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La « cocaïne des pauvres » se répand au Maroc

Sa production à partir de résidus de cocaïne rend la PUFA accessible à bas prix, mais ses conséquences sont dévastatrices : addiction, agressivité, violence et délinquance chez les consommateurs, principalement des jeunes
La ville portuaire de Tanger, le 13 août 2018 (AFP)
Par MEE

Une nouvelle drogue bon marché, surnommée la « cocaïne des pauvres », se répand au Maroc, selon plusieurs articles de presse.

La drogue connue sous le nom de « PUFA », ou « l’pouffa » en dialectal, a des répercussions sociales, entraînant notamment la séparation de familles et une augmentation des suicides et des meurtres, explique le site d’information Arabi21.

Facile à se procurer, bon marché (elle coûte entre 7 et 10 dollars le gramme), elle est hautement addictive. Ses effets sont plus puissants mais plus éphémères que ceux de la cocaïne, ce qui pousse ses consommateurs à en multiplier les prises. 

Tayeb Hamidi, chef du syndicat des médecins du secteur privé marocain, explique à Arabi21 que cette drogue est fabriquée à l’aide de résidus de cocaïne mélangés à des produits chimiques, notamment de l’ammoniac, jusqu’à ce que se forme une substance cristalline. Celle-ci peut être inhalée ou fumée.

« Cette drogue dangereuse s’est propagée en Amérique dans les années 80, et dans les années 90, elle s’est propagée à plusieurs pays européens [notamment la Grèce] », précise Hamidi.

« C’est une drogue dangereuse qui se répand rapidement [dans la société] parce qu’elle est bon marché, et met gravement en danger les facultés mentales et physiques de ceux qui l’utilisent, notamment en provoquant des crises d’angoisse accompagnées d’hallucinations, qui peuvent conduire les gens à se faire du mal ou à en faire à autrui. »

La drogue peut en effet entraîner chez ses usagers de l’agressivité, de la violence, des dommages psychologiques et physiques ainsi qu’une hausse de la criminalité.

La drogue est principalement consommée par les jeunes et les adolescents, parfois à proximité des établissements scolaires.

Abdelmajid Qadiri, président de l’ONG marocaine Non aux psychotropes, explique au média Le360 : « Lorsqu’un jeune devient accro, il se met à avoir des frissons [en cas de crise de manque]. Nous avons reçu plusieurs cas dans cet état, ici, au centre. Une fois qu’il a ces frissons, s’il ne consomme pas [de nouveau] cette drogue, il peut commettre l’irréparable. »

Les défenseurs des droits humains tirent la sonnette d’alarme sur la propagation galopante des PUFA et des Marocains ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux appelant le gouvernement à intervenir immédiatement.

Traduction : « Un acte suicidaire et ses effets dangereux. La drogue ‘’Pufa’’ envahit le #Maroc et se répand parmi les couches les plus pauvres. Et des campagnes sociales pour sensibiliser à ses dangers. »

Récemment, les ravages de la pouffa ont été soulevés au Parlement

Interrogé par un député, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a affirmé que la guerre contre les PUFA était une priorité absolue pour son département. Il a souligné l’importance capitale de briser les liens entre la drogue et le crime organisé.

Ces trois dernières années, 200 affaires liées à cette drogue ont été traitées par la justice marocaine. Selon le ministère de l’Intérieur, ces dossiers ont entraîné la saisie d’environ 3 kg de ce dérivé à bas prix de la cocaïne et l’interpellation de 282 personnes.

Au cours de l’année scolaire 2022/2023, les opérations sécuritaires menées aux alentours des établissements d’enseignement ont conduit au traitement de 3 870 affaires, entraînant l’interpellation de 4 286 suspects, selon des chiffres officiels.

Le ministère dit lutter également sur le front de la sensibilisation, notamment des plus jeunes.

La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a procédé, lors de l’année scolaire 2022/2023, à l’organisation de campagnes de sensibilisation dans les établissements scolaires qui ont bénéficié à 713 782 élèves dans 8 675 établissements.

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