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Libye : le Maroc tente de revenir sur le devant de la scène diplomatique

L’ouverture d’une rencontre à l’initiative de Rabat coïncide avec des discussions, à Istanbul, entre le président turc Recep Tayyip Erdoğan et Fayez al-Sarraj
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, préside la rencontre avec les parties libyennes le 6 septembre 2020 à Bouznika (AFP)
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, préside la rencontre avec les parties libyennes le 6 septembre 2020 à Bouznika (AFP)

Des parlementaires représentant les deux camps libyens – le Gouvernement d’union nationale (GNA, reconnu par les Nations unies) à l’Ouest, et un pouvoir à l’Est incarné par le maréchal Khalifa Haftar – poursuivent leur rencontre entamée dimanche à Bouznika, au sud de la capitale marocaine, Rabat.

À l’initiative du Maroc, le « dialogue libyen » réunit deux délégations de cinq députés issus du Haut Conseil d’État libyen et du Parlement de Tobrouk, en présence du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita

« Le royaume est prêt à mettre à disposition des Libyens un espace pour qu’ils puissent discuter, selon leur volonté, et applaudira quel que soit le résultat », a déclaré le chef de la diplomatie marocaine peu avant le début des discussions. Celles-ci se déroulent à huis clos dans un grand complexe touristique de la ville côtière de Bouznika.

Un « consensus pour sauver la Libye »

« Le Maroc n’a pas d’agenda ni d’initiative à présenter », a ajouté Nasser Bourita, en appelant à une « solution par les Libyens, sous l’égide des Nations unies ».

« Le Royaume n’a pas changé sa position en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain », a ajouté le chef de la diplomatie marocaine.

Rien n’a filtré sur la teneur des discussions, mais un communiqué commun publié à la fin de la première journée évoquait « la volonté [des deux parties] à réaliser un consensus pour sauver la Libye et faire cesser les souffrances des Libyens ».

Cette rencontre intervient quelques semaines après la visite au Maroc du président du Haut conseil d’État libyen, Khaled al-Mechri et du président du parlement libyen, Aguila Saleh, à l’invitation du président de la Chambre des représentants du Maroc.

La réunion de Bouznika fait également suite à la visite au Maroc de la représentante spéciale et cheffe de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) par intérim, représentante spéciale adjointe du secrétaire général, Stéphanie Williams, dans le cadre des consultations qu’elle mène avec les parties libyennes et les acteurs régionaux.

L’ouverture dimanche de cette rencontre au Maroc coïncide enfin avec les discussion, à Istanbul, entre le président turc Recep Tayyip Erdoğan et Fayez al-Sarraj, chef du GNA, a indiqué sans autre détail la présidence turque sur Twitter, en publiant deux photos des deux hommes.

Traduction : « Le président turc Erdoğan reçoit le Premier ministre du GNA, Fayez al-Sarraj à Istanbul. »

Durant la rencontre, le président turc « a déclaré que la Turquie continuera de rester solidaire avec le gouvernement légitimement reconnu par l’ONU de Libye, et répété que la priorité de la Turquie est de restaurer la stabilité en Libye sans délai », a indiqué la présidence turque à l’AFP.

Sur fond d’implications étrangères croissantes, la Libye est déchirée depuis 2015 entre deux pouvoirs.

Les deux camps en conflit ont annoncé le 22 août, séparément, un cessez-le-feu et des élections dans ce pays meurtri par les conflits depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

Avant ce cessez-le-feu, l’interférence d’armées étrangères a exacerbé le conflit.

Les principaux pays concernés avaient promis en janvier de respecter l’embargo sur les armes et de ne plus interférer dans les affaires internes libyennes, à l’issue d’un sommet à Berlin.

C’est au Maroc qu’a été conclu le 17 décembre 2015, sous l’égide de l’ONU, l’accord de règlement politique de Skhirat en vertu duquel a été créé le Gouvernement d’union nationale basé à Tripoli. 

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