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Le chef de la gendarmerie du Polisario tué par une frappe de drone marocaine

Selon un forum non officiel de l’armée marocaine, le chef du Polisario, Brahim Ghali, aurait quant à lui « survécu » à la frappe
Addah al-Bendir, au premier plan, un spécialiste du génie militaire, selon le témoignage d’un ancien officier du Polisario (Twitter)
Addah al-Bendir, au premier plan, un spécialiste du génie militaire selon le témoignage d’un ancien officier du Polisario (Twitter)

Le chef de la gendarmerie du Front Polisario (indépendantiste) a été tué par une frappe de drone marocaine dans le territoire disputé du Sahara occidental, a indiqué à l’AFP un haut responsable militaire sahraoui dans la nuit de mercredi à jeudi.   

« Le commandant de la gendarmerie nationale, le martyr Addah al-Bendir, est tombé mardi au champ d’honneur, où il était en mission militaire dans la zone libérée de Rouss Irni, à Tifariti », une localité située au nord du territoire et sous contrôle du Polisario, avait annoncé plus tôt un communiqué du ministère sahraoui de la Défense publié par l’agence de presse officielle SPS, sans autre détail.

L’agence a supprimé le communiqué militaire de son site dans la soirée, sans explication.  

Ce chef militaire, né en 1956 et qui avait rejoint le Front Polisario en 1978, a trouvé la mort « à la suite de l’attaque d’un drone [marocain] », a ensuite précisé à l’AFP un haut responsable militaire sahraoui, sous le couvert de l’anonymat.

« Addah al-Bendir venait de participer à une attaque dans la zone de Bir Lehlou contre le mur », rempart de sable qui sépare les deux camps sur plus d’un millier de kilomètres dans le Sahara occidental, a expliqué le responsable.

« Quelques heures après, à une centaine de kilomètres du lieu de l’attaque contre les Marocains, un drone a tué le chef des gendarmes dans la région de Tifariti. Il est mort en territoire sahraoui libéré », a-t-il ajouté.

« Je viens d’apprendre la nouvelle. Dah al-Bendir est une vieille connaissance et l’un des rares cadres militaires du Polisario ayant un parcours académique […] Il s’est spécialisé dans le génie militaire. De par ses compétences, il est le mieux qualifié pour effectuer des missions d’infiltration à l’est du mur de sécurité évitant les mines et les autres obstacles dressés par les Forces armées royales », a témoigné dans le site d’information marocain Yabiladi Bahi Larbi Ennass, un ancien haut officier dans les rangs de l’armée du Polisario de 1982 à 1992.

Une frappe inédite

Les circonstances de ce décès restent néanmoins confuses, certaines informations non confirmées faisant état d’une frappe de drone dans la région de Touizgui, au sud du Maroc. 

Il n’a pas été possible d’obtenir d’information de source officielle à Rabat.

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C’est la première fois, semble-t-il, que l’armée marocaine a recours à une frappe de drone meurtrière dans le conflit qui l’oppose depuis des décennies au mouvement indépendantiste sahraoui.

Aucune information n’a officiellement filtré sur l’acquisition de drones par le Maroc.  

Pour sa part, le forum Far-Maroc, une page Facebook non officielle des forces armées marocaines, a affirmé que « plusieurs éléments de premier plan » du Polisario, dont le chef de la gendarmerie, étaient « morts », après une opération de l’armée marocaine faisant suite à des « mouvements suspects de leaders du Polisario à l’intérieur des zones tampons ».

Présent, Brahim Ghali, le chef du mouvement indépendantiste, « a survécu » à l’opération marocaine, a ajouté sans autre détail ce forum généralement bien informé. 

Après presque 30 ans de cessez-le-feu, les hostilités entre le Polisario et le Maroc ont repris mi-novembre à la suite du déploiement de troupes marocaines dans une zone tampon de l’extrême sud du Sahara occidental pour en déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route commerciale vers l’Afrique de l’Ouest, cet axe routier étant, selon eux, illégal.

Pour la première fois depuis des décennies, des accrochages armés opposent l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) aux forces marocaines, selon le ministère de la Défense de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

L’ALPS revendique quotidiennement des attaques « visant les positions des forces d’occupation marocaines le long du mur de sable », ainsi que des pertes humaines et matérielles marocaines, sans qu’il soit possible d’en vérifier l’authenticité de source indépendante.

Le Polisario, qui a proclamé la RASD en 1976, continue de réclamer la tenue d’un référendum prévu par l’ONU au moment de la signature du cessez-le-feu entre les belligérants en 1991.

Le Maroc, qui contrôle environ 80 % de ce vaste territoire désertique riche en ressources minières et halieutiques, ancienne colonie espagnole, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. 

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