Liban : colère après le décès d’une enfant en bas âge refusée par les hôpitaux
Sur les réseaux sociaux, les Libanais s’indignent de la mort de Yasmine al-Masri (1 an), décédée dimanche après s’être vu refuser l’entrée dans quatre hôpitaux dans le nord du Liban.
Selon certaines informations, l’un des hôpitaux a réclamé 1 000 dollars pour traiter l’enfant malade à la suite d’examens préliminaires, une somme que la famille ne pouvait payer. Les autres hôpitaux ont prétexté l’absence d’installations pédiatriques.
Les internautes accusent le gouvernement de fermer les yeux sur le manque de matériel médical dans le pays et les hôpitaux de négocier la vie des gens.
Le ministre de la Santé Firas Abiad est vivement critiqué car les hôpitaux ferment de plus en plus leurs portes aux malades qui ne peuvent payer les soins.
Traduction : « Au Liban, une petite fille prénommée Yasmine est morte après que quatre hôpitaux ont refusé de l’admettre. Certains ont prétexté ne pas avoir de place, d’autres voulaient 1 000 dollars. Est-ce la mission de la médecine ? Tuer une enfant ? Où êtes-vous Monsieur le Ministre @firassabiad ? Pensez à Yasmine et aux patients en cancérologie comme à des cas de coronavirus et publiez une déclaration comme vous le faisiez avant d’être ministre. »
Les internautes blâment également les hôpitaux, accusés de stocker des médicaments et de renvoyer les personnes malades qui ne peuvent payer leurs soins d’avance.
Sur Twitter, quelqu’un raconte : « Les parents [de Yasmine] l’ont emmené à l’hôpital islamique qui a sorti des prétextes. Puis ils sont allés à l’hôpital Nini, puis à l’hôpital al-Mazloom, et puis à l’hôpital du nord : ils voulaient 1 000 dollars. L’enfant est morte. Maudits soient le gouvernement, le président et tout responsable libanais et propriétaire d’hôpital. »
D’autres critiquent l’ensemble du gouvernement qui ne protège pas les pauvres, en particulier alors que le pays souffre d’une crise économique dévastatrice.
Depuis le début de l’effondrement financier au Liban, les hôpitaux sont devenus un luxe pour la majorité des Libanais, le coût des médicaments et opérations crève le plafond, alors que le pouvoir d’achat des Libanais plonge.
La mort de Yasmine n’est pas un cas isolé au Liban. L’année dernière un bébé de 10 mois, Jouri el-Sayyed, était mort parce que les hôpitaux avaient refusé de la soigner, alléguant qu’ils n’avaient pas les médicaments nécessaires.
Traduction : « Une nouvelle dévastatrice. Il y a une guerre contre les pauvres et les appauvris de ce pays de tous les coins. Le premier devoir d’un hôpital est de protéger la vie à tout prix. Pourtant, la vie d’un petit ange a été mise à prix au lieu de recevoir des soins médicaux d’urgence. »
Le grand-père de Yasmine a déclaré au quotidien An Nahar que l’enfant, qui souffrait d’une fièvre élevée, de vomissements et de diarrhée, avait d’abord été emmenée à l’hôpital islamique de Tripoli puis à l’hôpital Nini, mais que tous deux avaient déclaré aux parents qu’ils n’avaient pas de service pédiatrique.
Les parents de Yasmine l’ont ensuite emmenée à l’hôpital Haykel, où le personnel a pratiqué un examen préliminaire avant de réclamer 1 000 dollars à la famille pour procéder à d’autres tests.
N’ayant pas les fonds nécessaires, la famille l’a emmenée à l’hôpital Al Saydeh, où les médecins l’ont informée que Yasmine ne survivrait pas à son transfert à un hôpital de Beyrouth, où elle aurait reçu de meilleurs soins. L’enfant est morte peu après.
L’hôpital Haykel a publié un communiqué affirmant que son équipe médicale avait procédé à des examens et tests préliminaires et informé le père de Yasmine qu’elle devait être admise pour recevoir des soins mais que celui-ci avait décidé de l’emmener dans un autre hôpital, bien qu’il ait été prévenu que sa vie était menacée.
Le ministère de la Santé publique a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du décès de l’enfant.
La famille de Yasmine et les directeurs médicaux des hôpitaux impliqués étaient convoqués au ministère mardi pour contribuer à l’enquête.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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