Aller au contenu principal

Au Maroc, l’entourage de Mohammed VI cité dans les Uber Files

Selon les documents examinés par le site d’information Le Desk, Uber a fait appel à un cabinet de lobbying pour tenter de convaincre les autorités marocaines de laisser la compagnie s’installer
Lancé durant l’été 2015, Uber Maroc s’est immédiatement attiré les foudres de la préfecture de Casablanca, la capitale économique, qui avait déclaré que ses services étaient tout simplement « illégaux » (Twitter)
Lancé durant l’été 2015, Uber Maroc s’est immédiatement attiré les foudres de la préfecture de Casablanca, la capitale économique, qui avait déclaré que ses services étaient tout simplement « illégaux » (Twitter)
Par Correspondant de MEE à RABAT, Maroc

L’enquête mondiale des « Uber Files », menée par le consortium de médias d’investigation ICIJ, n’a pas épargné le Maroc.

La filiale locale du service de véhicules de transport en commun (VTC) est mentionnée dans les quelque 124 000 documents datés de 2013 à 2017 obtenus par The Guardian et épluchés par le site d’information Le Desk.

Cette enquête internationale montre que l’entreprise a eu recours, dans plusieurs pays, à des pratiques brutales et a « enfreint la loi » pour s’imposer malgré les réticences des politiques et des taxis.

Turquie : Uber a mené « une campagne de lobbying agressive » pour obtenir une licence
Lire

Dans leur enquête, nos confrères racontent comment, au Maroc, « la mauvaise stratégie du géant américain l’a mené à l’échec ».

Lancé durant l’été 2015, Uber Maroc s’est immédiatement attiré les foudres de la préfecture de Casablanca, la capitale économique, qui avait déclaré que ses services étaient tout simplement « illégaux ».

Afin de s’assurer les faveurs des autorités marocaines, le service de VTC avait, bien avant son lancement, fait appel à un cabinet de lobbying, Public Affairs & Services (PASS).

Mais les conseils de celui-ci n’auront pas suffi à pérenniser la présence d’Uber Maroc, qui a jeté l’éponge trois ans plus tard, avant de faire son retour à travers l’application Careem.

Le Desk révèle que le cabinet de lobbying PASS a listé des « personnalités officielless à rencontrer pour faire avancer la cause d’Uber ».

Parmi elles, Mohamed Sajid, le secrétaire général de l’Union constitutionnelle (centre-libéral), ex-ministre du Tourisme et ancien maire de la métropole casablancaise.

Des membres du gouvernement

Le nom d’Abdelali Benamour, à l’époque président du Conseil de la concurrence, est également mentionné.

Ceux de Miriem Bensalah-Chaqroun, influente femme d’affaires et ancienne patronne des patrons, d’Abdelilah Benkirane, alors chef du gouvernement et numéro un du Parti de la justice et du développement (PJD, islamistes), également. 

Celui-ci est présenté comme un « populiste » qui pourrait être convaincu du bien-fondé de la présence d’Uber au Maroc, à travers un argumentaire axé sur « l’impact de l’activité Uber auprès des couches sociales les plus démunies », mais aussi son « image de modernité » et « l’image auprès des États-Unis ».

D’autres membres du gouvernement sont cités.

Notamment Mohamed El Ouafa, que PASS a décrit comme un « politicien, makhzénien [proche du roi], avec une maîtrise relative des dossiers » mais « une faible ouverture d’esprit, démagogique ».

Abdelilah Benkirane, alors chef du gouvernement, est présenté comme un « populiste » qui pourrait être convaincu du bien-fondé de la présence d’Uber au Maroc

« D’autres assertions quelque peu aléatoires portent cette fois-ci sur Moulay Hafid Elalamy », ancien ministre de l’Industrie et du Commerce. Il est présenté comme une personnalité « connue pour avoir le soutien de plusieurs princes ».

« Il est considéré comme l’électron libre du gouvernement, au service des orientations royales », ajoute Le Desk, citant le cabinet de lobbying.

PASS a également listé des figures de l’entourage de Mohammed VI, notamment son secrétaire particulier, Mohammed Mounir Majidi, qui aurait « une réputation de bulldozer sans pitié, privilégiant les intérêts du roi et des siens, sans aucune prise de recul ».

Le cabinet va jusqu’à dire que « ses relations avec d’autres personnalités de l’entourage royal sont rarement au beau fixe, comme l’illustre son bras de fer permanent avec Fouad Ali El Himma », le principal conseiller royal.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].