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Un visa obligatoire pour les Français : le nouveau hashtag tendance venu de la sphère marocaine

La campagne en ligne semble avoir été déclenchée en réaction aux critiques de deux journalistes expulsés du Maroc et à la couverture du séisme du 8 septembre par les médias français
Pour entrer au Maroc, les Français doivent simplement présenter un passeport en cours de validité, qui ouvre droit à un séjour de trois mois sur place, sans visa (AFP/Fadel Senna)
Pour entrer au Maroc, les Français doivent simplement présenter un passeport en cours de validité, qui ouvre droit à un séjour de trois mois sur place, sans visa (AFP/Fadel Senna)
Par MEE

Éternel sujet de discorde entre les pays du Maghreb et la France, le dossier « visas » est de nouveau au centre des discussions sur les réseaux sociaux, à l’initiative de profils marocains.

Au même titre que Paris réclame des visas aux Marocains pour qu’ils puissent entrer en France, des internautes demandent à ce qu’un visa d’entrée soit réciproquement demandé aux Français désireux de se rendre dans leur pays. 

Pour entrer au Maroc, pour l’instant, il leur suffit de présenter un passeport français en cours de validité, qui ouvre droit à un séjour de trois mois sur place, sans visa. 

Tout Français désirant séjourner au Maroc au-delà de trois mois ou d’y occuper un emploi, salarié ou non, doit se faire immatriculer dans les quinze jours qui suivent la date de son entrée et obtenir une autorisation de séjour auprès des autorités marocaines. Cette carte est nécessaire pour l’accomplissement de certains actes de la vie civile : ouverture d’un compte bancaire, établissement de carte grise automobile, etc.

Expulsion de deux journalistes

Mais comment est né le hashtag « imposer un visa aux Français » ? Middle East Eye n’a pas été en mesure de vérifier l’identité de la plupart des tweetos l’ayant diffusé. Mais il semblerait, selon des médias marocains, qu’il ait été créé en réaction aux critiques formulées par deux journalistes français expulsés par les autorités marocaines le 20 septembre.

Quentin Müller, rédacteur en chef adjoint du service international de la revue française Marianne, et Thérèse Di Campo, photographe indépendante, ont été interpellés à leur hôtel à Casablanca par une dizaine d’hommes en civil qui les ont amenés à l’aéroport de la ville, où ils sont restés plusieurs heures dans les locaux de la police judiciaire avant d’être expulsés.

Pendant cinq jours, les deux reporters avaient notamment enquêté sur le roi Mohammed VI et ont rencontré des « personnalités marocaines surveillées ». « C’est pour ça qu’on a été arrêtés, il n’y a pas d’autre explication », a estimé Quentin Müller, qualifiant son arrestation de « purement politique ».

« Ces deux journalistes sont entrés au Maroc en tant que touristes […]. Ils n’ont demandé aucune autorisation et n’ont pas déclaré qu’ils étaient des journalistes. Ils ont été expulsés sur la base d’une décision des autorités administratives, conformément aux dispositions de la loi », a défendu le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas.

Une couverture « partiale et orientée »

Au Maroc, la couverture par certains médias français du séisme qui a frappé le sud-ouest du Maroc le 8 septembre, faisant près de 3 000 morts, a par ailleurs provoqué un très fort mécontentement.

« Des commentateurs marocains ont vivement critiqué la couverture du tremblement de terre par des médias français, la jugeant partiale et orientée contre le roi Mohammed VI », souligne par exemple le site marocain bladi.net.

Le Conseil national de la presse (CNP) a prévenu dans un communiqué avoir adressé une plainte au Conseil de déontologie journalistique et de médiation français (CDJM) à propos de publications parues dans les journaux Charlie Hebdo (dont le roi a été caricaturé comme un monarque surtout préoccupé par sa personne et par l’argent) et Libération (accusé d’avoir fait dans le sensationnalisme en associant un titre et une photo qui n’avaient pas de lien entre eux).

Ces expulsions et l’appel à imposer un visa surviennent sur fond de tensions dans les relations entre le Maroc et la France.

Une vidéo d’Emmanuel Macron dans laquelle il s’est directement adressé aux Marocains pour exprimer son soutien après le séisme, alors que les autorités du pays avaient décliné l’offre française de secours, a suscité l’indignation parmi les internautes marocains, qui ont notamment accusé le président français d’« ingérence ».

La campagne en ligne menée pour demander un visa obligatoire pour les Français comprend notamment une caricature sur laquelle on voit Emmanuel Macron propulsé par un coup de pied donné derrière une porte décorée d’un symbole marocain.

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