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Aux Pays-Bas, les musulmans sont inquiets pour l’avenir après la victoire de Geert Wilders

Connu pour ses tirades anti-musulmans, le leader populiste néerlandais a remporté la plupart des sièges lors des élections anticipées et pourrait former un gouvernement de coalition
Le parti de Geert Wilders propose un « gel de l’asile » et « une politique d’immigration généralement plus restrictive », ainsi qu’une dérogation aux règles européennes en matière d’asile et de migration (AFP)
Le parti de Geert Wilders propose un « gel de l’asile » et « une politique d’immigration généralement plus restrictive », ainsi qu’une dérogation aux règles européennes en matière d’asile et de migration (AFP)
Par MEE

Le Parti pour la liberté (PVV), d’extrême droite et anti-islam, a remporté une victoire spectaculaire aux élections législatives néerlandaises, terminant bien devant son plus proche rival, une alliance de gauche composée de Verts et de sociaux-démocrates.

Le parti dirigé par Geert Wilders remporte 37 des 150 sièges du Parlement, soit plus du double que lors du scrutin de 2021, selon des résultats presque complets. 

La nouvelle de la victoire va non seulement ébranler la société néerlandaise et enhardir d’autres partis d’extrême droite à travers le continent, mais elle est également une source d’inquiétude majeure pour les musulmans du pays.

Geert Wilders s’est engagé à être un « Premier ministre pour tous », mais pour ce faire, il devra convaincre d’autres partis de rejoindre une coalition et d’obtenir les 76 sièges nécessaires pour obtenir une majorité.

Le politicien d’extrême droite s’est présenté sur une liste anti-immigration, promettant de fermer les frontières du pays. Il a également promis de suspendre son précédent engagement d’interdire le Coran, le livre sacré musulman.

Cette promesse ne contribue cependant pas à apaiser les craintes de la communauté musulmane du pays.

Les organisations islamiques et marocaines aux Pays-Bas ont exprimé leur choc et leur consternation face aux premiers résultats.

« La détresse et la peur sont très grandes », a déclaré Habib el-Kaddouri, d’une association néerlando-marocaine, s’adressant aux médias néerlandais locaux.

« Wilders est connu pour ses idées sur les musulmans, [notamment] les Marocains. Nous avons peur qu’il nous présente comme des citoyens de seconde zone », a-t-il ajouté.

« Je m’inquiète pour ce pays »

Les membres de la communauté musulmane craignent désormais pour leur avenir dans le pays.

« Tout le monde parle de sécurité sociale, mais je ne sais pas si nous l’aurons toujours », a déclaré Muhsin Koktas, à la tête d’une organisation qui fait pression sur le gouvernement au nom des musulmans, à l’occasion d’une interview avec les médias locaux.

« Je ne sais pas si les musulmans sont encore en sécurité aux Pays-Bas. Je m’inquiète pour ce pays », a-t-il déclaré, ajoutant que « de toute façon, une période très difficile commence pour les musulmans ».

Des personnalités d’extrême droite à travers l’Europe, dont le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, Matteo Salvini en Italie et l’AfD en Allemagne, se sont précipitées pour féliciter le leader du PVV.

En France, Marine Le Pen, députée du Rassemblement national (RN), estime que cette victoire « démontre que de plus en plus de pays au sein de l’Union européenne contestent son fonctionnement et souhaitent maîtriser une immigration qui est considérée par beaucoup de peuples comme massive et anarchique ».

Les chefs des trois autres plus grands partis néerlandais ont tous déclaré qu’ils ne siégeraient pas dans un cabinet dirigé par le PVV. Mais étant donné l’ampleur du mandat obtenu par Wilders, ils pourraient subir des pressions pour donner à son parti une chance de gouverner.

En 2016, Wilders, 60 ans, a été reconnu coupable de discrimination après avoir traité les Marocains de « racailles ».

« Nous voulons moins d’islam aux Pays-Bas et nous y parviendrons grâce à : moins d’immigration non occidentale et l’introduction d’un arrêt général de l’asile » affirme le manifeste du parti.

Geert Wilders a également promis dans le passé d’arrêter la construction de nouvelles mosquées, d’interdire le port du foulard islamique dans les bâtiments gouvernementaux et a comparé l’islam à une idéologie totalitaire qui devrait être interdite.

Traduit de l’anglais (original).

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