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Football : le coach Halilhodžić attaqué sur les réseaux sociaux après avoir poussé le Marocain Ziyech à la retraite

Ce n’est pas la première fois que le célèbre entraîneur crée la polémique : à l’époque où il était coach de l’équipe nationale algérienne, il s’était déjà attiré les foudres des supporteurs en écartant Karim Ziani
L’attaquant international de Chelsea, Hakim Ziyech, a pris tout le monde de court en annonçant sa retraite internationale avec le Maroc (AFP/Ben Stansall)

Arrivé dans le costume de favori, le Maroc a quitté la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 dès les quarts de finale, battu par l’Égypte (2-1). Une élimination à l’opposé des objectifs tracés par la Fédération royale marocaine de football (FRMF) à son sélectionneur, le Franco-Bosnien Vahid Halilhodžić.

Dix jours après l’élimination des Lions de l’Atlas de la CAN 2021 et l’onde de choc créée au royaume par la défaite de l’équipe nationale, c’est une autre mauvaise nouvelle qui vient s’abattre sur la sphère footballistique au Maroc.

L’attaquant international de Chelsea, Hakim Ziyech, 28 ans, a pris tout le monde de court en annonçant, mardi au micro de ADSportsTV, sa retraite internationale avec le Maroc.

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Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes se sont dit « choqués » par cette décision, défendant ses qualités techniques et son bilan, pendant que d’autres ont réclamé le départ du coach Halilhodžić ou ressorti des vidéos de l’époque des Guignols de Canal+ où sa marionnette dépeignait un personnage brutal et cruel.

« Je ne reviendrai pas en équipe nationale. C’est ma décision finale. Tout est clair pour moi. Je me concentre sur ce que je fais avec mon club. C’est lui [Vahid Halilhodžić] qui prend les décisions. Vous devez les respecter. Je suis désolé pour les supporteurs », a-t-il déclaré.

Une annonce qui rappelle celle faite à la veille de la CAN 2017, alors qu’il était écarté de la sélection par le technicien français Hervé Renard.

« Avec Hervé Renard, c’est devenu quelque chose de personnel. Tant qu’il est là, je pense à autre chose », avait lancé Hakim Ziyech.

Mais à quelques mois de la première édition de la CAN à 24 équipes en 2019, en Égypte, Hakim Ziyech, auteur d’une saison pleine, ponctuée par une demi-finale en Ligue des champions, s’était naturellement imposé dans la liste des 23 d’Hervé Renard.

À peine l’élimination en huitième de finale face au Bénin digérée, le technicien français, double champion d’Afrique avec la Zambie (2012) et la Côte d’Ivoire en 2015, revenait sur la mise à l’écart de Hakim Ziyech et faisait son mea-culpa.

La vox populi derrière Ziyech

Au micro de RMC Sport, Hervé Renard rendait ainsi hommage au joueur : « Il [Hakim Ziyech] n’y est pour rien, il n’a jamais fait preuve de mauvais caractère, il n’a jamais mal réagi. Au contraire, il est resté impeccable, même s’il n’était bien sûr pas satisfait. Passé un an, mon président m’a dit ‘’Il faudrait qu’on aille le voir, vous voyez la saison qu’il fait’’. J’ai dit oui, sur ses qualités, il n’y a rien à dire, c’est ce qu’il nous faut. On est partis à Amsterdam et au bout de trois minutes de conversation, tout était réglé. Lui avait envie de revenir, il est très attaché à son équipe nationale. Moi j’avais besoin de lui et j’ai reconnu mes erreurs. »

Vahid Halilhodžić a écarté Ziyech pour raisons disciplinaires, le sélectionneur du Maroc reprochant à son joueur « son comportement » lors des stages et des rencontres de la sélection.

À ses yeux, l’ailier de Chelsea ne se comporte pas comme « un joueur d’équipe nationale qui, en tant que chef de file de l’équipe, doit être exemplaire. Vous ne pouvez pas tricher avec l’équipe nationale. Vous êtes 100 % là ou vous ne l’êtes pas », avait-il lâché en septembre 2021 pour expliquer sa décision de se passer de sa star pour les éliminatoires de la Coupe du monde.

Mais si le joueur avait réussi à aplanir les différends avec le prédécesseur de Vahid Halilhodžić, il n’est en revanche pas sûr de connaître le même destin qu’avec Hervé Renard, d’autant plus que le président de la Fédération royale marocaine, Fawzi Lekjaa, faisait preuve d’un soutien inconditionnel à son actuel sélectionneur avant l’entame de la CAN 2021.

Le coach de l’équipe nationale du Maroc, Vahid Halilhodžić, en conférence de presse lors de la CAN, le 3 février 2022 (AFP)
Le coach de l’équipe nationale du Maroc, Vahid Halilhodžić, en conférence de presse lors de la CAN, le 3 février 2022 (AFP)

Dix jours avant le coup d’envoi de la 33e édition de la CAN au Cameroun, interrogé par Radio Mars, le président de la FRMF expliquait à son tour qu’« Hervé Renard avait décidé de laisser au joueur le temps de revenir avec une autre mentalité. Nous pensions que Ziyech serait le joueur qui nous mènerait aux victoires, et pas celui qui attend de recevoir le ballon de ses coéquipiers sans faire le moindre effort ».

Une prise de position qui tranche avec le soutien populaire affiché au joueur par les fans des Lions de l’Atlas, notamment après l’élimination face à l’Égypte en quart de finale.

À un mois des matchs barrages de la zone Afrique, qualificatifs pour la prochaine Coupe du monde au Qatar (du 21 novembre au 18 décembre), Hakim Ziyech est quasi certain de manquer la grande messe du football mondial, en cas de qualification du Maroc.

Écarté du groupe, lâché par sa fédération, Hakim Ziyech s’est retrouvé contraint de prendre une décision radicale et de mettre fin à son aventure commencée en 2015 avec les Lions de l’Atlas.

International espoir en Hollande, il avait fait le choix du cœur et son arrivée dans la tanière des Lions de l’Atlas n’était pas une mince affaire, comme le rappelait Badou Zaki, sélectionneur du Maroc lors de la première convocation de l’ancien ailier de l’Ajax Amsterdam.

« J’ai milité pour le faire venir. Ceux qui connaissent Ziyech savent qu’il peut donner encore plus que le rendement affiché face à la Côte d’Ivoire. Je suis sûr qu’avec un peu plus de travail et un peu plus de patience, il deviendra une légende », précisait, en forme de soutien, le vice-champion d’Afrique 2004.

Une prémonition qui ne se réalisera pas sous l’ère Vahid Halilhodžić. De retour au Maroc, le technicien franco-bosnien, sur lequel les critiques s’abattent depuis ce fameux 30 janvier 2022  et l’élimination du Maroc de la CAN, a reçu des menaces.

« Je ne peux pas convoquer un joueur qui peut exploser le groupe, même s’il s’appelle Lionel Messi. Aimé Jacquet ou Didier Deschamps sont devenus champions du monde en écartant les meilleurs joueurs. Je ne suis pas le premier à faire cela », a rappelé, droit dans ses bottes, l’ex-entraîneur du PSG.

Les vérités de Karim Ziani

Ce conflit avec la star marocaine n’est pas le premier. Lors de son passage en Algérie (2011-2014), Halilhodžić a connu une pareille situation avec la coqueluche des supporteurs algériens de l’époque, Karim Ziani.

Capitaine emblématique de la « génération Oum Dourman » – nom du stade soudanais où s’est joué le match de barrage Algérie-Égypte pour la qualification à la Coupe du monde 2010, se soldant par une victoire de l’Algérie –, le meneur de jeu des Verts n’avait connu qu’une seule sélection, sous l’ère Halilhodžić.

Un seul match a suffi au sélectionneur de l’époque pour mettre une croix définitive sur l’ancien Marseillais. À 29 ans, celui qui avait rejoint les Verts avec les sélections de jeunes a été écarté du onze algérien après seulement un match à Dar es Salam (Tanzanie).

Karim Ziani lors du match Algérie-Angleterre, le 18 juin 2010, pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud (AFP/Philippe Desmazes)
Karim Ziani lors du match Algérie-Angleterre, le 18 juin 2010, pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud (AFP/Philippe Desmazes)

Vahid Halilhodžić n’a pas changé de méthode. Il a réservé à Ziani le même sort que celui qu’a connu le joueur de Chelsea.

Fort d’un contrat en béton, Halilhodžić s’était montré belliqueux et présomptueux, n’hésitant pas à déclarer : « Il y a un joueur vedette, depuis huit ans, il n’a marqué que cinq buts, ce n’est pas normal. Il doit y avoir un problème quelque part », en faisant allusion au meneur de jeu algérien.

Puis, lorsque la mise à l’écart de Ziani a été consommée, il a répondu à un journaliste : « C’est un membre de ta famille, tu es son agent ? » Des propos qui, à l’époque, avaient mis le feu aux réseaux sociaux.

Toutefois, l’émergence de joueurs tels que Islam Slimani (CR Belouizdad), El Hillal Soudani (ASO Chlef) et surtout Ryad Mahrez (Leicester City/D2 anglaise) ainsi que la qualification de l’Algérie pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde 2014 avaient renforcé sa position.

Plus de vingt ans après, Karim Ziani est venu rappeler certaines vérités du football, sur le plateau de la défunte chaîne algérienne El Djazairia One : « Ça me fera toujours mal, toute ma vie… On finit tous, un jour, par sortir de la sélection, mais c’est la manière qui me fait mal. »

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