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Émotion en France et en Algérie après le décès de Pierre Audin

Le fils du militant Maurice Audin, assassiné par l’armée française en 1957, s’est éteint dimanche 28 mai. Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient
Pierre Audin a assisté en juin 2022 à l’inauguration du buste de son père, place Audin à Alger, à la veille de la commémoration du 65e anniversaire de sa disparition, et a obtenu son passeport algérien (AFP/Ryad Kramdi)
Pierre Audin a assisté en juin 2022 à l’inauguration du buste de son père, place Audin à Alger, à la veille de la commémoration du 65e anniversaire de sa disparition, et a obtenu son passeport algérien (AFP/Ryad Kramdi)
Par MEE

« Il œuvra pour que la France reconnaisse qu’elle avait assassiné son père. Au-delà, il fut un amoureux de l’Algérie et un grand militant antiraciste. Adieu Pierre. »

Dès l’annonce du décès de Pierre Audin, dimanche 28 mai dans la soirée, ceux qui voulaient lui rendre hommage, à l’instar de Dominique Sopo, président de l’association SOS Racisme, ont publié sur les réseaux sociaux des témoignages touchants sur l’homme et le militant.

Pierre Audin est le fils de Maurice Audin, professeur de mathématiques, membre du Parti communiste français et militant pour l’indépendance de l’Algérie. Arrêté par les parachutistes du général Massu en juin 1957, il disparaît. Jusqu’à aujourd’hui, son corps n’a jamais été retrouvé.

Aujourd’hui, son assassinat ne fait plus aucun doute : le premier à avoir évoqué cette piste a été l’historien Pierre Vidal-Naquet en 1958. En 2014, l’enregistrement d’une conversation entre le général Aussaresses, bras droit de Massu pendant « la bataille d’Alger » , et le journaliste Jean-Charles Deniau est rendu public. Aussaresses y confesse que l’armée a tué Maurice Audin.

Deux reconnaissances, en 2014 et 2022

En juin 2014, le président français François Hollande a reconnu officiellement que le militant « est mort durant sa détention ».

Emmanuel Macron ira plus loin en septembre 2018, « au nom de la République française », en disant que le jeune mathématicien communiste Maurice Audin a été « torturé à mort, ou torturé puis exécuté par l’armée française » en 1957. 

Pierre Audin a assisté en juin 2022 à l’inauguration du buste de son père, place Audin à Alger, à la veille de la commémoration du 65e anniversaire de sa disparition, et a obtenu son passeport algérien.

« J’avais un mois et demi. J’ai 65 ans aujourd’hui. Et lorsque le président est venu chez ma mère, j’avais déjà 61 ans et j’étais déjà à la retraite. Donc j’étais à peine né quand ça avait commencé et quand le pouvoir français a accepté de reconnaitre ce qu’il avait fait dans le cas de Maurice Audin, j’étais déjà à la retraite… il y avait une vie qui était passée quoi », avait-il déclaré à l’époque.

« Quelles ont été les circonstances exactes de la disparition de Maurice Audin ? Où se trouvent son corps et ceux des nombreux combattants pour l’indépendance de l’Algérie et civils victimes de disparitions forcées ? Quand les historiens pourront-ils enfin accéder sans entraves à toutes les archives, sur ce sujet et sur tous les autres ? » s’est interrogée l’Association Josette et Maurice Audin dans un communiqué publié à l’occasion du décès, en se disant « plus que jamais déterminée à poursuivre cette quête pour que toute la lumière soit faite sur ‘’l’affaire Audin’’ et sur tous les crimes commis à l’époque au nom de l’État, en Algérie comme en France ».

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