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Maroc : cinq ans de prison pour un internaute critique envers la normalisation avec Israël

Saïd Boukioud, 48 ans, a été condamné en vertu de l’article 267-5 du code pénal qui punit de six mois à deux ans de prison ferme « quiconque porte atteinte au régime monarchique »
Des Marocains manifestent contre la normalisation des relations avec Israël, à Rabat, le 9 septembre 2022 (AFP/Fadel Senna)
Des Marocains manifestent contre la normalisation des relations avec Israël, à Rabat, le 9 septembre 2022 (AFP/Fadel Senna)
Par AFP

La justice marocaine a condamné un internaute à cinq ans de prison ferme pour offense à la monarchie après avoir critiqué sur Facebook la normalisation diplomatique avec Israël, a indiqué mercredi à l’AFP son avocat. 

Saïd Boukioud, 48 ans, « a écopé lundi de cinq ans de prison en raison de publications sur Facebook où il dénonce la normalisation avec Israël d’une manière qui pourrait être interprétée comme une critique visant le roi », a expliqué son avocat El Hassan Essouni, qui a interjeté appel.

Aux termes de la Constitution, la politique extérieure du Maroc est une prérogative du monarque, en l’occurence Mohammed VI.

« Lourde et incompréhensible »

Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations diplomatiques le 10 décembre 2020 dans le cadre d’un accord tripartite avec Washington.

La décision du tribunal de première instance de Casablanca « est lourde et incompréhensible », a commenté l’avocat, soulignant que si son client avait manifesté son rejet de la normalisation, il n’avait nullement l’intention d’offenser le souverain.

Les faits remontent à la fin de l’année 2020 alors que Saïd Boukioud résidait et travaillait au Qatar

Ce dernier a « supprimé les publications [incriminées] et fermé son compte [Facebook] lorsqu’il a appris qu’il était poursuivi au Maroc », a précisé son avocat.

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Saïd Boukioud a été condamné en vertu de l’article 267-5 du code pénal qui punit de six mois à deux ans de prison ferme « quiconque porte atteinte au régime monarchique ».

Mais la peine est susceptible d’être portée à cinq ans d’emprisonnement si l’infraction est commise en public, « y compris par voie électronique ». 

Les défenseurs des droits humains dénoncent ce texte de loi qui entrave la liberté d’expression et dont la formulation « ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte » à la monarchie.

Depuis leur normalisation diplomatique, les deux alliés s’activent à accélérer leur coopération, essentiellement militaire, sécuritaire, commerciale et touristique.

Mais ce rapprochement tous azimuts ne fait pas l’unanimité au Maroc, surtout depuis l’accession au pouvoir en Israël de courants ultranationalistes.

Si la mobilisation militante a faibli, la cause palestinienne continue de susciter une immense sympathie au sein de la population marocaine.

Lors du discours marquant l’anniversaire de son accession au trône, samedi, Mohammed VI a réitéré « la position inébranlable du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste et des droits légitimes du peuple palestinien ».

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