Aller au contenu principal

Nouveau recours au FMI pour le Maroc, en difficile situation économique

Le Maroc fait face à une situation économique difficile en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants et une croissance ralentie
Manifestation de la Confédération démocratique du travail (CDT) contre la cherté de la vie, à Rabat, le 19 février 2023 (AFP/Fadel Senna)
Manifestation de la Confédération démocratique du travail (CDT) contre la cherté de la vie, à Rabat, le 19 février 2023 (AFP/Fadel Senna)
Par MEE et agences à RABAT, Maroc

Le Maroc a officiellement demandé au Fonds monétaire international (FMI) une Ligne de crédit modulable (LCM) de 5 milliards de dollars, dans un contexte de fort endettement du royaume, a indiqué l’institution dans un communiqué

La LMC est un mécanisme de financement qui aide les pays à se prémunir contre des chocs extérieurs grâce à un accès immédiat à des ressources du Fonds, sans conditionnalité a posteriori, rappelle le FMI. 

Selon la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, la solidité des cadres de politique économique et du bilan du Maroc permettent au royaume de permettre de prétendre à ce type de crédit (AFP/Salim Dawood)
Selon la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, la solidité des cadres de politique économique et du bilan du Maroc permettent au royaume de permettre de prétendre à ce type de crédit (AFP/Salim Dawood)

« Compte tenu de la solidité des cadres de politique économique et du bilan du Maroc, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a l’intention de recommander l’approbation d’un accord au titre de la LCM en faveur du Maroc », explique le communiqué publié lundi soir.

Le conseil d’administration du FMI a examiné lundi la demande des autorités marocaines et doit se réunir de nouveau dans les prochaines semaines pour prendre une décision. 

Des bonnes nouvelles du Groupe d’action financière

La demande de Rabat, attendue, survient alors que le pays maghrébin vient de sortir de la liste grise des pays soumis à une surveillance renforcée du Groupe d’action financière (GAFI), organisation de lutte contre le blanchiment. Une sortie dont dépendait l’éligibilité du Maroc à la LCM. 

Cette décision du GAFI survient suite aux conclusions positives contenues dans le rapport des experts du groupe, sanctionnant la visite de terrain au Maroc du 16 au 18 janvier 2023. 

« Cette sortie de la liste grise du GAFI coïncide aussi avec le roadshow entamé à l’international par les autorités monétaires du royaume dans l’optique d’une levée de devises sur les marchés financiers, la première du genre depuis décembre 2021 », note l’hebdomadaire économique marocain La Vie éco. « Ainsi, la sortie du Maroc de cette liste grise devrait impacter positivement la notation de sa dette souveraine et lui permettre d’emprunter des devises dans des conditions optimales.

« Les autorités marocaines entendent traiter la ligne de crédit modulable comme un dispositif de précaution », précise le communiqué.

« Le FMI est disposé à continuer d’aider le Maroc à faire face aux risques découlant d’une conjoncture mondiale très incertaine », conclut-il.

Ces dernières années, le Maroc a eu recours à une autre facilité de crédit, la Ligne de précaution et de liquidité (LPL).

Le royaume chérifien est l’un des pays les plus endettés d’Afrique.

« L’État a besoin de s’endetter non seulement sur le marché intérieur pour combler le déficit budgétaire mais aussi en devises pour parer au déficit abyssal de la balance commerciale, à 312 milliards de dirhams [31 milliards de dollars] pour 2022, presque 23 %-24 % du PIB », remarque l’économiste Najib Akesbi. 

« Le recours à l’emprunt extérieur est aussi le signe qu’il y a des difficultés à s’approvisionner sur le marché intérieur »

- Najib Akesb, économiste

« Le recours à l’emprunt extérieur est aussi le signe qu’il y a des difficultés à s’approvisionner sur le marché intérieur », souligne le spécialiste, qui s’inquiète par ailleurs de « l’opacité » des conditions d’accès, de remboursement et de coût de la LCM. 

Le Maroc fait face à une situation économique difficile en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants et une croissance ralentie.

L’inflation au Maroc navigue autour de 8 % en rythme annuel, alimentée par les répercussions de la guerre en Ukraine, notamment sur le coût des carburants et le transport de marchandises, selon le dernier rapport de la Banque mondiale.

En janvier, la hausse des prix à la consommation s’est accélérée à 8,9 % sur un an, tirée par une flambée des prix alimentaires (+ 16,8 %).

Dans son dernier rapport, le FMI a, début février, revu à la hausse la croissance du pays à 3 % en 2023 contre 1, 25% en 2022. Une hausse justifiée par l’« amélioration de la production agricole et ses impacts positifs sur le reste de l’économie ».

VIDÉO : Les Marocains manifestent contre « la vie chère et la répression » politique
Lire

Le fonds s’attend aussi à « une baisse progressive de l’inflation grâce aux mesures de soutien prévues dans la loi de finances 2023 qui permettront de booster la consommation ».

Mais le FMI a aussi mit l’accent sur les « risques » à même d’impacter l’économie marocaine : la baisse de la demande provenant de la zone euro, la volatilité des produits de base et le resserrement des conditions financières ».

Fin décembre, la Banque centrale du Maroc (BAM) avait dû relever son taux directeur de 50 points de base, à 2,50 %, afin de juguler la forte poussée inflationniste (+ 6,6 % en 2022).  

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].