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​Sahara occidental : tirs et guerre médiatique entre le Front Polisario et le Maroc

Les indépendantistes du Front Polisario ont menacé dimanche le Maroc d’une « escalade » militaire après avoir bombardé le poste frontalier de Guerguerat
Position militaire marocaine à Guerguerat, zone démilitarisée placée sous la tutelle d’une force d’interposition de l’ONU (AFP)
Position militaire marocaine à Guerguerat, zone démilitarisée placée sous la tutelle d’une force d’interposition de l’ONU (AFP)
Par MEE

Des « tirs de harcèlement » pour Rabat. Un « fake news » pour le site Le360. « Une sévère mise en garde » pour Sidi Ould Oukal, un haut responsable de la Sécurité et porte-parole du ministère de la Défense de la République arabe sahraouie démocratique (RASD),  proclamée en 1976 par les indépendantistes.

Les tensions ont repris ce week-end au poste frontalier de Guerguerat sous contrôle marocain dans le territoire disputé du Sahara occidental.

Samedi soir, les forces du Front Polisario ont annoncé avoir lancé quatre missiles en direction de Guerguerat, localité située sur l’axe routier – et le seul existant – vers la Mauritanie. 

Elles ont aussi revendiqué des attaques le long du mur de sable érigé par le Maroc qui sépare les combattants sahraouis des forces marocaines dans ce vaste territoire désertique disputé depuis le départ des colons espagnols.

« Depuis deux jours, nous avons frappé au cœur même du Maroc et nous affirmons que nous n’avons pas de velléités expansionnistes, mais nous frapperons dans tous les lieux où se trouve l’Armée royale, soit en territoire sahraoui, soit en dehors de ce territoire », a déclaré Sidi Ould Oukal, pour qui « la guerre va continuer et aller vers l’escalade ».

Le Polisario se dit « en état de guerre de légitime défense » depuis que le Maroc a envoyé le 13 novembre des troupes à l’extrême sud du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole, pour chasser un groupe de militants sahraouis qui bloquaient la seule route vers la Mauritanie voisine.

« La situation est normale »

Côté marocain, les médias nuancent la situation. La télévision marocaine 2M a diffusé un reportage avec des images et témoignages de routiers recueillis dimanche dans la zone de Guerguerat.

« Malgré les harcèlements sans incidents des milices du Polisario, la situation à Guerguerat, comme dans l’ensemble du Sahara marocain, est calme et normale », a précisé un haut responsable marocain à l’AFP de Rabat. 

« Il y a une volonté de créer une guerre de propagande, une guerre de médias, sur l’existence d’une guerre au Sahara », mais « la situation est normale », a-t-il assuré.

Les troupes marocaines sont restées depuis déployées dans cette zone démilitarisée placée sous la tutelle d’une force d’interposition de l’ONU, afin de « sécuriser le trafic routier » sur cet axe commercial menant vers l’Afrique de l’Ouest.

Selon des médias mauritaniens, l’« état d’alerte général » a été déclaré, rapporte Yabiladi. Selon ce site d’informations, une roquette serait tombée à côté d’un poste frontière gardé par une unité de la gendarmerie mauritanienne, mais sans faire de victimes.

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Toutes les positions de l’armée marocaine sont des cibles », a déclaré à l’AFP Sidi Ould Oukal.

« Ce n’est que le début. C’est un avertissement aux usagers de cette route et de cette terre. Tout le territoire du Sahara occidental est une zone de guerre », a mis en garde le haut responsable de la RASD, avertissant que « ni Guerguerat ni aucun point du territoire sahraoui n’est à l’abri des missiles et obus des combattants sahraouis ».

La question du statut du Sahara occidental, considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc au Polisario.

Celui-ci réclame un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU, tandis que le Maroc, qui contrôle plus des deux tiers du territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté.

Les négociations menées par l’ONU et impliquant le Maroc et le Polisario, avec l’Algérie et la Mauritanie en tant qu’observateurs, sont suspendues depuis 2019.

Le Polisario se dit prêt à reprendre les pourparlers mais exclut de déposer les armes, échaudé par trente ans de statu quo.

« Par le passé, nous avons accordé toute notre confiance à la communauté internationale et avons arrêté le combat armé de manière définitive. Nous avons attendu trente ans. Trente ans de promesses non tenues, de tergiversations et d’attente intenable », a déploré plus tôt cette semaine Sidi Ould Oukal.

Joe Biden attendu

La position du Maroc a, elle, été confortée par la reconnaissance par l’ex-président américain Donald Trump d’une souveraineté marocaine sur la totalité du territoire disputé.

​Avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, les Sahraouis et leurs alliés espèrent que cette « reconnaissance » soit annulée.

« Le legs de Trump est lourd mais nous ne perdons pas espoir puisque la nouvelle administration Biden a exprimé sa volonté de revoir et reconsidérer tout ce qui a été fait par son prédécesseur », a par exemple déclaré à France 24 Mohamed Sidati, représentant du Front Polisario en France.

Le président sud-africain, président en exercice de l’Union africaine (UA), Cyril Ramaphosa, a notamment appelé dimanche le nouveau président américain à annuler la « reconnaissance illégale » de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

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