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Selon un rabbin israélien controversé, le séisme en Turquie et en Syrie est une manifestation de la « justice divine »

Selon Shmuel Eliyahu, Dieu a puni les pays touchés par la catastrophe pour les mauvais traitements qu’ils auraient infligés au peuple juif
Le rabbin Shmuel Eliyahu en 2019 (Wikicommons)
Par MEE

Un rabbin israélien controversé a suscité l’indignation après avoir affirmé que le tremblement de terre dévastateur qui a frappé la Turquie et la Syrie lundi 6 février relevait de la « justice divine ».

Shmuel Eliyahu, qui est le grand rabbin de Safed, dans le nord d’Israël, figure influente du mouvement nationaliste religieux israélien, réputé proche du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, a affirmé que Dieu punissait les pays touchés par la catastrophe pour les mauvais traitements qu’ils auraient infligés au peuple juif.

« Dieu juge toutes les nations autour de nous qui ont voulu envahir notre terre et nous jeter à la mer », a écrit Eliyahu dans un éditorial publié vendredi dans un hebdomadaire de la droite religieuse conservatrice, Olam Katan.

Le Liban, enfer sur Terre

Au moins 30 000 personnes ont été tuées dans le tremblement de terre dévastateur de magnitude 7,8 de lundi, un bilan qui pourrait « doubler » selon l’ONU.

Dans sa chronique, Shmuel Eliyahu a affirmé que la Syrie avait « maltraité ses résidents juifs pendant des centaines d’années, envahi Israël à trois reprises, tiré pendant des années sur les fermiers qui vivaient au pied du plateau du Golan, maltraité des captifs et pendu [l’espion israélien] Eli Cohen. »

Il a également pris pour cible le Liban, qui a été secoué par le séisme et fait face à une écrasante crise financière, en écrivant : « Il ne fait aucun doute que le pays, qui était autrefois la ‘’Suisse du Moyen-Orient’’, est devenu l’enfer sur Terre, et de telles choses n’arrivent pas par hasard. »

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Quant à la Turquie, où a été localisé l’épicentre du tremblement de terre, il a écrit : « Nous ne savons quels comptes le Ciel a à régler avec la Turquie, qui nous a calomniés dans tous les domaines possibles, mais si Dieu révèle qu’il va porter des jugements sur nos ennemis, nous savons que tout ce qui arrive sert à nettoyer le monde et à le rendre meilleur. »

Shmuel Eliyahu, qui est le père du parlementaire de droite et ministre israélien du Patrimoine Amihai Ben-Eliyahu, a suscité à plusieurs reprises la controverse pour ses propos anti-palestiniens et anti-arabes, et a été inculpé pour incitation au racisme.

En 2008, il a appelé le gouvernement à mener une « vengeance approuvée par l’État » contre les Arabes afin de restaurer ce qu’il a décrit comme la dissuasion d’Israël à la suite d’une attaque contre une école juive à Jérusalem.

Et en 2019, il a dit à des adolescents soupçonnés du meurtre d’une Palestinienne en Cisjordanie occupée qu’ils ne devraient pas craindre la prison car c’est là que commence la route vers le pouvoir politique, incitant plusieurs groupes de défense des droits à demander des mesures disciplinaires et des poursuites pénales contre lui.

Depuis le tremblement de terre dévastateur, des dizaines de pays du monde entier ont envoyé des équipes d’aide et de sauvetage en Turquie, y compris Israël.

Les relations entre la Turquie et Israël se sont détériorées en 2011, lorsqu’Ankara a expulsé l’ambassadeur d’Israël à la suite d’un rapport de l’ONU sur le raid israélien de 2010 sur le navire d’aide Mavi Marmara à Gaza, au cours duquel neuf Turcs ont été tués.

En 2016, des relations diplomatiques complètes ont été rétablies et les deux pays ont échangé des ambassadeurs.

À la fin de l’année dernière, le président israélien Isaac Herzog a rencontré le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan dans la capitale turque Ankara, marquant la première visite d’un chef d’État israélien dans le pays depuis 2008.

Traduit de l’anglais (original).

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