et opèrent.

Depuis l’attaque menée le 7 octobre par le Hamas contre des communautés israéliennes près de Gaza, durant laquelle quelque 1 100 personnes ont été tuées, l’armée israélienne a mené une campagne aérienne et terrestre intensive contre l’enclave côtière qui a coûté la vie à plus de 18 700 Palestiniens jusqu’à présent.

Israël affirme qu’il ne mettra fin à la guerre que lorsque le Hamas aura été éradiqué. L’armée israélienne estime avoir tué entre 2 000 et 6 000 des 30 000 combattants supposés du groupe à Gaza.

Ces derniers jours, Israël a commencé à inonder d’eau de mer les tunnels du Hamas, malgré la présence possible d’environ 130 prisonniers israéliens dans ces galeries souterraines.

Disparitions forcées

Si Hakim a été libéré, son frère et d’autres membres de sa famille restent détenus par Israël.

« Nous sommes restés sans nourriture pendant des jours. On nous donnait parfois de l’eau à boire et nous étions insultés avec les pires mots qu’on puisse imaginer », raconte Hakim.

Israël a publié il y a une semaine des images de dizaines de prisonniers palestiniens à moitié nus, alléguant qu’il s’agissait de combattants du Hamas qui se rendaient.

Photo publiée par l’armée israélienne montrant des hommes emmenés par des soldats israéliens près de l’hôpital Kamal Adwan de Gaza (Reuters)
Photo publiée par l’armée israélienne montrant des hommes emmenés par des soldats israéliens près de l’hôpital Kamal Adwan de Gaza (Reuters)

Cependant, des témoins oculaires, des Palestiniens libérés et des proches des hommes arrêtés ont indiqué à Middle East Eye qu’il s’agissait de civils.

Le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré lundi que son administration trouvait les images « profondément perturbantes ».

« Nous recherchons davantage d’informations à la fois sur la nature des images et bien entendu sur la raison pour laquelle elles sont publiques en premier lieu », a-t-il ajouté.

Mardi, le Hamas a nié qu’il pourrait s’agir de membres de sa branche militaire, les brigades al-Qassam.

Et ce vendredi, un responsable du ministère palestinien de la Santé à Gaza a déclaré à la télévision Al Araby que des soldats israéliens avaient obligé des civils à porter des fusils et affirmé ensuite qu’ils étaient des combattants.

Selon le responsable, les armes avaient été confisquées à des policiers à l’hôpital Kamal Adwan et les civils ont reçu l’ordre de les tenir puis ont été filmés par les forces israéliennes.

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Hakim, pour sa part, a déclaré que ni lui ni aucun de ses proches arrêtés n’avaient quoi que ce soit à voir avec des groupes armés de Gaza.

Il indique en outre qu’ils ont été détenus dans une cour d’école, dans le froid.

« Nous avons été interrogés sur le Hamas et la résistance palestinienne. Ils ont libéré les femmes et les enfants et gardé les hommes », poursuit-il.

Le Centre palestinien pour les droits de l’homme, Al-Mezan et Al-Haq, trois importantes associations palestiniennes de défense des droits de l’homme, ont exigé mardi la fin des disparitions forcées de centaines de Palestiniens à Gaza, dont des dizaines de femmes et de filles.

« Selon les informations et témoignages recueillis par nos équipes, les autorités israéliennes mènent depuis plusieurs jours des opérations d’arrestations de grande envergure, notamment dans le nord de Gaza, procédant à l’arrestation de Palestiniens chez eux ou dans les écoles de l’UNRWA [l’agence de l’ONU pour les réfugiés] », peut-on lire dans leur communiqué.

Muhammad Lubbad, un Palestinien qui vit à l’étranger, a déclaré à MEE qu’il avait identifié certains de ses proches sur les photos d’hommes arrêtés.

« [Les Israéliens] mentent. Aucun des membres de ma famille sur ces photos n’a jamais participé à une quelconque activité militaire », a-t-il affirmé.

Traduit de l’anglais (original).

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