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Paris « condamne » les appels à réimplanter des colonies israéliennes à Gaza

Lors d’une conférence qui s’est tenue à Jérusalem le 28 janvier, plusieurs personnalités politiques et religieuses israéliennes ont présenté des plans de réinstallation à Gaza et d’expulsion des Palestiniens de l’enclave assiégée
Lors du rassemblement, plusieurs personnalités politiques, dont le ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, ont dansé pour fêter leur projet d’annexion de la bande de Gaza (capture d’écran)
Lors du rassemblement, plusieurs personnalités politiques, dont le ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, ont dansé pour fêter leur projet d’annexion de la bande de Gaza (capture d’écran)
Par MEE

La France a « condamné » lundi 29 janvier la tenue d’une conférence à Jérusalem, à laquelle ont participé une dizaine de ministres israéliens, appelant à la réimplantation de colonies israéliennes dans la bande de Gaza et au départ des Palestiniens de ce territoire.

« Il ne revient pas au gouvernement israélien de décider où les Palestiniens doivent vivre sur leurs terres », a déclaré le ministère des Affaires étrangères français dans un communiqué.

« La France condamne la tenue de [cette] conférence » et « attend des autorités israéliennes une dénonciation claire de ces positions », a indiqué le communiqué du Quai d’Orsay.

« L’avenir de la bande de Gaza et de ses habitants s’inscrira dans un État palestinien unifié vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël », a ajouté le ministère.

Dimanche 28 janvier, s’est tenu l’événement intitulé « Conférence pour la victoire d’Israël – Les colonies apportent la sécurité : retour dans la bande de Gaza et dans le nord de la Samarie [tiers septentrional de l’actuelle Cisjordanie occupée et la bande côtière s’étendant au nord de Tel-Aviv jusqu’au Liban] ».

Quelques milliers d’Israéliens, parmi lesquels des ministres, rabbins, personnalités publiques et parlementaires, ont participé à ce rassemblement au cours duquel le Premier ministre Benyamin Netanyahou a été appelé à réinstaller des colonies dans la bande de Gaza.

Le Premier ministre israélien n’a jusqu’à présent jamais soutenu une relance des colonies à Gaza, déclarant que le projet n’était « pas un objectif réaliste ».

Les participants à cette conférence ont présenté des détails sur les futures colonies proposées, des cartes, les étapes de préparation, et ont appelé les décideurs à soutenir les plans de réinstallation.

Deux jours seulement après le verdict de la Cour internationale de Justice (CIJ) ordonnant à Israël d’empêcher tout acte de génocide à Gaza et de permettre l’acheminement de l’aide dans l’enclave palestinienne, les participants auraient donc tenu pendant l’événement des propos susceptibles violer les ordonnances de la CIJ.

« La peine de mort pour les terroristes »

Le ministre israélien d’extrême droite, chargé de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a notamment appelé à ce que les Palestiniens soient « volontairement encouragés à quitter » la bande de Gaza.

« Nous devons retourner au Gush Katif [ancien regroupement de colonies israéliennes au sud de la bande de Gaza, évacué en 2005 conformément au plan de désengagement de la bande de Gaza] et au nord de la Samarie… », a-t-il affirmé aux participants.

« Si vous ne voulez pas que cela se reproduise pour la septième ou la dixième fois [l’attaque du 7 octobre], nous devons rentrer chez nous et contrôler le territoire, en encourageant l’immigration et la peine de mort pour les terroristes. »

Traduction : « ALERTE : au cours de la première heure, la ‘’Conférence de retour à Gaza’’, à laquelle participent des ministres et des membres du Parlement israélien, présente un plan pour le rétablissement de quinze colonies israéliennes et l’ajout de six nouvelles, là où se trouvaient les communautés palestiniennes récemment détruites. »

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a également fait écho aux déclarations de Ben Gvir, appelant les colons israéliens à partir à Gaza.

« Beaucoup de nos enfants qui ont été expulsés de Gaza doivent revenir en tant que combattants, nous devons nous assurer de revenir en tant que colons », a-t-il insisté.

Daniella Weiss, ancienne maire d’extrême droite de la colonie de Kedumim en Cisjordanie occupée, a également appelé à affamer les Palestiniens afin de les forcer à quitter Gaza.

« Les Arabes vont partir… On ne leur donne pas de nourriture, on ne donne rien aux Arabes, ils devront partir. Le monde les acceptera », a-t-elle déclaré à un journaliste lors de la conférence.

Ben-Gvir et d’autres ministres ont aussi signé une pétition pour « la victoire et le renouveau de la colonie à Gaza ». Le document indique que les signataires s’engagent à « développer des colonies juives pleines de vie à Gaza ».

Ensuite, les participants ont été filmés en train de fêter cette décision en agitant le drapeau israélien et en applaudissant. Après le discours de Ben-Gvir, des participants ont scandé « Mort aux Arabes ».

Itay Epshtain, conseiller spécial basé en Israël pour le Conseil norvégien pour les réfugiés, a partagé sur X une image extraite d’une vidéo dans laquelle Ben-Gvir et Bezalel Smotrich dansent, bras dessus bras dessous.

Pour cet avocat des droits de l’homme, l’image pourrait constituer « une preuve convaincante du non-respect » de la récente ordonnance de la CIJ exigeant de prendre toutes les mesures pour prévenir et punir toute incitation au génocide.

Un porte-parole de la Maison-Blanche a qualifié lundi d’« irresponsable » et « dangereux » l’appel à réimplanter des colonies israéliennes dans la bande de Gaza.

« Nous avons fait savoir clairement qu’il ne pouvait pas y avoir de réduction du territoire de Gaza », a ajouté John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.

Quelque 400 000 Israéliens vivent aujourd’hui en Cisjordanie dans des colonies considérées comme illégales par la majorité de la communauté internationale, aux côtés de 3 millions de Palestiniens.

Israël a retiré ses ressortissants de 21 colonies installées dans la bande de Gaza en 2005. Le territoire abrite 2,4 millions de Palestiniens, dont une grande majorité a été déplacée depuis le 7 octobre.

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