Sept remèdes antiques à base de plantes issus du monde arabe
Depuis l’aube de l’humanité, les plantes sont utilisées pour soigner. Il existe des preuves de traitements à base de plantes en Mésopotamie et en Égypte pour soigner les malades des milliers d’années avant la naissance de la médecine moderne.
De fait, les fouilles archéologiques suggèrent que les plantes sont utilisées à des fins médicinales depuis environ 60 000 ans.
Il est prouvé que les plantes étaient utilisées comme médicaments par les Sumériens en 3 000 avant notre ère. Des prescriptions de remèdes aux plantes ont été gravées en écriture cunéiforme sur une tablette d’argile découverte en 1960.
On trouve d’autres traces écrites sur le papyrus Ebers datant de 1 500 avant notre ère, qui témoigne de l’utilisation de l’aloe vera pour soigner les affections cutanées et mentionne le miel pour ses propriétés antibactériennes.
Les premières pharmacies ont été créées à Bagdad au VIIIe siècle, vendant des plantes médicinales sous forme de thés, onguents et sirops.
Si les peuples de la Préhistoire et de l’Antiquité n’en connaissaient peut-être pas les mécanismes, de nombreux indices suggèrent que ces remèdes pourraient avoir été des traitements efficaces.
Aujourd’hui, environ 40 % des produits pharmaceutiques sont dérivés d’ingrédients actifs présents dans les plantes, et des millions de personnes à travers le monde continuent d’utiliser des plantes non transformées pour traiter des maux allant du rhume à l’arthrite.
Un projet d’inventaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a répertorié jusqu’à 2 600 plantes médicinales indigènes à la Palestine occupée et Israël, beaucoup d’autres sont actuellement étudiées pour déterminer à la fois leurs propriétés curatives et leur innocuité.
Selon d’autres informations, il existerait entre 250 et 290 espèces de plantes indigènes aux pays arabes déjà utilisées dans les traitements médicaux.
Néanmoins, les médecines traditionnelles, systèmes de santé enracinés dans des pratiques culturelles anciennes, sont parfois controversées car les traitements n’ont pas subi les mêmes tests rigoureux que les produits pharmaceutiques et que la réglementation est floue.
Avant d’utiliser des remèdes à base de plantes pour se soigner, il faut consulter au préalable des professionnels de santé pour s’assurer qu’il n’existe pas d’alternatives plus efficaces disponibles.
Middle East Eye revient ici sur sept des remèdes les plus populaires dans le monde arabe :
Nigelle
D’apparence humble, la graine de nigelle est plus grosse que la graine de pavot et a un goût poivré distinct qui peut laisser une sensation de brûlure dans la bouche.
Le prophète Mohammed aurait dit que cette graine, appelée habbat al-baraka en arabe, constituait un remède pour toutes les maladies, hormis la mort. Un stock a été trouvé dans la tombe de Toutankhamon, ce qui suggère que les anciens Égyptiens connaissaient également ses propriétés curatives.
Ibn Sina, médecin du Xe siècle connu sous le nom d’Avicenne en Europe, expliquait que cette graine était un expectorant, ou un médicament qui décongestionne en éliminant le mucus, nettoyant ainsi le corps des blocages.
La plante est indigène au Moyen-Orient, et ses graines sont censées stimuler l’immunité, aider à la digestion et agir comme un remède traditionnel pour les maladies respiratoires.
Camomille
La fleur de camomille, babounej en arabe, est surtout connue pour son utilisation dans les thés censés soulager l’anxiété et aider à se détendre avant de dormir.
Toutefois, elle peut faire plus que vous apporter le repos : elle a également des propriétés anti-inflammatoires, antiseptiques et antispasmodiques qui peuvent être utilisées pour soulager les symptômes du rhume et les maux intestinaux.
La plante est originaire de certaines régions d’Europe et du Moyen-Orient, et son utilisation est documentée dans des sources de l’Antiquité grecque, romaine et égyptienne.
Abu Yusuf Ya’ub ibn Ishaq al-Kindi, médecin irakien du Xe siècle mieux connu sous le nom d’al-Kindi, suggérait d’utiliser la fleur comme compresse locale (appliquée sur la peau) pour soulager la rate, le foie et l’estomac. La plante aurait plus d’une centaine de composés actifs bénéfiques pour le corps.
Sauge
Autre plante pouvant être brassée et consommée en boisson chaude, la sauge est considérée comme un traitement du rhume, des maux d’estomac et même de l’inflammation des articulations.
Appelée maryamiyah en arabe, cette plante est originaire du Maghreb et de l’Europe occidentale, mais est largement consommée au Moyen-Orient.
La plante peut être utilisée comme sédatif, stimulant de l’appétit, anticoagulant et pour soulager les gaz et l’indigestion.
Par ailleurs, elle est utilisée traditionnellement pour traiter les morsures de serpent et les problèmes de peau.
Les scientifiques ont mené un certain nombre d’études qui suggèrent que cette plante a des propriétés qui peuvent améliorer la fonction cognitive et servir à retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Anis
Appelé yansoun en arabe, l’anis est utilisé pour calmer la congestion thoracique ou la toux. Il est cultivé dans une vaste région qui s’étend de l’Europe occidentale au Japon et englobe le Moyen-Orient.
L’anis est mentionné comme médicament dans les textes de l’Ancienne Égypte et sert d’ingrédient dans les biscuits du Moyen-Orient, leur donnant une saveur distinctive rappelant la réglisse.
Consommé sous forme de thé, il soulagerait les problèmes respiratoires, les douleurs abdominales et les coliques chez les enfants, entre autres avantages.
Il est également parfois mâché brut pour rafraîchir l’haleine dans certaines régions du Moyen-Orient, en raison de ses propriétés antibactériennes.
Le médecin persan Ibn Sina recommandait un mélange d’anis broyé et d’huile de rose pour traiter les douleurs à l’oreille.
Mélasse de grenade
Connue sous le nom de dibs rouman en arabe, la mélasse de grenade est un sirop épais et acidulé, dont on ajoute souvent un filet sur les salades et plats de viande pour apporter une touche d’acidité. Puissant anti-inflammatoire et antioxydant, elle peut également être appliquée localement, par exemple, sur les lèvres pour lutter contre les boutons de fièvre et réduire les inflammations.
Le grenadier est un grand arbuste à feuilles caduques qui pousse bien à travers le Moyen-Orient, l’Iran est quant à lui le plus grand producteur mondial de son fruit.
La mélasse, fondamentalement un concentré de jus de grenade, est connue pour aider les personnes souffrant de calculs rénaux et elle aiderait à décomposer les graisses. En tant qu’ingrédient, elle est utilisée en sauce et dans les ragoûts, en particulier en Irak.
La peau du fruit de la grenade (écrasée et bouillie) est également considérée comme un traitement miracle pour l’indigestion et, disent certains, pour les maladies cardiaques.
Thym
Peut-être mieux connu comme garniture sur le man’ouché et autres pâtisseries, cette herbe indigène au Moyen-Orient a bien plus à offrir.
Le thym est l’une des plantes sauvages les plus importantes sur le plan économique au Liban. Connu sous le nom de za’atar en arabe, il a été utilisé pour traiter des affections telles que les maux de gorge et la toux, et lorsqu’il est bouilli comme un thé, c’est un agent vermifuge.
Les Sumériens l’utilisaient comme antiseptique et al-Kindi s’en servait pour traiter les infections bactériennes.
Une herbe censée ressembler au za’atar est mentionnée dans les sources égyptiennes anciennes et elle est également mentionnée dans la Bible hébraïque pour son utilisation dans les rituels.
Chargé d’antioxydants, le thym serait aussi efficace contre les inflammations et allergies.
Myrrhe
La myrrhe est surtout connue dans l’histoire biblique comme l’un des trois cadeaux offerts à Jésus à sa naissance, avec l’encens, qui appartient à la même famille.
Les deux résines proviennent des arbustes de l’espèce Boswellia qui poussent à Oman et en Somalie. La résine recueillie dans les arbustes se durcit en une structure rocheuse – qui peut ensuite être brûlée sous forme d’encens ou trempée dans de l’eau pour être ingérée comme boisson. Son goût distinct lui a donné son nom de murrah, ce qui signifie amer en arabe.
Abu Bakr Muhammad ibn Zakariya al-Razi, connu sous le nom de Rhazès en Occident, était un clinicien iranien du Xe siècle qui utilisait la myrrhe pour traiter également les affections des reins et de la vessie, et pour soulager les gonflements de l’estomac. La résine aurait des propriétés antiseptiques et astringentes.
En teinture, la myrrhe peut être diluée et utilisée comme rince-bouche pour apaiser les ulcères de la cavité buccale. Administrée sous forme de granules, elle peut aider à soulager l’inconfort causé par les poussées dentaires chez les tout-petits.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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