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Cinq lacs du Moyen-Orient menacés d’assèchement

La hausse des températures et la mauvaise gestion des ressources contribuent à une grave insécurité hydrique et pourraient engendrer des crises écologiques dans toute la région
Comme d’autres lacs de la région, la mer Morte s’assèche en raison de la baisse des apports en eau et de la hausse des températures (AFP)

Le Moyen-Orient est parmi les premiers concernés par la crise climatique mondiale avec des températures qui franchissent fréquemment la barre des 50 °C à certains endroits.

Les températures élevées combinées aux sécheresses connexes, aux régimes pluviométriques erratiques et à la mauvaise gestion de l’environnement risquent d’avoir des conséquences irréversibles sur les paysages naturels et les formations géographiques.

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En première ligne face à ces menaces se trouvent les lacs de la région, qui s’assèchent en raison de l’impact combiné des faibles apports en eau et de l’évaporation de surface.

La mauvaise planification environnementale, comme le détournement des ruisseaux et rivières qui alimentent les lacs, a également eu un impact sur les niveaux d’eau.

Les conséquences ne se limitent pas à une quantité d’eau moindre : des répercussions se font sentir sur les moyens de subsistance tandis que la salinité augmente, entraînant à son tour la disparition des poissons et autres espèces marines.

En raison de l’accroissement démographique à travers la région et de la demande croissante en eau et nourriture, le sort qui attend les lacs de la région pourrait avoir des conséquences dramatiques.

Middle East Eye fait le tour de certains lacs menacés :

Lac d’Ourmia, Iran

Une grande partie du lac d’Ourmia, autrefois plus grand lac du Moyen-Orient, s’est transformée en plaine salée. 

Situé dans le nord-ouest de l’Iran, ce lac salé était autrefois l’une des attractions touristiques les plus importantes du pays et permettait aux pêcheurs locaux de subvenir à leurs besoins. Aujourd’hui cependant, des bâtiments et des bateaux délabrés entourent le lac, en grande partie asséché.

Selon les responsables iraniens, la superficie du lac a diminué de moitié depuis 1990, le changement climatique contribuant au rétrécissement de son bassin hydrographique et à la salinité croissante de l’eau.

À cause du sel, les terres entourant le lac sont impropres à la production agricole, ajoutant encore aux malheurs des habitants.

Le lac d’Ourmia en Iran était autrefois le plus grand du Moyen-Orient (AFP)
Le lac d’Ourmia en Iran était autrefois le plus grand du Moyen-Orient (AFP)

Selon les médias iraniens, le lac, qui abritait autrefois environ 60 000 flamants roses, a connu une baisse de 30 cm des niveaux d’eau rien qu’au premier trimestre 2021 en raison de précipitations plus faibles que prévu.

L’homme contribue aussi à sa disparition : il y a 43 barrages sur les rivières entourant le bassin d’Ourmia qui concourent à la baisse des niveaux d’eau.

La sécurité de l’eau semble être une question de plus en plus importante en Iran et les pénuries sont un facteur déclencheur des manifestations qui ont eu lieu dans la province du Khouzistan, dans le sud-ouest, cet été.

Lac Tuz, Turquie 

Le lac Tuz (« lac de sel ») pourrait bientôt perdre sa qualité d’un des plus grands lacs de Turquie, car des sécheresses régulières affectent les niveaux d’eau.

Situé dans la province de Konya, dans le centre du pays, le lac Tuz a connu une sécheresse ininterrompue au cours des sept premiers mois de 2021, selon la chercheuse Ecmel Erlat.

La hausse des températures et l’irrigation contribuent également à la baisse, a-t-elle indiqué aux médias locaux. 

Des touristes visitent le lac asséché de Tuz. La moitié de la production turque de sel de table provient des usines situées autour du lac (AFP)
Des touristes visitent le lac asséché de Tuz. La moitié de la production turque de sel de table provient des usines situées autour du lac (AFP)

L’assèchement du lac fait des ravages sur la faune : des milliers de flamants roses meurent à mesure que leur habitat devient de plus en plus inhospitalier.

Les chercheurs avertissent que si des mesures ne sont pas prises pour protéger l’écosystème régional, les conditions vont empirer

Mer Morte, Jordanie/Palestine/Israël

La mer Morte plaît aux touristes en raison de sa salinité élevée, qui permet aux nageurs de flotter, et de sa richesse en minéraux.

Certains croient que l’eau a des propriétés curatives, tandis que d’autres la vénèrent pour sa présence historique dans la tradition biblique. 

Enclavé entre la Jordanie, Israël et la Cisjordanie occupée, ce lac salé a également la particularité d’être le point émergé le plus bas de la Terre.

La mer Morte, comme d’autres lacs de cette liste, a rétréci en raison d’un mélange de causes d’origine humaine et environnementale.

Israël, qui occupe la rive palestinienne du lac, a depuis les années 1960 détourné les rivières et les ruisseaux qui l’alimentent pour satisfaire ses propres besoins en eau.

Une doline sur la rive de la mer Morte près du village d’al-Haditha, en Jordanie (AFP)
Une doline sur la rive de la mer Morte près du village d’al-Haditha, en Jordanie (AFP)

Les experts estiment que l’exploitation des eaux du lac pour l’extraction des minéraux favorise aussi la baisse des niveaux d’eau. Les minéraux de la mer Morte sont souvent utilisés dans les cosmétiques et les produits dédiés au bien-être.

La superficie du lac a diminué d’environ un tiers depuis les années 1960, des estimations suggérant que les niveaux d’eau diminuent de plus d’un mètre par an.

Au fur et à mesure de la baisse des niveaux d’eau, des dolines ont commencé à apparaître. Celles-ci détruisent le paysage et sont dangereuses pour les personnes qui marcheraient dessus.

Lac Milh, Irak

Le lac irakien Milh, parfois appelé lac Razzaza, se situe à l’ouest de Kerbala et attirait autrefois des milliers de personnes pour des excursions journalières. Mais le lac ressemble désormais à une terre déserte après un assèchement spectaculaire de ses eaux.

Alimenté par l’Euphrate, les précipitations et les eaux souterraines, le lac Milh offrait autrefois un moyen de subsistance aux Irakiens vivant à proximité. Mais à mesure qu’il disparaît, l’économie locale se contracte d’autant, en particulier le tourisme.

Le lac est maintenant jonché de poissons échoués et de bateaux de pêche abandonnés, et les touristes s’y font de plus en plus rares.

Des bateaux se décomposent sur les rives boueuses du lac Milh, alors que le niveau de l’eau continue de baisser (AFP)
Des bateaux se décomposent sur les rives boueuses du lac Milh, alors que le niveau de l’eau continue de baisser (AFP)

Les politiques de l’eau dans la région ont concouru à la baisse des niveaux d’eau du lac, beaucoup blâmant le ralentissement du débit de l’Euphrate, lequel est dû à des barrages plus en amont en Turquie.

Selon Aoun Thyb, membre du conseil consultatif du ministère des Ressources en eau du pays, dans les années 1990, le ministère irakien de l’Agriculture a tenté de lancer un projet d’élevage de poissons de mer. L’échec de ce projet a entériné la mort du lac. 

Les responsables irakiens ont également déclaré que l’assèchement du lac était dû aux sécheresses fréquentes que l’Irak a connues ces dernières années, et qui pourraient se poursuivre jusqu’en 2026. 

Les efforts pour sauver le lac sont compliqués davantage par l’importante pollution de ses eaux.

Lac de Van, Turquie

Le lac de Van est l’un des plus grands lacs de Turquie et son cadre idyllique au cœur des montagnes de l’Anatolie orientale a aidé à en faire une destination touristique populaire.

S’agissant d’un lac salé, son eau ne sert pas à l’irrigation agricole ni aux consommations humaines, mais les températures élevées ont néanmoins contribué à abaisser ses niveaux de surface.

Un groupe de garçons tente d’attraper du poisson dans le lac de Van, qui s’assèche lentement (AFP)
Un groupe de garçons tente d’attraper du poisson dans le lac de Van, qui s’assèche lentement (AFP)

Les scientifiques préviennent que le lac fait face à une menace existentielle en raison des impacts du réchauffement climatique, avec un taux d’évaporation actuellement trois fois supérieur au niveau des précipitations.

Les experts estiment que si les tendances actuelles se poursuivent, le lac finira par s’assécher complètement. 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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