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En grève de la faim, Hannibal Kadhafi en « état critique »

Le fils de l’ancien dirigeant libyen est accusé dans l’affaire de la mystérieuse disparition d’un dignitaire chiite libanais, Moussa Sadr
Hannibal Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi, le 2 septembre 2009, lors d’une célébration officielle à Tripoli, en Libye (AFP/Mahmud Turkia)
Hannibal Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi, le 2 septembre 2009, lors d’une célébration officielle à Tripoli, en Libye (AFP/Mahmud Turkia)
Par MEE

Hannibal Kadhafi, fils du défunt dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a été transféré d’une prison libanaise à un hôpital dans un « état critique », a rapporté dimanche 2 juillet la chaîne de télévision Al-Hadath, basée à Dubaï.

Hannibal Kadhafi a entamé une grève de la faim le mois dernier pour protester contre son incarcération sans procès depuis 2015.

Citant des sources non identifiées, Al-Hadath a déclaré qu’il avait subi une forte baisse de son taux de sucre dans le sang.

« Réfugié politique » à Oman puis en Syrie

Hannibal Kadhafi a été accusé au Liban d’avoir dissimulé des informations sur le sort de l’imam Moussa Sadr, fondateur du mouvement libanais Amal, un religieux musulman chiite libanais qui a disparu lors d’un voyage en Libye en 1978.

Ses avocats soulignent que ces accusations sont infondées puisque Hannibal avait 3 ans au moment des faits.

Sadr aurait été assassiné avec ses deux compagnons de voyage, le cheikh Mohammad Yaacoub et le journaliste Abbas Badreddine, sur ordre de Mouammar Kadhafi. Après la chute de Kadhafi en 2011, Ahmad Ramadan, un des bras droits de Khadhafi, a confirmé cela lors d’une interview.

Les trois corps n’ont jamais été retrouvés. 

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Lorsque les rebelles soutenus par l’OTAN ont pris le pouvoir en Libye en 2011, Hannibal Kadhafi s’est enfui, tout d’abord en Algérie. Il a ensuite trouvé refuge en tant que « réfugié politique » à Oman avant d’arriver finalement en Syrie.

« Selon des sources des services de renseignement libanais, c’est de ce pays qu’en décembre 2015, il a été attiré au Liban dans le cadre d’un plan élaboré puis kidnappé par des associés d’Amal, qui l’ont apparemment torturé pour qu’il leur fournisse des informations sur le sort de l’imam disparu », a révélé Middle East Eye.

Le 13 janvier 2017, « Hannibal a déclaré que son père était innocent dans l’affaire de l’assassinat de Sadr et a promis de contacter ‘’des personnalités clés qui étaient au pouvoir en Libye à l’époque pour clore l’affaire’’ à condition d’être relâché immédiatement, d’après le journal libanais Al-Akhbar. ‘’Je suis prêt à coopérer dans cette affaire’’, aurait promis Hannibal », toujours selon MEE.

Hannibal Khadhafi a également accusé Abdessalam Jalloud, Premier ministre libyen de 1972 à 1977, d’avoir comploté en vue de l’enlèvement et de l’assassinat de Sadr, et a impliqué dans l’affaire Moussa Koussa, ancien ministre libyen des Affaires étrangères et ancien chef des services de renseignement. Tous deux sont toujours en vie : ils n’ont pas encore répondu à ses allégations.

Jalloud est le dernier chef encore vivant de la révolution de 1969 en Libye et a été le deuxième membre le plus puissant du régime pendant deux décennies avant de tomber avec Kadhafi. Koussa, comme Jalloud, a fui pendant le soulèvement de 2011.

Détrounement d’un avion pour libérer Hannibal

Le frère de Hannibal, Saïf al-Islam Kadhafi, avait, le 10 juin, alerté sur la détérioration de la santé de son frère, dénonçant le fait qu’il « était en prison injustement et sans aucun procès ».

En novembre 2021, Médiapart a révélé que les enquêteurs sur l’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy s’étaient intéressés à des personnes citées dans l’affaire et soupçonnées « d’avoir pris part à un projet fou : faire sortir de prison Hannibal Kadhafi moyennant le paiement de magistrats au Liban, où il est incarcéré ».

Le but ? « Obtenir de lui, en contrepartie, des déclarations d’innocence au profit de Nicolas Sarkozy », affirmait le média.

En décembre 2016, des partisans kadhafistes ont détourné vers Malte un avion d’Afriqiyah Airways reliant les villes libyennes de Sebha et Tripoli en exigeant, entre autres, la libération immédiate de Hannibal Kadhafi. Le détournement s’est achevé sans victimes et les pirates de l’air se sont rendus.  

Hannibal Kadhafi est aussi connu pour ses frasques du temps de la puissance de son père, comme l’a rappelé MEE : « En 2001, il s’est battu avec des policiers à Rome. En 2004, il a fait la une des journaux à Paris après avoir roulé en Porsche à 140 km/h et à contresens sur les Champs-Élysées. En 2005, il a été arrêté pour avoir prétendument battu sa compagne enceinte et cassé des meubles dans deux hôtels parisiens. Enfin, en 2008, il a été arrêté et inculpé par les autorités suisses après avoir prétendument battu deux domestiques dans un hôtel de luxe à Genève. »

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